Chapitre 10

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[Caught in a lie. Find the me that was innocent. I can't free myself from this lie.]

Jimin est assis sur une chaise, face à une table au milieu d'une pièce dans laquelle pleins de jeux d'enfants traînent. Il a à peu près quatorze ans à ce moment-là. Il regarde autour de lui avec un grand sourire innocent, balançant ses pieds dans le vide, les mains posées sur ses genoux. Un homme entre soudain dans la pièce et le comportement de Jimin change aussitôt. Il regarde, face à lui, pose ses pieds sur le sol et se tient bien droit. Comme si, en quelques secondes, il venait de passer d'enfant à adulte.

L'homme l'observe avec un regard méfiant mais sympathique à la fois. Je devine qu'il s'agit d'un psychiatre et observe la scène avec attention, me doutant que je suis spectateur de la vie passée de mon ami.

Le médecin s'assoit sur une chaise face à son patient et lui pose diverses questions sur sa vie. Il lui montre même des taches noires que Jimin doit interpréter à sa manière et lui dire ce qu'il y voit. Le jeune homme rit, se moquant ouvertement des méthodes du médecin mais finit tout de même par lui offrir des réponses que l'homme s'empresse de noter l'air pensif. Mais soudain une question fige mon ami sur place qui se contente de détourner la tête.

— Tes parents m'ont parlé de ton comportement, Jimin. Il paraît que tes crises sont plus fréquentes ?

Aucune réponse, pas même un sourcillement. Le médecin soupire et pose son cahier sur ses genoux.

— Jimin, on a déjà discuté de ta maladie il y a quelques années, tu t'en souviens ? (Face au silence de son patient, il poursuit.) Ton état se dégrade et j'ai bien peur de devoir te faire hospitaliser si tu ne me parles pas.

Le roux se tourne tout à coup vers lui et pose ses mains sur la table en se levant. Il observe le médecin avec tellement de rage qu'il en vient à me faire peur. Jamais je n'avais vu mon frère dans cet état, je ne pensais même pas que c'était possible.

— Je. Ne. Suis. Pas. Malade, dit-il en détachant chaque mot comme pour donner plus de puissance à ses paroles.

Le psychiatre l'observe en silence sans détacher son regard de ses yeux foudroyants.

— Rassieds-toi Jimin.

— Non ! répond le jeune en envoyant valser les jeux et feuilles posés sur la table devant lui. C'est qui le malade de nous deux ? Celui qui refuse de parler ou celui qui me montre des espèces de taches noires en me demandant ce que ça représente ! (Il saisit les pages en question et les lève devant lui.) Cette tâche noire, c'est ma vie ! Celle-ci c'est mon âme et celle-là mon cœur. Tout est noir et vous savez quoi ? Je préfère être comme ça que d'être comme vous !

— Être comment Jimin ? lui demande le médecin en se redressant sur sa chaise. Dis-le.

Le roux se calme un peu et regarde l'homme, la respiration saccadée et de la sueur perlant sur son front face à la rage qui l'a envahi quelques secondes plus tôt. Il repose les feuilles et passe une main dans sa tignasse décoiffée en soupirant.

— Adulte. Je préfère rester comme je suis qu'être adulte, dit-il dans un souffle.

Ses yeux s'emplissent de larmes et il quitte la pièce à grands pas, se refusant à craquer devant cet homme qu'il semble détester.

Le plan change soudainement et je me retrouve dans ce qui ressemble à une salle d'attente. Le psychiatre est là, assis face à deux adultes, un homme et une femme. Cette dernière tourne la tête vers la fenêtre et je découvre mon ami frappant dans des cailloux à l'extérieur. Ses yeux sont rouges et gonflés, je devine qu'il a pleuré.

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