Chapitre 31

83 14 87
                                    

[I discovered emotions, I became me.]

Je reste immobile, figé dans l'incompréhension la plus totale. Pourquoi suis-je de nouveau ici ? Pourquoi mon appartement ? Je regarde autour de moi pour me rendre compte que rien n'a changé, tout est comme je l'avais laissé. Le lit est défait, des vêtements traînent çà et là mais, élément encore plus étrange, la chemise de Jungkook, celle qui m'était apparue avant mon internement à l'hôpital, repose sur le dossier d'une des chaises du salon. Je peux la voir d'où je suis, assis contre le mur de ma chambre en face de la porte. Je prends ma tête entre mes mains, épuisé de ne jamais rien comprendre. Jungkook n'est plus là pour m'aider, je n'ai donc pas la possibilité de lui poser des questions en espérant avoir un infime indice sur ma présence dans ce lieu. Suis-je sorti définitivement de l'hôpital ? J'aimerais bien. Cet endroit me donnait l'impression d'être dans une prison où mon état se dégradait de plus en plus.

Je me lève lentement, me retenant au mur quelques instants avant de me diriger vers le salon. Je ne quitte pas la chemise du regard comme persuadé que c'est l'élément le plus troublant qui me fournira des réponses. Je sais que les chemises ne parlent pas, je ne suis pas fou à ce point-là, mais c'est celle de Jungkook et je ne me souviens pas qu'il ait un jour mis les pieds dans cet appartement. Alors je me dis que sa présence ici n'est pas due au hasard. Je prends donc, le plus délicatement possible, le vêtement entre mes mains, l'observant comme s'il s'agissait d'une relique rare puis l'attache autour de mes hanches.

Aussitôt, la sonnette de mon appartement retentit, me faisant sursauter. Je regarde vers celle-ci, retenant mon souffle. Lorsqu'une voix que je connais m'appelle à travers le bois, je m'autorise à respirer de nouveau, rassuré.

— Jinnie hyung ! Dépêches-toi, on va être en retard !

En retard ? je pense en fronçant les sourcils. Mais pourquoi ? Je franchis les quelques mètres qui me séparent de mon ami et hésite. J'ai peur d'ouvrir cette porte, traumatisé par toutes ces fois où je l'ai fait pour me retrouver dans des endroits différents.

Mon ami m'appelle encore une fois alors je me décide et ouvre la porte à la volée, le cœur battant la chamade quant à ce que je pourrais trouver derrière celle-ci. Mais mon inquiétude s'envole en constatant qu'il n'y a que Jungkook, seul, et que derrière lui, le couloir de mon immeuble semble être la chose la plus "normale" qu'il m'ait été donné de voir depuis un long moment.

— Tu es prêt ? me demande le jeune avec un grand sourire.

— Je...

— Je comprends pourquoi je ne retrouvais plus ma chemise...

J'ai un mouvement de recul à ces mots, ayant l'étrange impression de revivre un moment. C'est comme cette impression de déjà-vu sauf que là, ce sentiment semble multiplié par mille. Peut-être que je rêve, que c'est seulement mon esprit qui me joue des tours mais les vêtements de Jungkook, son visage rayonnant, tout me fait penser que ce n'est pas le cas. Mais c'est lorsqu'il continue de parler et qu'il lance cette dernière phrase, que mes doutes se confirment.

— Les autres nous attendent en bas, on devrait les rejoindre ! me dit-il en commençant à descendre les marches avec empressement.

Cette fois j'en suis sûr, j'ai déjà vécu ce moment. C'était juste avant d'être à l'hôpital, le jour-même où cette chemise est miraculeusement apparue. Je baisse les yeux vers celle-ci, à présent sûr qu'elle est rattachée à ce...souvenir ? J'aurais pu m'en défaire, décider de la laisser glisser sur le sol pour voir si ça allait changer quelque chose. Au lieu de ça, je m'avance lentement dans le couloir, regardant vers l'escalier dans lequel mon ami a disparu. Je n'entends aucun bruit m'assurant qu'il est toujours là, le monde autour de moi étant étrangement devenu silencieux. Trop silencieux. Je ne perçois plus les sons caractéristiques de la ville, à savoir les moteurs des voitures et le chant des oiseaux. Je n'entends pas mes voisins, ni même un semblant de vie autour de moi.

AwakeWhere stories live. Discover now