6. Quand les emmerdes s'invitent à la fête

29 4 0
                                    

Le repas en compagnie de la famille de Nathaniel est d'une douceur appréciable. Il n'est pas question de jugement ou de questions indiscrètes, mais d'une bonne ambiance familiale. Je ne pensais pas me sentir aussi à l'aise au milieu d'un groupe d'inconnus, mais comment ne pas l'être auprès de ces personnes si chaleureuses ? Les grands-parents maternelles de Nathaniel ont fait le déplacement pour l'occasion ainsi que le frère cadet de Nora. J'ai fait la connaissance d'une pré-adolescente accro aux réseaux sociaux et qui bave littéralement devant Alex. Pour la première fois, je me sens totalement acceptée au sein d'une famille.

Je porte ma fourchette à ma bouche lorsque je remarque le comportement nerveux de Nathaniel. Depuis l'arrivée de ses grands-parents, il n'avait pas touché à son portable, mais il ne le quitte pas des yeux maintenant. Je ne suis visiblement pas la seule à avoir remarquer un tel changement. Alex me donne un coup de coude puis se penche vers moi pour me chuchoter dans l'oreille.

― Qu'est-ce qui se passe ?

— Aucune idée, mais il a l'air anxieux.

― On devrait intervenir, non ?

Je secoue la tête.

― Il ne le prendrait pas très bien, imagine un instant que c'est un sujet privé.

― Ouais, mais c'est notre ami avant tout.

― Nous sommes au beau milieu d'un repas familial, Alex ! Ce n'est pas le moment de le questionner surtout que c'est sa dernière journée à Dunwood, nous nous comportons comme d'habitude et gardons notre curiosité pour nous.

Alex croise les bras en boudant tel un enfant de dix ans qui n'aurait pas un bonbon. Je ne peux pas lui en vouloir d'être curieux, mais il est hors de question de gâcher la journée de Nathaniel pour satisfaire notre curiosité. Le blond dépose furieusement son portable sur la table puis s'excuse poliment avant de prendre la direction de la cuisine. J'aimerais le rejoindre, mais cela serait impoli.

La grand-mère de Nathaniel vante les délicieuses pâtisseries de sa fille et lui commande même une vingtaine de cookies pour son groupe de lecture, ce qui fait rire tout le monde. Le blondinet est toujours dans la cuisine, ce qui semble alarmer Nora. Le portable vibre sur la table en un bruit sourd. Cela se reproduit à cinq reprises, ce qui provoque un froid dans la pièce. Heureusement, grand-père Hayes change de sujet afin d'alléger l'ambiance devenue glaciale. Je sursaute lorsqu'une personne tapote mon épaule.

— Est-ce que je peux te parler cinq minutes ? Je suis désolé de gâcher ton repas, mais tu es la seule à qui je souhaite parler.

— Bien sûr, mais qu'est-ce qui se passe ?

La petite clochette au-dessus de la porte retentit brusquement. Nous nous retournons pour faire face aux deux nouveaux arrivants. Je reconnais facilement Julia qui lance des regards mauvais autour d'elle. Mon regard s'attarde sur l'homme à côté d'elle. Impossible de ne pas le reconnaître : James Hayes. Cet écrivain arrogant qui ne vaut pas mieux en tant que père. Je connais l'histoire complexe entre Nathaniel et lui. Je lève les yeux vers le blond, son regard habituellement doux devient aussi dangereux qu'un orage.

Nora quitte le confort de la chaise pour faire face à son ex mari. Elle bouillonne intérieurement et ne le cache pas. Je sens la main de Nathaniel serrer davantage mon épaule. Il a besoin de ma présence pour supporter la présence de son père.

― Qu'est-ce que tu fais ici, James ? demande-t-elle d'une voix froide.

― C'est un repas de famille, il me semble.

Monsieur Hayes observe l'assemblée avec un sourire moqueur semblable à celui de Julia. La blonde n'accorde aucune importance aux membres de sa famille, elle pianote sur son portable en ricanant. Ce charmant repas de famille semble prendre une toute nouvelle direction, ce qui ne me plaît absolument pas.

GROSSE ET ALORS ? [Tome 2]Where stories live. Discover now