Awake

Chapitre 6

[All of the things you said are like a mask. It hides the truth and rips me apart.]

Voilà presque une semaine que je suis ici, dans cet hôpital. Un fou parmi des fous. Je ne suis toujours pas convaincu d'y avoir ma place mais j'ai appris à me contrôler et à rester calme pour ne pas attirer l'attention des infirmiers qui semblent avoir la gâchette facile avec les médicaments.

Les médecins me répètent sans arrêt que ce qui se passe dans mes rêves n'est pas réel, que ces six individus ne sont que le fruit de mon imagination. On m'a même parlé de plusieurs personnalités que je me serais créé et qui finiraient par se manifester si je ne me soignais pas rapidement et correctement. Aussitôt je m'étais vu dans le rôle de Kévin dans Split et cela m'avait presque fait rire.

J'ai aussi parlé de ces silhouettes étranges que je vois parfois et qui me terrifient. Moi qui suis peureux de nature ai l'impression de vivre un véritable film d'horreur dans lequel je suis pris au piège par des esprits errants. Mais pour ça aussi les médecins ont une explication "logique". Selon eux ce ne sont que des hallucinations, voire même la représentation de mes émotions.

Et après on dit que c'est moi qui déraille...

Bref, ça fait une semaine que je passe mon temps à faire des petites promenades dans les couloirs et à regarder la fenêtre sans en ouvrir les rideaux. Ça c'est quand je n'arrive pas à dormir car je préfère de loin la compagnie de mes six amis que je continue de voir en rêve et parfois ici, à l'hôpital, en chair et en os.

Néanmoins quelque chose me perturbe en ce moment car j'ai de plus en plus de mal à les voir. J'ai un mauvais pressentiment. Comme si quelque chose allait bientôt arriver. C'est ce que les silhouettes étranges me répètent et j'en suis convaincu. 

Namjoon m'a même dit une chose étrange cette nuit. Quelque chose comme "si tu arrivais à disparaître, je crois que ça tournerait mal pour chacun d'entre nous. Tu es notre pilier Jinnie." Mais pourquoi aurais-je envie de disparaître ? Je les aime. Chacun d'entre eux. Et ce sont eux qui me permettent de tenir.

— Seokjin, je vais nettoyer ta chambre, tu devrais sortir en attendant.

Je sors de mes pensées et détourne le regard de la fenêtre pour observer Young-Soo, un infirmier que j'ai appris à apprécier.

Je hoche la tête et descends de mon lit en silence, pour aller dans le couloir. Il y a quelques jours j'ai déplacé mon lit pour le coller à la fenêtre. Au départ, plusieurs infirmiers m'ont réprimandé sans aucune raison jusqu'à ce que je persiste et que Young-Soo convainc les autres qu'il n'y avait aucun mal à ce qu'un résident veuille observer les étoiles le soir et apprécier le soleil le matin.

C'est la seule personne de cet hôpital qui semble me comprendre et dont j'ai obtenu du soutien. Et ce, malgré le fait que je n'ose pas ouvrir les rideaux et observer par la fenêtre. Mais il ne me pose pas de questions, pour l'instant.

Je marche un moment, curieux. Ce n'est pas la première fois que je parcours ces couloirs mais à chaque fois je le fais comme si ça l'était. Mon regard croise celui d'autres résidents ou de personnels avec un certain intérêt. Les médicaments qu'on me donne y sont sûrement pour quelque chose. Ils me donnent l'impression que tout est au ralenti autour de moi et que rien ne compte. Comme si j'étais vide d'émotion et d'énergie et que mon seul but était d'errer parmi d'autres errants. Comme si c'était ça mon enfer. Vivre chaque jour la même chose sans ne plus rien ressentir.

Heureusement que j'ai mes rêves...

J'arrive dans la salle principale où d'autres résidents sont déjà présents, certains criant des paroles insensées et d'autres jouant à des jeux de société. Je suis attiré par une personne au loin, assis près d'une fenêtre avec un sweat jaune moutarde qui semble lire quelque chose. Alors je me dirige vers cette table en ayant la forte impression de connaître la personne qui y est installée.