FIRST LOVE / Chapitre 25

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"Dieu a de nombreuses façon de nous faire sentir seuls et de nous guider vers nous-mêmes

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"Dieu a de nombreuses façon de nous faire sentir seuls et de nous guider vers nous-mêmes. C'est de cette manière qu'il s'était mis d'accord avec moi durant cette époque."

[Don't ever feel sorry to me.]


Une journée. Une journée sans voir aucun de mes amis, sans voir aucun souvenir sur eux. J'ai essayé de me reposer mais dans ce calme étrange dont je n'ai plus l'habitude, une seule question m'est venue à l'esprit, tournant en boucle dans ma tête sans que je n'arrive à en trouver la réponse. Car j'accède, comme par magie, aux souvenirs de mes amis, j'ai pu voir leur enfance, leur adolescence et être le spectateur de toutes ces choses horribles ou pas qui leur sont arrivés. Mais moi, que m'est-il arrivé pour que je finisse ici ? Je ne me rappelle de rien avant...avant mon appartement. Comme si j'avais commencé à vivre à partir de ce moment ou comme si j'avais effacé le reste. Mais pourquoi ? Et comment ? Je ne comprends pas. Et je ne peux même pas appeler ma sœur pour qu'elle m'aide, je n'ai aucun moyen de le faire et, étant donné qu'elle n'est pas venue depuis que je suis ici, je doute qu'elle veuille me voir.

Je soupire et me détourne de la fenêtre, allongé sur mon lit comme depuis quelques heures. Pourquoi les choses sont si compliquées ? Pourquoi est-ce qu'on ne me fournit pas directement les réponses ? Pourquoi tant de mystère ?

Je lève les yeux vers la fleur, toujours posée là, sur ma table de chevet. Il lui manque quatre pétales, me rappelant que quelque chose s'est mis en marche pour quatre de mes amis. J'imagine que les deux autres ne tarderont pas à subir la même chose et que lorsqu'il n'y en aura plus une seule...

Je sursaute presque en entendant des notes de piano parcourir le couloir. C'est la première fois que j'entends de la musique ici. Je ne savais même pas qu'il y avait un piano. Curieux, je me lève pour chercher d'où provient le son et me laisse guider par son intensité et sa beauté. J'effectue quelques pas, prends plusieurs couloirs et voit une porte ouverte par laquelle le son semble provenir. Je m'approche prudemment puis passe la tête à l'intérieur le plus discrètement possible. J'écarquille les yeux lorsque je reconnais l'auteur de cette mélodie et entre dans la pièce sans aucune hésitation.

— Yoongi ? je l'appelle en venant vers lui.

Il me sourit et continue de jouer, se reconcentrant aussitôt sur la musique qu'il interprète. Il ferme parfois les yeux, se balançant au rythme des sons que ses doigts produisent. Je me laisse moi-même emporter par la mélodie, hypnotisé par sa beauté mais aussi par la manière dont joue mon ami. Il a l'air si passionné, si expressif là devant cet instrument. D'ordinaire il affiche un air blasé, stoïque, imperturbable. Il est difficile de savoir à quoi il pense et ce qu'il ressent. Mais devant ce piano, c'est comme s'il vivait quelque chose d'unique, ressentant une multitude de choses.

Il s'arrête soudainement puis rouvre les yeux, les plantant dans les miens.

— Tu as l'air d'un cadavre, me dit-il.

— Merci, ça fait toujours plaisir de recevoir des compliments, je réponds en riant légèrement.

Il esquisse un sourire fier puis porte son regard sur les touches de son piano, n'ajoutant rien de plus. Le silence s'installe entre nous tandis que je continue de l'observer, me doutant que si je le vois à ce moment précis, c'est pour une bonne raison. D'ailleurs pour combler le silence je lui dis :

— J'imagine que tu es le suivant...

À ces mots, il relève la tête vers moi, les sourcils froncés avant de tout simplement se relever pour quitter la pièce. Je le regarde faire, surpris. C'est la première fois que les choses se passent ainsi. D'habitude mes amis sont plus coopératifs et m'obligent même parfois à voir leurs souvenirs. Mais là ce n'est pas le cas et je n'ai aucune idée de pourquoi.

Alors je sors de la salle pour tenter de le rattraper. Ce que je fais sans mal puisque je le vois au loin dans le couloir, traînant des pieds, les mains dans les poches de son jogging noir. Je cours pour le rejoindre et pose une main sur son épaule.

— Yoongi, attends !

Il fait volte-face, attendant visiblement que je m'explique.

— Tu... (Je ne trouve pas mes mots et décide tout simplement de demander :) Pourquoi ?

Il me regarde comme-ci j'étais idiot puis croise les bras en soupirant.

— Pourquoi quoi Jin hyung ?

Je soupire à mon tour puis me passe une main dans les cheveux. Je sens que cette partie va s'avérer très ardue, Yoongi ne semblant pas vouloir me faciliter la tâche. Je tente néanmoins de garder mon calme même si mes nerfs menacent sérieusement de lâcher. Je ne comprends d'ailleurs pas comment j'ai pu rester aussi zen depuis que je suis ici.

— Tu sais très bien de quoi je parle.

Il sourit, se moquant ouvertement de moi.

— Ouais, mais y a rien qui m'oblige à t'aider.

Et il repart comme si de rien n'était, me laissant au milieu du couloir comme un pauvre con. Cette fois j'en suis sûr, il ne veut pas coopérer mais pourquoi ? Son comportement a le don de m'énerver, c'est donc en colère que je le rattrape en haussant le ton :

— C'est quoi ton problème ? je demande en lui saisissant le poignet.

Aussitôt, il fait volte-face avec violence puis me repousse, m'envoyant heurter le mur le plus proche. Je le regarde avec des yeux ahuris tandis qu'il s'avance vers moi, le regard aussi tranchant qu'une lame de couteau.

— Dégage Seokjin. Tu n'as rien à faire dans ma tête et j'ai aucune envie de te montrer ce qui s'y passe. J'ai pas besoin de ton aide.

Je le fixe, surpris par sa réaction si violente. Et le fait qu'il m'appelle par mon prénom en entier, me prouve qu'il est réellement en colère contre moi. Pourquoi réagit-il ainsi ? Pourquoi est-ce qu'il ne veut pas de mon aide ? Les autres m'ont tous fait comprendre que c'était le cas mais lui...

— Yoongi...je suis sûr que si. Laisse-moi au moins essayer.

— Non, me répond-il catégoriquement.

— Mais...pourquoi ? je demande presque en le suppliant de me donner une réponse.

— Parce que je préfère rester mort.

Ma colère retombe aussitôt et je recule. Mon dos vient heurter le mur face au choc que ces paroles m'ont provoqué. Lorsque mon ami disparaît dans un autre couloir, je me laisse glisser au sol et me prends la tête entre les mains. Ces mots...il ne les a pas prononcés au hasard n'est-ce pas ? Seraient-ils déjà tous condamnés ? Je hurle à m'en arracher les poumons, tirant sur mes cheveux tellement cette situation me pèse. Je ne sais plus quoi penser de tout ça. Je suis définitivement perdu et seul. Et je souffre. Je souffre de n'avoir aucune idée de comment arranger les choses. Je souffre de ne pas pouvoir partager de moments "réels" avec mes amis tel que j'ai pu le faire dans mes rêves au tout début. Je souffre d'avoir l'impression d'être le personnage principal d'une histoire visant à me torturer psychologiquement.

Ah ah.

L'auteur doit tellement bien se marrer...

AwakeWhere stories live. Discover now