Chapitre 27

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[I didn't know your significance back then.]

Je ne me souviens pas m'être évanoui et pourtant lorsque j'ouvre les yeux, je suis attaché sur mon lit. Je ne peux faire aucun mouvement tellement mon corps me semble lourd. Ils ont dû me droguer, encore. J'entends des voix et mon regard se porte automatiquement sur leur détenteur. C'est l'infirmière que j'ai vu tant de fois depuis que je suis ici qui discute avec le médecin que j'ai vu au tout début de mon hospitalisation. Je ne l'avais pas revu depuis...longtemps. Il n'était d'ailleurs jamais venu jusque dans ma chambre.

Celui-ci tourne soudainement la tête vers moi lorsqu'il se rend compte que je suis réveillé, affichant un air sérieux, comme d'habitude. Il plisse les yeux et remonte ses lunettes, venant aussitôt vers moi.

— Encore une crise monsieur Kim. Votre état ne semble pas s'améliorer. Est-ce que vous pouvez me dire ce qui l'a déclenché ?

Je les observe tour à tour, ne sachant pas si je dois réellement leur répondre ou non. Ils me regardent avec intensité, attendant patiemment que je dise quelque chose alors je me lance. Tant pis s'ils me prennent pour un fou, de toute manière, vu le regard qu'ils me lancent et ma présence dans ces lieux, c'est déjà le cas.

— C'est...le feu, j'articule difficilement à cause du calmant qui coule dans mes veines.

Face à mes propos, mes deux interlocuteurs se regardent sans comprendre. Puis l'infirmière pousse un soupir d'agacement et me retire mes liens. Depuis le début, cette dame ne cesse de me répéter que mon comportement ne me permettra jamais de sortir d'ici. Elle doit encore le penser maintenant.

Le médecin quant à lui, se frotte le menton, sans doute en pleine réflexion.

— Il t'arrive décidément trop de choses étranges. Ce patient qui t'a poignardé, ton overdose puis toutes ces crises graves... Y a-t-il quelque chose que je doive savoir monsieur Kim ?

Je me mets soudainement à rire en m'imaginant lui raconter tout ce qui se produit dans l'enceinte de son hôpital depuis que j'y suis entré. Je m'imagine lui parler de mes amis et de tout ce qui a pu entraîner les choses étranges dont il parle. Mais à quoi bon ?

— Qu'ai-je donc dit de si drôle ? m'interroge le médecin tandis que l'infirmière m'observe avec désespoir.

— Laissez tomber docteur, il délire, dit-elle en me recouvrant de ma couverture.

Je m'arrête de rire et observe le vieil homme qui ne m'a pas lâché du regard. Je sais qu'il est en train de faire un diagnostic sur mon état et qu'il ira sûrement noter dans mon dossier quelque chose comme : "l'état de Seokjin s'aggrave. J'ai bien peur qu'il ne doive rester à nos côtés plus longtemps." Cette pensée me fait sourire et je dis :

— Si seulement vous saviez tout ce qui se passe dans ma tête docteur. Je ne pense pas que vous pourriez le supporter.

Je ne sais pas si c'est le calmant qui me rend si honnête. Dans tous les cas, j'ai l'impression de flotter, d'être léger et de pouvoir tout dire. Le médecin doit s'en douter puisqu'il soupire discrètement et sort un stylo de la poche de sa blouse pour griffonner quelques mots sur un petit carnet. Il arrache ensuite la feuille puis la tend à l'infirmière.

— Nous allons augmenter la dose. Faites-en part à vos collègues.

La femme s'incline puis disparaît, non sans m'avoir lancé un regard dédaigneux avant. Lorsqu'elle a quitté la pièce, le vieil homme pose une main sur mon épaule et me dit :

— On ne peut pas sauver tout le monde. Je l'ai malheureusement appris tout au long de ma carrière. Mais je ne m'arrête jamais d'essayer. Seulement, il arrive un moment où il faut accepter ses échecs...

AwakeWhere stories live. Discover now