Chapitre 14

101 20 59
                                    

[Today more than usual I want to be held in your arms.]


— Elle est où ma maman ?

Le petit garçon tire sur la manche du policier et celui-ci se mord la lèvre avant de s'agenouiller près de lui pour être à sa hauteur.

— Je ne sais pas encore mais je te promets de tout faire pour la retrouver bonhomme. Est-ce que tu peux me raconter ce qui s'est passé avant que tu ne te perdes ?

— Je ne me suis pas perdu ! proteste l'enfant.

— Alors que s'est-il passé ? l'interroge l'homme en posant ses mains sur ses épaules.

Le petit lève les yeux au ciel et soupire d'agacement tout en replaçant ses lunettes correctement sur son nez.

— Maman m'a emmené à la fête foraine. Elle m'a acheté une barbe-à-papa et c'était trop bon ! T'en as déjà mangé, toi, monsieur, de la barbe-à-papa ?

Le policier hoche la tête en souriant et l'enfant poursuit :

— Ensuite j'ai fait trois tours de manège. En premier je suis monté sur le cheval qui monte et qui descend, après j'ai pris le camion de pompiers et en dernier c'était...(Il réfléchit un moment puis son visage s'éclaire soudain.) Ah oui ! Le vaisseau spatial ! C'était trop bien parce que je pouvais le piloter pour aller en haut et en bas ! J'étais trop content...mais quand je suis descendu, maman pleurait alors je lui ai fait un câlin mais je crois que ça l'a rendu encore plus triste et moi je l'étais aussi. (Il baisse la tête et se triture les doigts avant de reprendre d'une voix rendue plus grave par le chagrin :) J'adore jouer à cache-cache alors elle m'a dit de fermer les yeux et de compter jusqu'à vingt. Mais je ne l'ai pas trouvé, elle doit encore être cachée...

L'homme se passe une main dans les cheveux et fixe son regard dans celui du petit. Il semble chercher ses mots, ayant visiblement du mal à gérer la situation. Mais il déclare soudain :

— Je vais la chercher et toi tu vas m'attendre ici d'accord ? Est-ce que tu aimes les coloriages ?

— Oh oui ! s'exclame Hoseok en sautillant sur place. Est-ce que tu as des papillons ? Maman adore les papillons alors je vais lui en faire un comme ça elle sera contente quand elle reviendra !

— Je vais te trouver ça, lui dit le policier en se levant et en le prenant par la main pour l'emmener jusqu'au bureau d'une de ses collègues.

— Dis, je peux manger le snickers que maman m'a donné ? J'ai faim.

L'homme hausse les épaules, donnant son approbation, ce qui semble ravir le petit. Il laisse Hoseok aux soins de sa collègue et repart, s'essuyant une larme au coin de l'œil. Je m'approche du bureau, la gorge serrée par cette scène d'une tristesse absolue. Hoseok n'a que cinq ans, sa mère l'a abandonné mais il ne le sait pas. Il agit avec tellement d'innocence et de pureté tout en ayant un langage assez soutenu pour son âge, ce qui lui donne un air d'intello en plus de ses petites lunettes rondes cerclées de bleu.

La femme lui imprime un coloriage en forme de papillon et le lui donne avec un sourire chaleureux tout en s'amusant avec lui. L'enfant sourit et cette scène m'attriste. Si seulement il savait...

Le téléphone sonne soudain et la sonnerie est tellement bruyante que je grimace en fermant les yeux. C'est comme si le son résonnait directement dans mon cerveau mais elle s'arrête aussi brusquement qu'elle est apparue et lorsque je soulève les paupières, le décor n'est plus le même. Je suis dans un bureau et mon ami a disparu. Je le cherche du regard un moment avant de me rendre compte que les adultes présents dans la pièce viennent d'entamer une discussion. Alors je me concentre et écoute ce qu'ils disent, me doutant que j'en apprendrais ainsi plus sur Hoseok.

— Ça fait bientôt cinq ans que nous l'avons recueilli et il n'y a aucune évolution. Au contraire, maintenant il y a cette maladie qui a surgi et... (Elle soupire.) Il pense toujours que sa mère va venir le chercher. Les médecins pensent que c'est dû au choc émotionnel qu'a provoqué l'abandon de sa mère mais il aurait dû franchir ce cap après tout ce temps non ? C'est un garçon adorable, vraiment, mais je suis perdue. Je pense que sa place n'est pas chez moi mais dans un hôpital où il pourra guérir. Bien sûr je resterais sa mère adoptive et il pourra rentrer à la maison lorsqu'il ira mieux mais en attendant je pense qu'il vaut mieux pour lui que des professionnels le prennent en charge.

La dame en face d'elle hoche la tête et l'image change encore, me permettant de me retrouver devant un jeune garçon d'environ dix ans. C'est Hoseok, pas de doute. Sa mère adoptive lui explique avec tendresse la décision qu'elle a prise en faisant attention aux mots qu'elle utilise mais le jeune ne réagit pas. Il regarde le sol à côté de lui, sans émotion, comme s'il était perdu dans ses pensées. La femme pense d'ailleurs que c'est le cas et qu'il n'a rien écouté puisqu'elle lui demande :

— Hoseok, chéri, tu as compris ?

À ce moment-là le garçon lève les yeux vers elle et, tandis qu'une dame saisit déjà sa main pour l'emmener ailleurs, lui dit :

— Oui. Tu m'abandonnes toi aussi.

La mère lui affirme que non mais il est déjà trop tard, Hoseok disparaît de sa vue, une peluche dans les mains, des larmes roulant sur ses joues.

AwakeWhere stories live. Discover now