17 - Retrouvailles

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Toujours aussi sombre. Toujours aussi peu d'oxygène. La partie avant du Stockholm ne différait en rien de celle qu'Ellie venait de fuir. Les poumons de la jeune femme peinaient à suivre la cadence ; elle avait l'impression de réaliser l'ascension du mont Everest avec en prime un yéti à ses trousses. Par ailleurs, elle réalisait trop tard qu'elle connaissait mal ce secteur du vaisseau. Si elle s'était appliquée à mémoriser la zone frontière pour préparer sa fuite, elle n'avait en revanche pas beaucoup anticipé la suite.

Après avoir fait fausse route et rebroussé chemin plusieurs fois, elle finit par arriver dans la cabine de pilotage tant convoitée. C'était plus spacieux qu'elle ne l'avait imaginé. Il y avait une large console de navigation faite pour accueillir au moins trois membres d'équipage, de multiples écrans y compris sur les murs, et une machine à café dont la présence aussi incongrue que logique aurait tiré un rire la jeune femme, dans d'autres circonstances.

Deux choses manquaient pourtant. Cette cabine de pilotage était une pièce aveugle, elle n'offrait aucune perspective sur l'extérieur. Depuis sa montée à bord, Ellie mourait d'envie d'avoir un aperçu de l'immensité de l'espace qui l'environnait, voir les étoiles de ses propres yeux pour sentir qu'il y avait un espoir infini au-delà de cette carcasse de métal. Mais cette salle de pilotage close ne faisait au contraire qu'accentuer son sentiment d'oppression, comme si le monde en dehors du Stockholm avait cessé d'exister. Ce qui restait de son univers était sombre, froid et menaçant.

La seconde chose qu'elle aurait voulu trouver ici, c'était Luc. Elle s'attendait à le voir enchaîné aux commandes, prêt à appliquer les ordres de Seth avec docilité. Sans l'aide du jeune homme, elle doutait de pouvoir se montrer bien utile.

Elle s'approcha des écrans pour confirmer qu'aucun miracle n'aurait lieu, les lignes de code successives ne lui évoquaient rien de plus concret qu'un sérieux mal de crâne. A croire que les développeurs de ce système avaient pris un malin plaisir à complexifier les choses de sorte que seuls les initiés tels qu'eux pourraient naviguer sur cet océan de jargon technique.

— Luc ! cria-t-elle en désespoir de cause.

Tant pis si Seth la repérait, elle n'avait pas d'autre option de toute façon. Elle répéta le nom du jeune homme plusieurs fois, de plus en plus fort, jusqu'à ce qu'une faible réponse se fasse entendre au loin.

— Ellie, je suis là ! s'égosilla une petite voix qui résonnait dans les coursives.

La jeune femme suivit les appels au bout du couloir et s'arrêta devant une porte qui refusait de coulisser.

— Luc ! Luc ! Comment je fais pour ouvrir ? tambourina-t-elle.

— Le panneau de contrôle est désactivé de mon côté, que dit le tien ?

— Ça me demande un mot de passe chiffré, informa-t-elle en testant quelques combinaisons au hasard pour prendre les devants.

— C'est Seth qui a validé un code en m'enfermant, comprit le captif. Le seul moyen de le contourner, c'est en passant par le système général depuis la cabine de pilotage.

— Explique-moi ce que je dois faire.

— C'est complexe, tu retiendras jamais la procédure. Il faut que tu prennes de quoi noter.

— Ok, je me dépêche.

La jeune femme repartit en arrière vers la cabine de pilotage tout proche. L'éclairage fourni par les nombreux écrans lui permettrait au moins de procéder à une fouille efficace. Elle trouva au premier coup d'œil une pile de documents imprimés sur une seule face qui ferait l'affaire, mais la quête d'un stylo lui donna un peu plus de fil à retordre.

StockholmOù les histoires vivent. Découvrez maintenant