Chapitre 1 : Mauvais pressentiment

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Petite note préliminaire :

Tout d'abord, je vous remercie de commencer la lecture d'Arizona. Ceci est ma première histoire postée sur le réseau, il y a plusieurs années maintenant, donc j'y suis attachée. Consciente de ses lacunes, j'ai réécris l'histoire et je suis heureuse de vous montrer cette version réécrite, j'espère de tout coeur qu'elle vous plaira.

Bonne lecture, Chløe André.

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— Contrôle d'identité mademoiselle, brailla un garde avec agressivité, m'empêchant de faire un pas de plus vers l'intérieur du camp.

Je soufflais, légèrement exaspérée. Le garde ne se soucia pas de ma mauvaise humeur, il devait avoir l'habitude. Il appliquait juste le protocole après tout. Moi aussi, je m'étais faite à ce stupide protocole. Je baignais dedans depuis que j'étais gosse, arrivée au camp de la ville n°259. C'était juste que parfois, comme aujourd'hui, c'était stupide. Même si les gardes commençaient à connaître par cœur le nom des gens qui vivaient ici, et que j'étais sortie sous ses yeux il y avait à peine vingt minutes pour aller chercher quelques framboises dans les bois, je ne comprenais pas pourquoi aujourd'hui, un militaire devrait s'obstiner à contrôler mon identité. On surveillait chacun de nos gestes. Pourquoi ? On ne pouvait plus rien faire maintenant. Rien. 

Je levais les yeux vers le garde, ce grand type menaçant de presque deux mètres de haut, pas encore aussi musclé que ses collègues que j'avais l'habitude de croiser. C'était un nouveau, sa tête ne me disait pas grand-chose. Ça expliquait pourquoi il appliquait aussi strictement les règles. Les officiers militaires recrutés par l'administration russe devaient commencer au bas de l'échelle, donc en surveillant les zones de réfugiés, en espérant que leur montée de grade s'opère vite afin d'assurer des missions un peu plus intéressantes que vérifier l'identité de chaque péquenaud du coin.

Je le laissais donc s'approcher de moi avec son petit boitier rectangulaire, tandis qu'il le positionnait devant mon œil et procédait à un scan rétinien. A peine quelques dixièmes de secondes plus tard, un léger son électronique retentit, et le garde reprit :

— Léane Robin, individu F-09032136-XX-125. La raison de votre déplacement ?

Pas très loquace, je portais mon petit seau à moitié plein de baies sauvages comme seule explication. Je savais que ce garde ne faisait que son travail, et que je ne devais pas m'amuser à lui manquer de respect non plus parce que je n'aurais jamais raison face à un type comme lui. Mais voilà, une douzaine d'années après que la Russie ait réussi à dominer le monde grâce à un dirigeant complètement fou, elle imposait sur des pays qu'elle contrôlait des mesures de sécurité drastiques. Enfin, du moins dans les pays qui ne s'étaient pas ralliés à sa cause, ceux qui avaient été ses grands ennemis de toujours. Les survivants subissaient toujours. D'autant plus ces derniers temps, car au Nord Est du Canada, nous avions vécu quelques échauffements, après qu'un groupe de mendiants aient sauvagement tué deux membres de l'administration décentralisée de Russie, par pure vengeance, ou désespoir, ou colère. Un mélange de tout, sans doute. Mais en tout cas, aujourd'hui, ce n'était pas la petite Léane, toute menue et armée de son seau de framboises qui allait blesser quiconque, surtout le garde face à elle qui faisait probablement deux fois et demie son poids.

L'officier en question hocha simplement la tête, piqua une poignée de fruits rouges, avant de me laisser à nouveau entrer dans mon camp. Connard. J'espérais qu'une punaise des bois se cacherait dans l'orifice d'une de ses baies volées, et que l'homme aurait un goût bien âcre dans la bouche.

Je ne perdais pas trop mon temps dans les rues du camp, qui n'était pas bien grand non plus, ni très présentable. Des maisonnettes en bois, aux murs branlants et aux toits percés, en étaient la principale composante. Comme c'était le début de l'été, j'apercevais quelques habitants qui s'affairaient dans leur petit jardin en vue de faire pousser quelques pieds d'haricots, ou bien veillaient sur leurs quelques animaux de basse-cour qui tentaient toujours de s'échapper d'une vieille clôture raccommodée.

ArizonaWhere stories live. Discover now