CHAPITRE DIX-HUIT

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Passion romanesque

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Plusieurs jours s'écoulent sans que rien de spécial ne se passe. Les jours ne tardent pas à se transformer en semaines, annonçant le beau temps printanier. Puis nous arrivons en mars, mois spécial car il abrite mon anniversaire. Le climat se réchauffe à mesure que mes nerfs s'échauffent à leur tour. Il ne reste plus que quelques jours avant le procès médiatisé de ma famille, se déroulant peu de temps avant mes dix-neuf ans. Leur sentence sera soit un cadeau, soit un fardeau suivant la décision des jurés. Le pire c'est que je suis incapable de décider ce qui serait meilleur pour moi : que mes grands-parents sortent définitivement de ma vie ou qu'ils y entrent à nouveau. S'ils sont relâchés, pourrais-je leur pardonner un jour ? Je n'en suis pas certaine. Seul le temps nous le dira.

Pendant ces quelques jours, les menaces et la pression des journalistes que je continue à avoir sur le dos ne s'est pas amenuisée, au contraire. Je n'en peux plus de les voir partout où je vais, même là où il ne sont pas. A force de m'imaginer qu'ils sont là, je vois des appareils partout. La paranoïa me fait prendre des décisions que je regrette parfois.

Il faut dire que lorsque l'on découvre des photos de soi dans la presse, des photos prises à son insu, à des moments que je ne pensais même pas qu'il était possible qu'on me prenne en photo, on doute de tout et on commence à se sentir observé temps que temps. Plus aucun endroit ne nous paraît sécurisé, on a l'impression que même dans notre intimité on est épié.

Plusieurs fois, les journalistes ont tenté de m'intercepter à la sortie des cours ou attendaient que je sorte du campus pour me mettre la main dessus. Et ce malgré mes demandes incessantes auprès de l'administration pour mieux filtrer les entrées dans l'université. Les journalistes peuvent se montrer ingénieux lorsqu'ils sont sur un scoop tel que les secrets de la famille Tanner. Les secrets de mes grands-parents qui sont devenus les miens sans me laisser le choix.

Heureusement, après que Scarlett ait elle-même appelé pour rapporter l'incident de l'appartement puis des journalistes, des limites de passage ont été instaurées. Encore une preuve que l'argent achète tout. Je ne comprends pas comment mes grands-parents n'ont pas encore versé des pots de vin à tous les jurés. Peut-être que eux sont justes et ne se laissent pas influencer. Ou peut-être que la presse dit vrai et qu'ils n'ont plus d'argent. Mais je ne crois pas trop à cette hypothèse.

Et puis, la plupart du temps je ne suis jamais seule sur le campus, ce qui force d'éventuels paparazzis à rester éloignés. Quand ce n'est ni Kate ni Apolline qui sont avec moi, c'est Carter qui joue les gardes du corps personnels. Généralement, il m'attend le matin devant ma résidence et le soir je rentre avec mes amies l'histoire de ne pas lui prendre toutes ses soirées.

— Bibliothèque du campus de Berkeley, j'écoute, je dis à voix haute après avoir décroché le téléphone sur mon bureau, interrompant mes rêveries.

— Oh c'est le bon numéro ! s'exclame mon interlocutrice, a priori ravie de cette découverte.

Même à travers le filtre du téléphone, je reconnaîtrais entre mille la voix toute douce de Violet. Qu'elle soit énervée – quoi que, je ne l'ai jamais vue perdre contenance –, triste, stressée ou enthousiaste, elle garde le même timbre, calme et léger, si faible que je suis contrainte de coller le combiné au plus près de mon oreille pour saisir tous ses mots.

— Vio ? C'est toi ?

Elle acquiesce avec un simple « hum, hum ». Elle n'a pas besoin d'en dire plus.

DES NUITS PLUS CLAIRES QUE TOUS VOS JOURS [IS HE A BAD BOY ?]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant