CHAPITRE TRENTE-CINQ

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Moment de complicité

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Le cours plus qu'ennuyeux de Mr Douglas, notre professeur de mathématiques touche à sa fin. En regardant ma montre, je découvre avec joie qu'il nous reste moins de cinq minutes avant que la sonnerie annonçant la fin de l'heure et donc de notre interminable journée ne retentisse. C'est un véritable soulagement pour moi et Apolline car cela signifie que nous allons pouvoir rejoindre les autres à l'étang. Les températures se sont extrêmement réchauffées ces derniers temps et nous profitons de chaque occasion pour passer le plus clair de notre temps dehors sous le soleil de la fin du mois d'avril. Malheureusement pour moi et ma voisine de classe, nous avons décidé de prendre une matière de mathématiques approfondie pour le dernier trimestre et donc nous terminons beaucoup plus tard que le reste du groupe.

Pendant qu'eux sont autour de l'étang, allongés dans l'herbe verte impeccablement coupée ou assis au bord de l'eau, les pieds plongés dedans jusqu'aux mollets, nous devons travailler. J'ai beau me consoler en me disant que c'est pour mon avenir, je regrette un peu mon choix. J'aurais été tellement mieux à me reposer dans le jardin. Quand nous résolvons des problèmes, l'heure et demi de cours passe assez vite, cependant dès que le professeur nous dicte le cours, il faut s'accrocher pour suivre.

Je jette un coup d'œil autour de moi et je découvre sans surprise que le trois quart des élèves sont avachis sur leurs tables, certains ayant même leur tête posée dessus, les yeux clos. Apolline, elle, n'en est pas encore à ce point. Elle est au deuxième stade, celui de « je dessine discrètement sur mon cahier pour faire passer le temps ». Et Mr Douglas ne dit rien face au comportement de mes camarades, se contentant de réciter son cours. Il s'en fiche au fond que personne n'écoute, sa paye tombera à la fin du mois. Nous par contre si nous voulons nous diriger vers des matières scientifiques l'année prochaine et par la suite à l'université, il faut que nous travaillons. C'est pour ça que malgré l'ennui, j'essaie d'écouter. Mais c'est plus difficile que prévu. Mes yeux se ferment tous seuls et ma tête soutenue par mon poing fermé manque de tomber sur le côté.

Ce sont les deux dernières minutes qui sont les plus longues de tout le cours. Mr Douglas continue de parler, parler, parler. Et comme si ce n'était pas déjà assez barbant, il a fallu en plus que nous tombions sur le professeur avec la voix la plus assommante de tout l'établissement. Chaque son qui sort de sa bouche est comme une berceuse qui nous endort petit à petit. Abandonnant toute idée de noter son baratin incompréhensible, je fixe les aiguilles de ma montre qui avancent doucement, très doucement vers notre échappatoire.

A dix-sept heures pile, dès que le bruit familier de la sonnerie retentit, rompant le silence du lycée, tous les élèves assoupis relèvent leur tête et avant même que le professeur ait pu nous donner les devoirs, ils se lèvent et passent la porte aussi vite qu'on dirait qu'ils sont poursuivis par un monstre. Comme à mon habitude, je suis un peu plus longue, rassemblant mes affaires éparpillées sur toute ma table. Apolline m'attend les bras croisés à l'entrée de la salle de classe, signe qu'elle est impatiente. Il fait si chaud qu'elle ne doit attendre qu'une chose : aller se rafraîchir à l'étang.

— Miss Tanner, vous veillerez bien à transmettre les devoirs à vos camarades s'il vous plaît, m'indique le professeur alors que je sors de la salle.

Je marmonne un « oui » à peine perceptible et j'emboîte le pas d'Apolline qui a déjà parcouru la moitié du long corridor lumineux. Mes talons claquent sur le sol carrelé, d'un blanc immaculé en même temps que je me mets à courir pour rattraper mon amie dont les longs cheveux de jais forment une grande auréole autour d'elle. La plupart des filles encore dans les couloirs se retournent sur son passage, admiratives de sa splendide chevelure. Moi-même j'en suis un peu jalouse. Mais vu le temps qu'elle prend pour s'en occuper, je ne suis pas étonnée de leur allure soyeuse.

DES NUITS PLUS CLAIRES QUE TOUS VOS JOURS [IS HE A BAD BOY ?]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant