CHAPITRE SEIZE (1)

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Nerfs à rude épreuve

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PDV DE CARTER

— T'es avec nous, Cart' ?

Ma tête se relève à l'entente de mon surnom jusqu'à ce que mes yeux ne croisent ceux d'Andrew, face à moi. Son froncement de sourcils me prouve sa contrariété. Si ça ne tenait qu'à moi je ne serais pas avec eux mais il ne m'a pas laissé le choix, trouvant que je ne sors pas assez ces temps-ci.

Des conneries. Je sors juste lorsqu'il ne regarde pas et pour faire autre chose qu'aller en boîte ou dans d'autres fraternités pour retrouver des filles. Mes priorités ont évolué.

— Non, je suis sur Mars là, ça ne se voit pas ? je réponds avec un sarcasme non dissimulé.

— Mouais, là c'est pas sur Mars que tu es mais plutôt sur Neptune.

Neptune, la planète la plus éloignée du soleil. Je crois bien qu'à cet instant, j'ai carrément franchi les portes d'une autre galaxie.

Mon cerveau s'est construit de telle manière que lorsque je suis confronté à des problèmes, à des situations qui me dépassent ou me siphonnent toute mon énergie, j'ai tendance à me replier sur moi-même pour récupérer. On ne dirait pas comme ça, mais je suis plutôt un introverti. Et les introvertis sont trop souvent incompris.

Par exemple, lorsque j'étais plus jeune, à l'école élémentaire notamment, les autres enfants ne comprenaient pas mon besoin de m'isoler, de me plonger dans des livres ou autres activités qui ne demandaient pas d'autre présence humaine. Le seul que je tolérais et que je laissais m'approcher, ça a toujours été Cédric. Je ne saurais pas l'expliquer, il est parvenu à me dompter à force. Il a compris que parfois j'avais besoin d'espace. Et c'est encore le cas aujourd'hui.

— Ces temps-ci t'es pas très bavard, il se passe quelque chose dans ta vie ? insiste Andrew, ce qui a le dont de me faire soupirer d'agacement.

— Tu veux dire à part les cours et les choses normales ?

Il secoue la tête, me faisant comprendre qu'il ne fait pas référence à ça mais plutôt à Cassandra ou à ma famille. Des choses plus profondes en soi. Des choses que je ne lui confierai pas parce qu'il est le moins empathique gars que j'ai jamais connu et que de toute façon, il ne pourra pas m'aider. Même moi j'éprouve des difficultés à me comprendre parfois.

— Tout va bien, Drew, je t'assure.

— T'as une manière étrange d'aller bien, pas vrai Matt ?

L'intéressé marmonne quelque chose tout en engloutissant sa part de tarte aux pommes, ce qui lui fournit une excuse pour ne pas s'introduire dans le conflit. Ce qui m'énerve chez Matt c'est qu'il fait toujours profil bas, ne clame jamais ses opinions, préférant se ranger derrière celles des autres. Les gens aussi peu confiants, j'ai envie de les secouer par les épaules et de leur dire d'être des gaillards, d'assumer. Mais je n'en fais rien.

— Tout va bien, je répète dans un soupir.

Mes talents de piètre menteur ne convainquent personne, je le vois à la grimace de Matt, au froncement de sourcils d'Andrew et à l'expression amusée de Jayden.

Jayden.

Tout irait mieux s'il n'était pas là. Il est toujours au centre de mes problèmes dernièrement, ce qui fait que ma haine à son égard ne cesse de grandir, se proliférant comme du lierre sur le toit d'une maison abandonnée. Le problème avec les personnes toxiques comme lui, c'est qu'on ne s'en débarrasse pas facilement. Elles s'accrochent à toi et t'entraînent avec eux au fond de l'eau, entraînant ta noyade.

DES NUITS PLUS CLAIRES QUE TOUS VOS JOURS [IS HE A BAD BOY ?]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant