CHAPITRE VINGT-ET-UN

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Est-ce la paranoïa qui me guette ou mon sens de la préservation qui parle ?

Dans le doute, j'accélère le pas pour distancer mon potentiel poursuivant, un sentiment de déjà vu désagréable dans la poitrine.

Le fait que je ne me situe absolument pas à San Francisco et que je sois dans un endroit qui m'est totalement inconnu ne m'aide pas à me sentir en sécurité, surtout avec le ciel qui s'assombrit de seconde en seconde alors que la lune devient la seule source de lumière naturelle.

Bientôt, elle devient même l'unique chose qui me permet de voir où je pose les pieds alors que j'arrive dans une partie de la ville non éclairée et dont les trottoirs dénués de toute autre présence humaine me font paniquer. Dans quoi me suis-je encore embarquée ?

Les deux seules solutions qui s'offrent à moi sont de continuer à avancer en espérant trouver un coin plus animé plus loin ou rebrousser chemin et retourner en plein cœur de San Francisco. Cette deuxième option me semble la plus saine jusqu'à ce que je me rappelle qu'il est possible que je sois suivie. Or, si je reviens sur mes pas et que je tombe sur un serial killer, je risque de ne jamais sentir la chaleur des rayons du soleil sur ma peau à nouveau.

D'un autre côté, je n'entends plus de pas résonner derrière moi, le seul son parvenant à mes oreilles étant le vent se prenant dans les feuilles des arbres le long du trottoir. J'ai dû psychoter, comme toujours et imaginer qu'on m'a suivie. Depuis que les journalistes ont pris la fâcheuse tendance de m'épier, je ne me sens nulle part en sécurité.

Un soulagement bien mérité s'empare de mon corps quand je me rends compte que je suis bel et bien seule dans cette rue. Instantanément, le poids qui obstruait ma poitrine s'allège pour me laisser de nouveau respirer normalement. Scarlett a raison, il faut que je me ménage, ce n'est jamais bon d'entendre des bruits qui n'existent pas ailleurs que dans sa tête.

Comme je suis loin d'être rassurée à l'idée marcher ainsi seule dans la pénombre du crépuscule, je tourne les talons et entreprends de faire le chemin inverse. Si je n'avais pas oublié mon téléphone en partant de mon appartement plus tôt dans la journée, j'aurais pu chercher ma destination et être certaine de ne pas me perdre en cours de route. Mais comme toujours, notre téléphone n'est jamais là quand on a besoin de lui. Je devrais être habituée à force.

Lorsque je parviens à une intersection, je m'arrête, tiraillée entre mes pensées contradictoires. Est-ce que je suis venue par la première embouchure ou par la seconde ? Je sais que je n'ai pas pris celle qui continue tout droit puisque je ne reconnais pas les bâtiments, mais ça s'arrête là. J'étais tellement obnubilée par les pas derrière moi que j'en ai oublié de mémoriser mon chemin. Quelle idiote ! Mais techniquement, si elles tournent toutes les deux du même côté, elles finiront par se rejoindre sur la même rue, non ?

A rester figée devant la première ruelle pour prendre ma décision, j'en viens à frissonner. Le vent glacial fouette mon visage et agite mes cheveux en tous sens. Sans oublier le plus désagréable : comme je suis en jupe, il s'immisce sous mes collants et vient chatouiller ma peau frigorifiée, me donnant la chair de poule.

Le silence pesant qui règne dans cette partie de la ville est loin d'arranger les choses : il ajoute du morbide à l'ambiance malsaine qu'il se dégage de l'endroit. Si l'on fait abstraction du souffle du vent qui gémit, mon rythme cardiaque s'est tellement accéléré que je peux entendre chaque battement de mon cœur qui martèle de plus en plus fort dans ma cage thoracique de seconde en seconde.

— Fais un choix Cassandra, je m'intime à haute voix en jaugeant les deux ruelles transversales.

En observant attentivement la première, je ne reconnais absolument rien alors je me dirige vers la deuxième pour réaliser la même observation.

DES NUITS PLUS CLAIRES QUE TOUS VOS JOURS [IS HE A BAD BOY ?]Where stories live. Discover now