DES NUITS PLUS CLAIRES QUE TOUS VOS JOURS [IS HE A BAD BOY ?]

CHAPITRE QUATORZE

Rien qu'à cette pensée, je sens la nausée monter dans ma gorge. Combien de filles a-t-il dans son carnet de chasse ? Des centaines et des centaines. Il les a toutes faites espérer, comme moi et les a jetées comme des moins que rien. Ce gars est une ordure. Comment ai-je pu vouloir essayer de comprendre le détestable homme qu'il est devenu ?

— Il est à deux pas d'ici mais je n'ai ni le badge, ni la clé, je confie à Apolline en prenant une longue inspiration pour tenter de me maîtriser.

— Ne me dis pas qu'ils sont dans l'appart de ton cousin ?

A ma tête dépitée, elle sait que c'est le cas. Je les ai laissés dans une boîte sur mon bureau. Et ce depuis le jour de mon arrivée. Je n'ai pas encore eu le courage d'y retourner par peur de tomber sur Sixteen. Mais il faudra bien qu'on crève l'abcès si on veut finir l'année scolaire sans s'être assassinées l'une et l'autre.

— OK., voilà ce qu'on va faire, planifie Apolline. Je vais aller les chercher pendant que Léo reste avec toi et après on y va. Et si ta coloc s'avise de te faire une remarque, je lui clouerai le bec à celle-là.

Je ne peux pas m'empêcher de sourire aux paroles d'Apolline. Elle a toujours cette dose d'humour que j'adore et qui détend l'atmosphère à coup sûr. Je ne doute pas qu'elle n'hésiterait pas à dire ses quatre vérités à ma colocataire mais ce soir, avec toute l'amertume que je ressens au plus profond de moi, je pense que si elle fait une crise, c'est plutôt moi qui risque de m'emporter si je dois régler mes comptes avec elle.

— Bougez pas, j'en ai pour cinq minutes, nous lance Apolline en saisissant la clé de l'appartement de mon cousin que je lui tends.

Je regarde Apolline s'éloigner jusqu'à ce qu'elle soit hors de portée et je m'écroule sur le trottoir, sans tenir compte de l'exclamation surprise de Léo. Je ramène mes genoux contre mon torse et je passe mes mains sur mes yeux. Ils sont secs. Fatigués. Comme mon âme.

— Hé, Cassie ! Reprends-toi ! m'ordonne presque Léo. Ce gars ne mérite pas ton affection. C'est un sale type qui joue avec tes émotions alors ne le laisse pas gagner.

— J'essaie Léo. Je te jure que j'essaie. Mais je n'y arrive pas.

Peu importe le nombre de choses affreuses que Carter me fait vivre, je crois qu'au fond de moi il y a toujours cette lueur d'espoir qui brille. Chaque fois que je veux m'éloigner ou l'abandonner, elle me souffle de m'accrocher, d'essayer de le comprendre. Je sais que le Carter que j'ai connu est quelque part en lui et un jour je le ramènerai.

— Et tu peux me dire ce qu'il s'est exactement passé entre vous ? me demande-t-il en ignorant ma réponse. Parce que au lycée, j'avais l'impression que vous vous aimiez. Vous étiez genre le couple goal.

— Moi aussi je le croyais mais il m'a bien eue. Il m'a dit qu'il tenait à moi et comme une idiote naïve je l'ai cru. Il était si gentil avec moi !

— Je crois qu'il t'aimait vraiment, tente de m'expliquer Léo avec retenue. Parce que au stade où vous étiez, c'est impossible de simuler le bonheur à ce point. Même en étant un excellent acteur. Il a dû se passer un truc. Un truc de grave.

— Mais quoi ? Telle est la question. La seule chose dont je suis certaine c'est que ça n'a rien à voir avec moi mais avec ce Aaron. Tu ne le connaîtrais pas par hasard ?

C'est ma seule piste pour l'instant et je prends toutes les informations que je peux récupérer. Sachant qu'il était en colocation avec Carter, Cédric et Jérémy à Barrows, peut-être qu'il a entendu quelque chose par rapport à Aaron. On ne sait jamais.

— Non, je suis désolé, soupire Léo. Ça ne me dit rien. Tu sais, il était pas mal secret et ne parlait jamais de choses le concernant. Mais courage, tu finiras bien par le découvrir. Les secrets finissent toujours par remonter à la surface un jour ou l'autre.