Chapitre 16

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[Hey mama, now you can lean on me. I'll always be by your side.]


Hoseok se tient devant un petit miroir, les mains posées sur le lavabo qui se trouve juste en dessous. Il s'observe avec une attention toute particulière, touchant son visage et le tournant dans tous les sens comme s'il cherchait quelque chose. Il soupire et ouvre le miroir derrière lequel des tas de boîtes de médicaments apparaissent, rangées sur trois étagères.

Il hésite, en choisit une, puis une autre et verse une quantité (que je juge trop importante) de pilules dans la paume de sa main.

— Hoseok ? je l'appelle en sachant pertinemment qu'il ne m'entendra pas.

Je m'approche et m'arrête derrière lui, observant le miroir par-dessus son épaule. J'écarquille soudain les yeux en me rendant compte que mon reflet n'apparaît pas. Seul Hoseok est visible, observant toujours sa main ouverte, sans aucune autre expression sur le visage que la tristesse. Il remplit soudain un verre d'eau et lève sa main. Encore une fois, j'assiste, impuissant, à la scène tandis que mon ami avale les cachets sans sourciller.

Je ne dis rien, reste figé et continue à l'observer. Je sais que je ne peux rien faire et qu'il s'agit simplement d'un souvenir. Je ne suis pas vraiment ici, l'absence de mon reflet dans le miroir en témoigne. Je ne pourrais même pas appeler les urgences s'il arrivait quoi que ce soit à Hoseok et à cette idée, mon cœur se serre.

Mon frère quitte la pièce et je le suis. Il met un long gilet, prend ses clés et quitte sa chambre sans oublier de fermer à clé derrière lui. Il regarde le couloir comme s'il avait peur d'y voir une personne puis se met prudemment en marche en jetant des coups d'œil dans son dos. Il arpente quelques couloirs de cette manière puis débouche enfin sur un petit hall dans lequel une dame est assise de l'autre côté d'un petit comptoir en bois.

Hoseok souffle et rentre les mains dans les poches de son gilet. Il descend les marches puis presse le pas. La femme l'interpelle mais il ne s'arrête pas, l'ignorant totalement. Il rentre la tête dans les épaules et sort de l'établissement, claquant la porte derrière lui en accélérant encore le pas. Lorsqu'il est assez loin, il s'arrête, regarde le ciel et sourit, profitant sûrement de l'air frais et du soleil sur sa peau. Je souris à mon tour et l'observe. Son visage, éclairé par les rayons de l'astre, semble si pur.

La tristesse m'empare tandis qu'une question me hante l'esprit : pourquoi eux ? Pourquoi est-ce que tous ces problèmes leur sont tombés dessus ? Pourquoi est-ce qu'ils mettent leur vie en danger et surtout, pourquoi ne puis-je pas les sauver.

Une larme m'échappe et je suis Hoseok qui a repris sa marche d'un pas plus lent. Sa ballade le mène vers un pont où le trafic est dense mais où le paysage s'étend à l'horizon donnant une impression d'infini. C'est beau. Tellement beau. Je ne sais pas depuis combien de temps je n'avais pas vu un paysage tel que celui-ci mais je le vis par procuration grâce à Hoseok et cela me met un peu de baume au cœur. D'ailleurs, celui-ci s'appuie contre la barrière, les mains posées sur la rambarde, le regard brillant. Il semble heureux à ce moment précis, comme si plus rien d'autre ne comptait hormis la vue qui s'offre à lui. Je me poste à ses côtés et profite de ce moment de calme.

— Ça ne te donne pas envie de danser tout ça ? je demande en souriant rien qu'en imaginant mon frère faire quelques mouvements de cet art qu'il maîtrise à la perfection.

Il sourit à son tour et pendant un instant je pense qu'il m'a entendu, jusqu'à ce que je me souvienne d'où nous sommes. Alors je baisse la tête, déçu, puis observe à nouveau la mer et les buildings.

— Parfois je me demande comment c'était avant, quand l'humain venait juste d'apparaître sur terre. Avant que l'on transforme tout et que l'on s'approprie la nature. Est-ce que c'était encore plus beau ? Est-ce qu'il n'y avait simplement que de l'eau ou au contraire que de la terre ? (Je ris et l'observe.) Je sais, c'est bizarre comme pensées. Mais je pense que tu te poses les mêmes questions non ?

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