CHAPITRE TREIZE

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Discussion téléphonique animée

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Vous savez cette phase où vous êtes toujours endormi mais que votre conscience commence à s'éveiller ? On entend les bruits autour de nous, on sent les odeurs qui volent dans l'air et on perçoit la lumière du jour mais on ne peut pas bouger parce que notre cerveau est toujours inconscient. Je suis exactement dans ce cas. Je discerne sans l'ombre d'un doute la voix d'Apolline. Elle doit être au téléphone car, je n'entends personne lui répondre de vive voix. J'ignore avec qui elle est, mais elle a l'air énervée. Doucement, je fais surface grâce au soleil qui chatouille ma peau. Pour ne pas la déranger et parce que je suis trop épuisée pour bouger, je reste dans mon lit. Il est si confortable et si chaud que je ne veux pas le quitter.

- ... Mais elle dort ! s'exclame Apolline un peu trop fort, ce qui m'arrache un sursaut.

A priori, elle parle de moi avec son mystérieux interlocuteur. J'espère qu'elle n'a pas vu mon mouvement, je n'ai aucune envie de discuter avec qui que ce soit. Ma tête est en bouillie et j'ai mal partout.

- O.K., O.K., si tu y tiens, je vais la réveiller.

« Oh non, Apolline, ne fais pas ça, je t'en prie ! », j'ai envie de lui crier. Mais c'est trop tard. J'ai à peine le temps d'assimiler ses paroles qu'elle me secoue déjà le bras pour me tirer de mon sommeil. Le soleil entrant par notre grande fenêtre m'éblouit les yeux et je suis obligée de cacher mon visage avec ma couette le temps qu'ils s'habituent au contraste entre l'obscurité et la clarté. Ils me piquent tellement que j'ai l'impression qu'ils sont en feu.

Avant d'avoir pu réagir, elle a déjà déposé mon portable à côté de mon oreiller. Je soupire et lui adresse un regard interrogateur tout en le portant à mon oreille, sans prendre la peine de regarder le numéro affiché. Je suis tellement fatiguée que je n'y pense même pas. Pourtant, dès que j'entends la voix de la personne à l'autre bout du téléphone, je le regrette immédiatement.

- Allô ? dis-je d'une voix ensommeillée.

Ma bouche est pâteuse. Je ne reconnais pas le son qui en sort : il est beaucoup plus grave et roque qu'habituellement. Je toussote pour retrouver ma voix normale en attendant la réponse de mon interlocuteur.

- Cassandra ? C'est toi ?

Mon cœur manque un battement lorsque je reconnais la voix de ma sœur. Mes poils se hérissent sur mes bras et je me redresse d'un seul coup contre le mur derrière mon oreiller. Non, ça ne peut pas être elle. Ça ne doit pas être elle. Suis-je damnée pour les bêtises que j'ai pu faire lorsque j'étais plus jeune ? La Terre s'acharne sur moi !

Je lance un regard d'appel à l'aide à Apolline en montrant le téléphone avec ma main libre. Je lui fais comprendre que je ne veux pas décrocher mais elle ne vient pas à mon secours et hausse les épaules. Elle ne m'aidera pas.

- Cassandra ? Tu es toujours là ? me redemande Scarlett.

Non, je suis partie !

Je suis tentée de lui raccrocher au nez, elle l'aurait bien mérité mais je ne le fais pas. Je savais bien que tôt au tard ma famille m'appellerait pour mettre les choses au clair et m'expliquer la situation. Je ne pensais juste pas qu'ils le feraient aussi tôt. J'aurais préféré qu'ils me laissent un peu de temps pour que je digère la révélation et que je prépare mes questions et mes reproches. En me prenant de court, Scarlett sait que je serai déstabilisée.

DES NUITS PLUS CLAIRES QUE TOUS VOS JOURS [IS HE A BAD BOY ?]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant