CHAPITRE VINGT-TROIS

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Lecture étoilée

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Les jours qui suivent mon excursion à San Francisco avec Jayden, je les passe allongée dans mon lit, sous dix tonnes de couvertures. Si le jour après mon agression, j'ai survécu à ma journée de cours et à mon expédition nocturne sans craquer, le lendemain, mes émotions m'ont rattrapée. Je me suis pris de plein fouet un mélange de remords, de culpabilité, de tristesse, de colère et d'épuisement. Un vrai feu d'artifice qui m'a clouée au lit.

En ce jour du treize mars, je pensais pouvoir jouer la malade comme les jours précédents. C'est tellement plus simple de rester enfermée et de prétendre que les événements des derniers jours n'ont pas existé ! En plus d'éviter les regards insistants des étudiants, curieux de dévisager la fille Tanner, je n'ai pas non plus à croiser Jayden ni à confier mes sentiments à mes amis. Malheureusement, la réalité ne tarde pas à me rattraper quand je consulte mon téléphone et constate que la moitié de mes contacts a tenté de me joindre pour me souhaiter mon anniversaire.

Oh mon Dieu. J'ai dix-neuf ans aujourd'hui.

Comment ai-je pu oublier une date pareille ? Qui oublie son propre anniversaire ?

Cassandra Tanner apparemment.

Il faut dire que ces derniers temps, ce n'est pas un an que j'ai l'impression d'avoir pris, mais quinze d'un coup.

Je sais que c'est mal, mais au lieu de répondre à mes messages, je repose mon téléphone sur ma table de nuit et me glisse entièrement sous ma couette. Parfois, j'aimerais juste pouvoir effacer les derniers jours – voire les dernières années – pour tout recommencer à zéro. Être capable de gommer ses ratures, de réparer ses erreurs, c'est le rêve de toute personne après tout. Mais la vie n'est pas aussi simple. Parfois, je me dis que la plupart d'entre-nous de vivons pas, nous survivons.

J'ai dû me rendormir en ressassant les événements des derniers temps car lorsque je rouvre les yeux, le soleil a déjà entamé sa descente derrière la fenêtre de ma chambre. En ce moment, j'ai l'impression de vivre la nuit, tel un vampire. Sauf qu'à leur différence, ce n'est pas seulement la lumière du soleil qui me brûle, mais également la lumière de la lune.

Juste quand je mets la main sur mon téléphone pour y consulter l'heure – dix-huit heures cinquante-deux –, il se met à vibrer, attestant d'un appel entrant.

Est-ce que Carter m'en voudra si je ne décroche pas ? J'en suis presque sûre puisque ça fait déjà plusieurs fois que j'évite ses appels. Alors, même si je préférerais me défiler, je fais glisser mon doigt vers le bouton vert, apportant avec mon geste la voix familière de Carter, en conversation avec quelqu'un.

— Enfin, c'est pas trop tôt, Cassie ! s'exclame-t-il en guise de salut sitôt qu'il se rend compte que j'ai décroché. Tu imagines que ça fait trois heures non-stop que je t'appelle dans l'espoir que tu finiras peut-être par décrocher ?

— J'étais en train de dormir, je me justifie pour atténuer la contrariété que je perçois dans sa voix rauque.

— C'est ce que ta coloc m'a dit, oui.

Ma coloc ? J'ignore ce qui me surprend le plus : que Carter soit passé à l'appartement aujourd'hui ou que Sixteen y ait été.

— Tu sais qu'Apolline a pété les plombs quand on lui a dit que tu ne viendrais pas à sa fête surprise ce soir ? continue-t-il pour combler le silence entre nous.

DES NUITS PLUS CLAIRES QUE TOUS VOS JOURS [IS HE A BAD BOY ?]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant