4 - Capitaine Falco

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— Je vois que t'as de la compagnie au moins pour ce long voyage, nota Barkha en observant de loin le blondinet qui accompagnait Falco et qui transpirait à grosses gouttes en chargeant son transpalette.

— Ouais, c'est Luc, le neveu de ma femme. Je l'ai pris comme apprenti pour cette mission, ça lui permettra de payer ses études à son retour.

— Il doit être sacrément motivé le jeunot pour s'infliger un tel job ! Tu préfères pas que je lui trouve un petit boulot ici, sur le marché ?

— Non laisse-le tranquille, je voudrais pas qu'il finisse en prison à tremper dans tes magouilles, refusa Falco avec un œil paternaliste posé sur son neveu, tandis que celui-ci se donnait du mal pour déplacer des caisses trop lourdes pour lui.

— Comme tu veux, céda Barkha. Mais tu as conscience que vous risquez de faire le trajet pour rien ? L'ADICT a annoncé que tout le secteur de Chimaera était dorénavant interdit à la population civile.

L'Armée de Défense Internationale des Colonies Terriennes était le résultat de la première collaboration – étonnamment fructueuse – unissant près d'une centaine de nations tournées vers un objectif commun : assurer la sécurité des Hommes au-delà des limites de la planète-mère. Bien qu'ayant été mise en place dès les débuts de la colonisation, les habitants de la Terre n'entendaient que rarement parler de cette organisation militaire ; les soldats de l'ADICT n'intervenaient que sur les quelques planètes vassales qu'ils avaient à charge de protéger et remplissaient un rôle que l'on aurait pu qualifier de douaniers de l'espace, veillant à une circulation pacifique des personnes et des marchandises entre les colonies.

— Les autorités ont validé mon autorisation de circulation ce matin même, assura Falco. Je m'inquiète pas. En plus, j'ai un joli petit tampon qui certifie que je livre de l'aide humanitaire, ils vont pas m'empêcher de passer et laisser ces malheureux colons crever de faim quand même.

— Je te souhaite qu'il y ait pas de sable dans les rouages et que ça se passe comme prévu. Et à ton retour on prendra le temps de se faire une bouffe ensemble, proposa Barkha, jovial.

— Promis vieux, on fera ça dans deux ans.

— En attendant, j'ai détourné une caisse de whisky distillé et vieilli sur Gallen Tith, une petite merveille. On pourrait s'en ouvrir une dans mon bureau pendant que ton neveu et mes gars finissent de charger la marchandise, qu'est-ce que t'en penses ?

Falco approuva, bien content de déléguer la tâche pour une fois.

Tandis que les deux hommes s'éloignaient vers un local attenant au hangar, un employé de Barkha l'interpella avec un tremblement nerveux dans la voix.

— Dites patron, y'a des animaux dans cette boîte ? questionna-t-il en désignant, à ses pieds, une caisse en bois dont les dimensions rappelaient celles d'un cercueil.

— Le bétail est dehors, vous le chargerez en dernier, s'agaça Barkha.

— Mais je crois que j'ai entendu grogner quand je l'ai faite tomber...

Le regard foudroyant qui fit frissonner l'employé jusqu'aux tréfonds de son être dissuada ce dernier d'ajouter un mot de plus.

Falco réprima un sourire, il avait toujours admiré la poigne de son vieil ami. Lui emboîtant le pas en direction du bureau et de l'armoire à whisky, il jeta un dernier coup d'œil en direction de son neveu occupé à traîner de toutes ses forces un transpalette récalcitrant. Le système d'allègement automatique des charges était encore tombé en panne, cette vieillerie refusait obstinément de fonctionner plus de deux heures d'affilée malgré les nombreuses tentatives de réparation.

StockholmWhere stories live. Discover now