CHAPITRE VINGT-TROIS

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Nouvel an [partie 1]

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— Arrête de faire la tête Cassie, on va bien s'amuser, tu verras ! me lance Apolline au milieu de notre trajet.

Nous sommes tous entassés dans la voiture de Carter, à l'exception de Jérémy qui est parti chercher d'autres amis à eux en plein San Francisco. Il est censé nous rejoindre à notre point de rendez-vous : un immeuble au centre de la ville où une grande soirée pour fêter la nouvelle année est organisée. Oui, encore une fête en dehors du lycée, ça commence à devenir une routine pour nous.

— Je ne fais pas la tête, je proteste vivement. Je suis juste un peu fatiguée.

Le regard que tous les autres me lancent me laisse présager qu'ils ne me croient aucunement. Et ils ont sans doute raison. Je suis très énervée parce que nous sommes le trente et un décembre, qu'il est vingt-trois heures passées et que je suis crevée et sur les nerfs. Le comportement de ma famille m'agace au plus haut point, je ne peux m'empêcher d'y penser depuis que j'ai quitté ma maison. Et notre sortie en ville ne m'enthousiasme pas. Après ce qu'il s'est passé, ils m'avaient promis que nous arrêterions nos virées nocturnes, au moins pour un long moment pour éviter d'éveiller les soupçons. Par conséquent, en revenant à Barrows, je pensais profiter de mes amis en cette soirée du Nouvel An, pas aller je ne sais où, avec des gens que je ne connais même pas. Je suis déçue et je n'arrive pas à le cacher. Ce n'est pas comme ça que j'imaginais nos retrouvailles.

— Carter, tu peux ouvrir le toit s'il te plaît, demande poliment Cédric à son meilleur ami qui conduit.

Dans le rétroviseur, je vois le regard de Carter se décrocher de la route pour se porter sur Cédric, à travers le même rétroviseur que celui que je fixe. Nos yeux se croisent pendant à peine une fraction de seconde – si bien que j'ai presque l'impression d'avoir rêvé – avant de se reporter sur le grand blond avec curiosité. Tous nos regards convergent vers ce dernier, assis au milieu de la banquette arrière. Même Rosalyn qui est assise sur le siège passager s'est retournée pour écouter ce que nous disons. Carter a l'air aussi confus que je le suis. Plus courageux et vif que moi, il hausse ses épais sourcils et s'enquiert de ce qu'il a derrière la tête.

— Pourquoi je ferais ça ?

— Parce que Cassandra est de très mauvaise humeur et qu'elle ne peut pas l'être un jour comme aujourd'hui ! Il faut qu'elle se détende pour s'amuser ! S'il te plaît, fais ce que je te dis.

Les deux garçons échangent un nouveau regard et Cédric mime quelque chose à Carter qui sourit à pleines dents. Ayant enfin compris l'intention de Cédric, il s'exécute et appuie sur un bouton au milieu de son tableau de bord, sans écouter les protestations de Rosalyn. Instantanément, un bruit sonore, sourd et régulier emplit la voiture, en même temps que le toit se replie sur le coffre. Je ne savais pas que la Volvo noire de Carter était une décapotable. En même temps, il faut dire que nous l'utilisons toujours de nuit, alors je n'ai pas eu beaucoup de temps pour la regarder plus en détail. Tout ce que je sais c'est qu'elle est belle, luisante et sans doute très chère puisqu'il en prend toujours très soin.

Ouvrir le toit s'avère être une bien plus mauvaise idée que je l'aurais imaginé. Dès que nous n'avons plus rien au-dessus de nos têtes pour nous protéger de l'extérieur, une bourrasque de vent frais nous arrive en pleine figure, accentuée par la vitesse un peu excessive de Carter pour éviter que nous arrivions en retard. Je ne regrette absolument pas le gros pull et le jean que j'ai choisis de mettre pour ce soir, au moins à défaut d'être aussi beaux que les robes de Rosalyn et Apolline, mes vêtements me tiennent chauds. Elles en revanche doivent mourir de froid. Heureusement pour nous, le ciel est dégagé et il ne pleut pas. C'est une bonne chose. Je ne veux même pas imaginer le calvaire que ce serait si c'était le cas : en plus d'être frigorifiés nous serions trempés.

DES NUITS PLUS CLAIRES QUE TOUS VOS JOURS [IS HE A BAD BOY ?]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant