Chapitre 15

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[What is higher than anything above the ground. What is wider than anything beneath the sky.]


— Il a bien failli y passer, dit une voix.

— Est-ce qu'on sait comment il a pu ingurgiter autant de cachets ? demande une autre.

— Non pas encore.

— Heureusement que le médecin a réussi à le réanimer, ça aurait fait baisser notre réputation...

J'essaie d'ouvrir les yeux mais n'y arrive pas. Mes membres sont engourdis et quelque chose entrave mon poignet droit. Qu'est-ce qui s'est passé ? Où suis-je et que signifie cette discussion ? Je ne comprends absolument rien et mes souvenirs refusent de refaire surface. Je ne me sens pas bien. J'ai mal au ventre, au crâne et me sens faible.

Je réussis à entrouvrir les paupières mais les referme aussitôt lorsque la lumière du jour m'aveugle. Mais soudain un haut-le-cœur me saisit et je me redresse avec l'agréable envie de vomir. Cette fois mes yeux sont grands ouverts et je me tiens l'estomac, gémissant de douleur. J'entraperçois une femme venir précipitamment vers moi en me tendant un petit récipient en plastique et vomis. C'est douloureux. Plus douloureux qu'à l'habituel.

Lorsque j'ai fini, je me laisse retomber sur le matelas, la tête me tournant légèrement. La femme m'éponge le visage avec un linge mouillé tandis que mes yeux se posent sur l'homme que j'ai entendu parler il y a quelques minutes. C'est mon médecin, le directeur de l'établissement. Il me jette un regard suspicieux puis quitte la pièce que j'ai identifiée comme étant ma chambre sauf que quelques appareils médicaux y ont été ajoutés.

Je baisse d'ailleurs le regard vers mon intraveineuse et fronce les sourcils.

— Qu'est-ce qu'il s'est passé ? je demande d'une voix plus grave que d'habitude.

Je me racle la gorge, surpris par la douleur que le simple fait de parler a provoqué dans ma gorge puis écoute attentivement la réponse de la dame.

— Tu as fait une overdose Seokjin. De médicaments.

— Quoi ? je m'exclame alors que tout redevient clair dans mon esprit.

Je revois Hoseok venir s'asseoir à mes côtés, je nous revois aller dans ma chambre et parler tandis qu'il me tend un certain nombre de pilules me demandant de lui faire confiance. Je sais que je les ai prises puis que je me suis aussitôt senti bizarre. Mais ce qui me marque le plus, c'est l'image du pétale délicatement posé sur ma table de chevet, près du vase. Alors je tourne brusquement la tête vers celui-ci et constate que c'était bien réel. Un deuxième pétale est tombé.

Celui d'Hoseok.

— Ton cœur s'est arrêté Seokjin, m'apprend l'infirmière. Heureusement, nous avons réussi à te ramener. (Elle prend ma tête du bout des doigts pour me forcer à la regarder puis poursuit :) Où as-tu eu autant de cachets ? Il y avait presque trois fois la dose recommandée pour toi.

— Je ne sais pas..., je souffle en voulant m'échapper de son emprise.

Mais elle resserre ses doigts sur mon visage et ses yeux brillent d'une nouvelle émotion : la colère.

— Tu le sais forcément Seokjin. À cause de toi, le directeur a des soupçons sur tout le monde. L'agression et maintenant l'overdose ? Si tu cherches trop les ennuis, tu ne sortiras jamais d'ici, saches le.

Elle me fixe pendant un long moment, attendant sûrement une réponse de ma part mais je ne dis rien et continue à soutenir son regard. Elle finit par me relâcher puis regarde une dernière fois la perfusion avant de se diriger vers la sortie. Lorsqu'elle disparaît enfin, fermant la porte derrière elle, je me redresse en grimaçant et regarde mon poignet. Je tire sur l'intraveineuse pour la retirer et entreprends de me lever. Mon carnet rouge est sur le sol près de la fenêtre et bizarrement je sens que j'y trouverais quelque chose à l'intérieur.

Posant les pieds sur le sol froid, je commence à marcher mais mes jambes se transforment aussitôt en coton. Je trébuche et tombe à quatre pattes, visiblement plus faible que je ne le pensais. Peut-être que c'est le fait d'avoir échappé de justesse à la mort ? Ou bien à cause de l'overdose ? Sûrement les deux. Mais je ne suis plus très loin du carnet et j'ai besoin de l'ouvrir, besoin de vérifier ce qui a changé à l'intérieur car je suis persuadé que c'est le cas.

Alors j'avance, marchant à quatre pattes en faisant fi de la douleur qui semble parcourir mon corps entier. J'ai surtout mal au ventre et me doute que la surdose de cachets y est pour quelque chose. J'atteins enfin mon but et m'écroule de tout mon long, la joue contre le sol froid et les bras le long du corps. Je n'ai plus aucune force, plus d'énergie et pourtant j'arrive à tendre un bras vers le carnet pour l'ouvrir sur la seule page qui est à présent recouverte d'une nouvelle écriture. J'aimerais lire toute cette nouvelle page que je suppose être en lien avec l'histoire d'Hoseok mais mon regard est attiré par deux mots en particulier, écrits en gros caractère étranges. Cela me perturbe quelque peu car la calligraphie est spéciale.

 Cela me perturbe quelque peu car la calligraphie est spéciale

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"I'm Fine."

Je vais bien.

Une nouvelle crampe d'estomac fait son apparition, me coupant dans ma contemplation. Je gémis et me mets sur le dos tout en me tenant le ventre.

— Je sais, ça fait mal. J'ai vécu la même chose, me dit soudain une voix.

Je tourne la tête et trouve Hoseok, allongé à mes côtés, le carnet entre les mains et le visage sans expression particulière. Son regard est posé sur la page que je consultais et un sourire finit par étirer ses lèvres.

Ai-je des envies de meurtre, là, tout de suite ? Oui. J'ai tellement de questions et pourtant la seule qui franchit mes lèvres est celle-ci :

— Pourquoi m'as-tu fait ça Hobi ?

Son sourire disparaît aussitôt tandis qu'il tourne la tête vers moi.

— Moi ? Mais je n'ai rien fait Jin-hyung, c'est toi qui t'es fait ça tout seul, me répond-il l'air offensé.

J'écarquille les yeux de surprise. Quoi ? De quoi parle-t-il ? C'est lui qui m'a donné ces cachets, lui qui a joué sur la confiance que je lui porte pour me les faire avaler...

— Non je...

Il me coupe la parole et sourit.

— L'important c'est que tu t'en sois sorti. Tu ne recommenceras plus ? Promis ?

Je hoche la tête, incapable de le contredire alors que je ne comprends pas un traître mot de ce qu'il me dit.

— Tu veux que je te lise ce qu'il y a écrit sur cette page ? m'interroge-t-il avec bienveillance.

Encore une fois, je réponds à l'affirmative et il m'offre un sourire en coin, se tournant sur le côté pour me faire face.

— Plus tu avances, plus tu te rapproches de la vérité, hyung. Bientôt tu comprendras tout.

Il lève le carnet face à son visage et une photo en glisse. Je la récupère, tandis qu'il se racle la gorge pour se préparer à lire, et l'observe avec attention. Il s'agit d'une photo d'une peinture impressionniste ou contemporaine, je ne sais pas, représentant une mère et son enfant. Alors que mon ami commence à lire, je ferme les yeux et l'écoute attentivement, gravant l'image de ce portrait dans ma tête, seul vestige du passé de mon frère et de son traumatisme.

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