Chapitre 22

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[Why did you do that to me then ?]


Un cri m'arrache les tympans et je me tiens la tête, grimaçant face à la douleur que cela me procure. Je me demande un instant si ce n'est pas moi qui suis en train de hurler sans m'en rendre compte. Je ne suis plus sûr de rien, j'ai l'impression de nager en plein délire, de devenir fou. Je pensais pouvoir sortir d'ici, retrouver l'air frais, sentir le soleil sur ma peau mais ma tentative m'a ramenée ici, dans cette chambre que je commence à haïr du plus profond de mon être. Je ne sais pas si c'est ce faux espoir qui me donne envie de tout arrêter mais je n'en peux plus. Je veux tout lâcher, abandonner. De toute manière, il n'y a aucune évolution depuis que je suis hospitalisé ici. Bien au contraire, tout s'est empiré. Je ne sais pas ce qui m'arrive, je ne sais pas pourquoi je vois ces six hommes que je pense être mes amis alors que je ne me souviens pas d'eux. Je ne sais pas pourquoi je me raccroche à eux, comme s'ils pouvaient réellement m'aider alors qu'ils me tirent encore plus vers le fond. Le mieux ne serait-il pas de tout ignorer ?

Est-ce au moins possible ? Car je ne contrôle rien. Je ne peux même pas intervenir lorsque j'assiste à leurs souvenirs, je ne peux faire aucun choix qui influe sur le cours des évènements que ce soit dans l'hôpital ou ailleurs.

Je me recroqueville encore plus, serrant mes genoux contre mon torse en essayant de laisser le sommeil m'emporter. Je ne veux plus rester éveillé pour l'instant. Je préfère partir dans le monde des songes et tout oublier. Je sèche rapidement mes larmes et ferme les yeux jusqu'à ce qu'un bruit attire mon attention. J'écoute. Ce n'est pas un bruit, c'est une mélodie chantonnée par une voix masculine. J'ouvre un œil mais ne bouge pas, hésitant. Je ne veux pas encore me faire avoir. Je ne veux pas et pourtant, en fixant mon regard sur la fleur toujours posée sur ma table de chevet, un détail attire mon attention et me fait me redresser à la vitesse de l'éclair.

Encore un pétale de moins. Taehyung ?

Je me lève, récupère celui-ci pour le placer avec les autres puis lorsque c'est fait, je me tourne vers la porte de ma chambre qui est ouverte. J'entends toujours cette voix et ça m'intrigue. Ma curiosité est plus forte que mon envie de ne plus intervenir dans quoi que ce soit. Alors je me dirige doucement vers la porte et regarde dans le couloir pour apercevoir une personne que je connais très bien, en train de taguer les murs de l'hôpital : Tae. Il chantonne, concentré dans sa tâche, un sourire sur le visage. Je m'approche pour observer son travail et dois avouer que ce n'est pas si mal...

— Qu'est-ce que tu fais Tae ? C'est interdit de faire ça ici, je lui dis en croisant les bras et en regardant autour de nous.

Mon ami hausse les épaules puis m'observe, secouant sa bombe de peinture juste devant mes yeux.

— Je n'ai pas pour habitude de respecter les règles hyung. Toi mieux que quiconque devrait le savoir. Tu m'as assez réprimandé pour ça...

Je fronce les sourcils, un mélange d'agacement et d'incompréhension me parcourant.

— Eh bien non, justement. Figure-toi que je ne me souviens de rien.

Il retourne à son dessin après m'avoir lancé un "dommage" que je ne sens pas sincère. Alors je serre les dents et lève les yeux au ciel. Merci Taehyung pour avoir éclairé ma chandelle. Merci pour ces informations en masse que vous me donnez. Je me sens moins perdu tout à coup. Je tape du pied, préférant garder le silence. Je me sens sur le point d'exploser mais je n'ai aucune envie de m'en prendre à lui. Alors je retourne dans ma chambre et m'assois en tailleur sur le lit en face de la fenêtre. Je n'ose toujours pas ouvrir les rideaux, mais les rayons du soleil qui filtrent à travers eux m'apaisent. Je ferme les yeux et prends une grande respiration.

— Jinnie-hyung ? m'appelle Tae en venant s'asseoir à mes côtés.

Je reste dans ma position sans même lui répondre et l'entends soupirer.

— Est-ce que tu m'en veux ?

J'ouvre les yeux, intrigué par sa question. Est-ce qu'il parle du tag ou d'autre chose ? Je pense que la manière dont je lui ai répondu tout à l'heure était un peu dure. Mais ne pas me souvenir d'eux me frustre.

— Non Tae. J'aimerais seulement être avec vous, pour de vrai. Vous apparaissez et disparaissez comme des fantômes et pendant ce temps je reste dans cet hôpital. (Je baisse la tête.) J'en peux plus.

Mon ami pose une main sur mon épaule dans un geste de réconfort puis baisse la tête pour apparaître dans mon champ de vision.

— T'en fais pas, les choses ne resteront pas toujours ainsi. Mais tout ça est nécessaire pour toi, pour que tu finisses par te souvenir.

— Pourquoi je vois VOS souvenirs dans ce cas-là ? je demande légèrement en colère. Ça n'a pas de sens !

Taehyung me lâche puis regarde vers la fenêtre.

— Désolé, je ne peux rien dire hyung. Mais il faut que tu avances. Ne t'arrête pas maintenant alors que tu as déjà parcouru tout ce chemin. Je suis la quatrième personne, il t'en reste donc deux après moi. Ce serait dommage d'abandonner alors que tu as fait le plus dur. (Il me regarde à nouveau puis sourit en tendant sa main vers moi.) Prends ma main et continuons. Toi et moi et les autres. Tous ensemble. S'il te plaît Jinnie.

J'observe sa main un moment puis finit par hocher la tête. Il a raison sur tout ce qu'il dit. Je dois poursuivre. À nouveau déterminé, je saisis sa main et regarde partout autour de nous, affolé, alors que la chambre se met à trembler. Taehyung sourit et devient rapidement flou. Ma vue se trouble et en un clignement d'yeux j'atterris dans un lieu que je ne connais pas.

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