GROSSE ET ALORS ? [Tome 2]

28. L'ennemie de mon ennemie est mon... ennemie

Le brouhaha autour de moi est un véritable supplice pour mes oreilles surtout en ce lundi matin. Mon corps réclame les heures de sommeil manquantes, mais il était hors de question de rester à la maison. J'ai passé la moitié de ma nuit à écrire avec une certaine motivation pour conclure mon projet. Nous sommes milieu Octobre et la date de fermeture est le 01 Décembre, ce qui me laisse peu de temps pour apporter une correction.

Le thème du concours est le souvenir, il m'a fallu beaucoup de temps pour réfléchir à ce que je voulais aborder. Plusieurs brouillons traînent sur mon ordinateur, mais cela ne me convenait toujours pas. Pendant les deux dernières semaines, j'avais abandonné mon idée de participer au concours avant que l'inspiration ne revienne brusquement au milieu de la nuit. Deux adolescentes contraintes de faire face à la douleur d'une maladie capable d'effacer les souvenirs.

Je referme la porte de mon casier en soupirant.
J'aurais peut-être dû accepter la proposition de papa et rester à la maison, mais je ne pouvais pas manquer la première étape de notre plan. Clara ne doit pas se douter une seconde de mes véritables sentiments à son égard, je suis une mauvaise menteuse, mais il faut que je le devienne, le temps de rassembler les preuves nécessaires pour renverser la blonde. La perspective de faire semblant ne me plaît pas, mais Ava a raison. Il ne faut pas brûler les étapes et me comporter comme si de rien n'était.

Clara a remporté une bataille, mais certainement pas la guerre. Je suis une combattante, je ne cesserai pas le combat avant de révéler son véritable visage. Je fouille dans la poche de ma veste à la recherche de mes écouteurs afin de les mettre. Encore une seconde à écouter les derniers potins et je fais demi-tour pour rentrer à la maison. Alex et moi échangeons quelques messages, mais nous nous comportons comme si nous étions en froid. Ce n'est pas le cas, mais Clara doit croire que je suis seule et sans défense.
J'enfonce mes écouteurs dans les oreilles puis marche en direction de mon premier cours. Je croise quelques visages familiers, mais personne n'entame une conversation avec moi. Klee est devenue une véritable inconnue, elle est toujours derrière Clara. Nous avions une belle complicité l'année dernière, mais il faut croire que tout le monde change.

― Il y a des nouvelles places disponibles pour rejoindre le club dont je t'ai parlé.
Je dépasse une fille dont la voix couvre celle du chanteur que j'écoute. Pourquoi tout le monde parle-t-il aussi fort ? Je suis sur le point d'augmenter le volume lorsque la conversation dévie sur un détail intéressant.

― Tu parles bien du nouveau club ? Become machin ?

― Ouaip, je parle bien de Become Yourself. Ma candidature n'a pas été retenue, mais la présidente veut me revoir pour apprendre à me connaître. Tu devrais t'inscrire, c'est Clara Cohen qui s'en occupe et elle fait les choses bien.

Les deux filles continuent de parler de Clara avec admiration. La blonde s'est toujours montrée très sociable envers les autres, mais je ne me doutais pas qu'elle camouflait une véritable popularité au sein du lycée. Le club est un moyen supplémentaire de renforcer sa position et éventuellement prendre la place de Julia.

Je ne m'attarde pas dans le couloir et marche en direction des toilettes. Les pièces du plan de Clara s'emboîtent dans mon esprit, mais ce ne sont que des suppositions. Je dépose mon sac dans un coin tout en réfléchissant. Je me sens idiote de ne pas avoir été capable de voir la comédie de la blonde. Je n'éprouve plus la moindre culpabilité au fait de faire semblant devant Clara. Son auréole angélique va disparaître, j'en fais la promesse.

― Difficile d'ouvrir les yeux sur les mauvaises personnes ?

Un frisson s'empare de moi lorsque je me retourne pour faire face à Julia. Je ne me suis jamais retrouvée toute seule en compagnie de mon ennemie, elle pourrait profiter de l'occasion pour m'enfoncer la tête dans les toilettes ou pire encore. Déstabilisée, je recule de quelques pas. Elle remarque mon trouble, ce qui la fait rire. Pourquoi ai-je l'habitude de rencontrer les Hayes dans ces toilettes ?