DES NUITS PLUS CLAIRES QUE TOUS VOS JOURS [IS HE A BAD BOY ?]

CHAPITRE DIX-NEUF

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Sixteen artistique

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Ça y est, je suis fin prête pour aller voir l'exposition de Violet.

Mes vêtements sont enfilés, ma préparation est terminée – à l'exception de mes cheveux qui ont besoin d'un bon coup de brosse –, mes affaires sont dans mon sac. Cassandra la méticuleuse maniaque et organisée est de retour.

La seule ombre à mon programme parfait, c'est l'oubli d'un paramètre primordial dans mon temps de préparation : ma colocataire. Ça doit faire pas loin de dix minutes que je suis assise sur mon lit, un livre entre les mains sur lequel je suis tout sauf concentrée. J'attends patiemment que Sixteen daigne me laisser la salle de bains pour ma dernière vérification et mon brossage de cheveux. Mais j'ai l'impression que je peux toujours attendre. Elle était déjà enfermée à l'intérieur lorsque je suis arrivée à l'appartement après ma journée à la bibliothèque et depuis elle n'en est pas sortie.

Lorsque je me rends compte que les mots s'emmêlent sous mes yeux, ce qui me force à relire trois fois chaque paragraphe pour en comprendre le sens, j'abandonne l'idée de me distraire avec une histoire. A la place de quoi je saisis mon téléphone sur ma table de nuit qui vibre lors de ma prise en mains. C'est Carter qui me souhaite une bonne soirée.

Un sourire comblé vient illuminer cette sombre attente alors que je lui renvoie l'amour qu'il m'a transmis dans son message. S'il a d'abord été déçu qu'on ne puisse pas passer la soirée ensemble parce que je l'ai réservée à Violet, Carter n'a pas fait la tête longtemps. Il sait que mon soutien est important pour notre petite artiste en herbe et que ce qui est important pour elle l'est également pour moi. Je lui ai proposé de nous accompagner mais il a préféré nous laisser entre filles. Disons que le fait qu'Apolline soit présente ne le ravissait pas. Ces deux-là ont vraiment un problème.

L'eau qui continue de couler de l'autre côté de la porte commence sérieusement à m'inquiéter. Pour maintenant, elle doit être glacée, donc sauf si Sixteen prévoit d'inonder notre appartement, c'est qu'il s'est passé quelque chose. Peut-être est-elle tombée et s'est évanouie ?

J'essaie d'ignorer mon mauvais pressentiment mais plus les minutes s'écoulent, plus mon inquiétude augmente. La seule chose qui m'a retenue de ne pas lui faire de remarque, c'est que lorsqu'on la dérange, Sixteen devient exécrable. Vraiment odieuse. Et je n'ai pas envie de gâcher ma bonne humeur avec elle. Je préfère la conserver jusqu'à ce que j'arrive à l'exposition de Violet.

Néanmoins, ça fait un bout de temps qu'elle devrait être sortie... Si elle s'est évanouie, elle risque de se noyer avec les flots qui coulent du pommeau de douche. Ne pas lui venir en aide alors qu'elle est dans le besoin, c'est me rendre coupable d'un crime, pas vrai ? Au diable sa future colère, mes problèmes de conscience prennent le dessus.

— Sixteen ? je murmure en frappant contre la porte.

Afin d'être certaine de saisir une supposée réponse de sa part, je colle mon oreille contre la porte et tente de faire abstraction du reste pour me concentrer dessus. Mais l'eau ne s'arrête pas et je ne perçois aucune réponse. En même temps, la pression de la douche, le bruit de l'eau qui coule doit cacher ma voix.

Je réessaie, plus fort cette fois mais je me heurte à la même absence de réponse qui m'inquiète de plus en plus.

Il faut que j'agisse. Il faut que je trouve un moyen de pénétrer dans la salle de bains.

Même si c'est mal de rentrer dans son intimité comme ça, c'est un cas de force majeure.

Ma main va se poser sur la poignée que j'hésite à actionner. Mais mon combat mental entre mon envie d'appuyer dessus et ma répulsion à l'idée de franchir des limites ne dure qu'une seconde. J'attrape ma carte bancaire dissimulée dans la coque de mon téléphone et l'insère dans la fente de la serrure qui se déverrouille dans un « tic » sonore.