— Attendez ! l'interpella-t-il juste avant qu'elle ne referme la porte.

Elle posa un regard gris perçant sur lui, dans l'attente.

Prenant son courage à deux mains, il lui expliqua alors que son cousin travaillait dans les coulisses du grand marché de Kourou et y tirait quelques ficelles. Il tenta de lui faire miroiter les richesses venues de l'espace qu'il était parfois possible d'escamoter, mais l'argent ne semblait pas être ce qui retint l'attention de la jeune femme.

La surveillante referma la porte de la cellule sans un bruit et attrapa une chaise pour s'asseoir en face d'Holtzman, son regard acéré planté dans le sien.

— Ton cousin, il pourrait réussir à me faire monter en douce sur un vaisseau spatial ? sonda-t-elle le plus sérieusement du monde.

Cette requête fit hausser un sourcil de surprise au détenu. En ces temps troubles, qui pouvait bien vouloir quitter la Terre ? Il fallait être sacrément dérangé pour troquer la sécurité, le confort technologique et l'abondance des ressources accessibles à la population décroissante de cette bonne vieille planète-mère contre les dangers de l'espace indompté, le dépouillement d'une vie de colon livré à lui-même et un avenir des plus incertains. Mais Holtzman garda ses questions pour lui ; il donna à la jolie surveillante l'assurance que son cousin pourrait lui obtenir ce qu'elle désirait. Et que désirait-il en échange, lui ? Survivre... S'échapper de cette prison avant qu'elle ne devienne son tombeau...

Ellie ne lui donna pas de réponse tout de suite, mais elle le laissa sur l'impression qu'elle prendrait son offre en considération. Et puis il n'eut plus de nouvelles pendant cinq longs jours...

Une nuit, presque à l'aube, Holtzman fut tiré d'un sommeil sans rêves par une main plaquée sur sa bouche pour l'empêcher d'appeler au secours. Il crut son heure venue et ne se débattit même pas, acceptant l'inexorable sentence comme ce qui le libérerait enfin du tourment de ses angoisses. Puis il se sentit un peu bête mais soulagé en découvrant le visage d'Ellie penchée sur lui. Lui intimant le silence d'un doigt posé en travers des lèvres, elle le laissa se redresser puis lui jeta un tas de vêtements. Elle avait réussi à se procurer une tenue de surveillant. L'homme s'habilla à la hâte, le cœur tambourinant dans sa poitrine, prêt à exploser à l'idée qu'il serait peut-être bientôt libre.

Une fois affublé de son costume, casquette de surveillant vissée sur la tête et badge clipsé à la poche de sa veste, Holtzman suivit sa complice dans les couloirs endormis du pénitencier. En dehors d'un duo de collègues affairés au bout d'un couloir qu'ils n'empruntèrent pas, ils ne croisèrent personne. Ellie l'entraîna jusqu'au vestiaire des agents où elle avait prévu une autre pile de vêtements civils pour l'homme. Ils se changèrent tous les deux sans traîner, côte à côte dans un silence quasi monacal, puis prirent la direction de la sortie.

Holtzman renfonça sa casquette de base-ball sur son crâne et suivit docilement sa sauveuse en longeant le poste de sécurité. Le gardien sortit le nez de son livre captivant pendant une demi-seconde, le temps d'adresser un signe de tête cordial à ses collègues en fin de service. Leurs badges émirent un bip positif devant la grille de sortie et celle-ci coulissa avec obligeance pour les laisser s'évader en toute tranquillité.

Dans le plus grand calme, les deux complices prirent la fuite à bord d'un vieux modèle de voiture à pilotage automatique. Ellie transmit à l'IA de bord l'adresse d'une usine désaffectée à plusieurs centaines de kilomètres de leur position. Méticuleuse, elle avait tout prévu, le plan s'était déroulé sans accroc.

Après cela, leurs routes se séparèrent. Ellie avait récupéré les coordonnées du cousin d'Holtzman, un certain Barkha Arameda qui avait, paraissait-il, le bras long sur le marché de Kourou. L'évadé reconnaissant était quant à lui parti de son côté, sans doute pour retomber dans les filets de la police peu de temps après.

Voilà comment Ellie San Lucar, surveillante pénitentiaire de vingt-huit ans, s'était retrouvée à somnoler au fond d'une caisse en bois trop petite, baignant au milieu de plusieurs centaines de sachets de rations de survie, et pas vraiment certaine qu'elle arriverait à bon port. 


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J'espère que ce chapitre n'est pas trop confus, je l'ai repris plusieurs fois (et je l'ai encore modifié à la dernière minute avant de le poster) parce que j'étais incapable de me décider sur quels temps utiliser. Les flash-back c'est ma bête noire, je sais jamais par quel bout les prendre pour les raconter 😅


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