Chapitre 32

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[The world was so big, I was so small.]

— Par où commencer... (Taehyung m'observe en réfléchissant puis me demande :) Il y a deux moments importants qui devraient te revenir en mémoire. Est-ce que tu te souviens du patient qui t'a agressé ?

— Oui, avec le stylo, je réponds sans vraiment comprendre où il veut en venir.

Il hoche la tête et poursuit :

— Et quand Hobi t'a fait avaler des médicaments ?

Cette fois c'est moi qui acquiesce, l'invitant à poursuivre. Je me souviens de ces deux moments, l'un parce qu'il était violent et l'autre car je me souviens l'avoir ressenti comme une trahison avant de comprendre que c'était nécessaire. Pour chacun d'eux, je me suis réveillé dans mon lit, les médecins autour de moi comme dans un vrai hôpital. Mais je ne vois pas où tout ça nous mène.

— Ton cœur s'est vraiment arrêté hyung, me révèle Tae le plus sérieusement du monde. Mais tu ne t'en souviens pas.

Si je n'étais pas déjà assis, je serais sûrement tombé sur les fesses, choqué par ce qu'il vient de me dire. Dit-il vrai ? J'aimerais que ce soit faux mais il n'a aucune raison de mentir et c'est bien ça le problème. Je me passe une main sur le visage, tentant de digérer ces mots tout en me posant un tas de questions. Taehyung doit certainement lire l'incompréhension sur mon visage puisqu'il me dit :

— Il y a encore des détails que tu dois apprendre par toi-même. Je suis désolé de ne pas pouvoir t'en dire plus.

Il semble réellement désolé et ça me touche. J'allais le rassurer quand une voix au loin, semblant venir du bas de l'immeuble me devance.

— Kim Taehyung est demandé à l'accueil, Kim Taehyung merci !

Aussitôt mon ami bondit sur ses pieds, un large sourire aux lèvres, il se tourne vers moi et me lance :

— Merde, c'est Jungkook ! Désolé, je dois y aller hyung, bon courage !

Il disparaît comme une fleur, me laissant là, assis au sol, encore perturbé par tout ça. J'ai l'impression de n'être que ça en ce moment : perturbé. Ce n'est même pas une impression, c'est un constat. Même si je n'étais pas fou en entrant à l'hôpital, je pense que n'importe quel médecin me voyant dans cet état me ferait interner d'urgence. Toute cette histoire m'atteint tellement...

Je soupire, retenant un sanglot en me massant le crâne. Comment aurais-je pu faire deux arrêts cardiaques sans même m'en apercevoir ? Sans même qu'on me le dise ? Et pourquoi faut-il toujours que mes amis s'enfuient au pire moment et qu'ils laissent une part de mystère après chaque révélation ? Je plonge ma tête entre mes bras, profitant du calme pour me ressaisir. Seul problème, mon expérience dans la dernière pièce ne cesse de revenir me hanter, me donnant la chair de poule. Je sens mon cœur s'accélérer à nouveau, signe que la peur que j'ai ressenti tente de refaire surface. Alors je souffle un bon coup et me lève, n'ayant aucune envie de la laisser revenir. Il faut que je continue et que je sorte enfin de ce couloir. Ou bien je pourrais prendre l'escalier et fuir ? Cette option me semble la meilleure alors je ne perds pas de temps et me dirige vers celui-ci, déterminé par ma fuite prochaine.

Je descends les marches en courant, ne jetant aucun coup d'œil en arrière par peur de revenir sur mes pas. Je dois avancer, m'éloigner de cet endroit et rejoindre l'air libre. Je veux respirer, être en paix. C'est lâche et égoïste mais je n'en peux plus. Qui pourrait me le reprocher ? Qui pourrait m'en vouloir ? J'ai tellement subi de choses en si peu de temps. Tout ce que je veux c'est vivre une vie normale. Mon esprit est confus, perdu, rendu faible par tout ce que je vis en ce moment. Je suis fou, malade, je le sais maintenant. Le pire c'est que je ne sais pas si mes amis peuvent réellement m'aider. J'ai beau me rapprocher de la vérité selon eux, je ne comprends toujours rien à ce qui m'arrive. Tout s'empire de jour en jour.

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