CHAPITRE TREIZE

Depuis le début
                                    

— Hé, Ariel tu rentres danser ? nous hèle quelqu'un de l'intérieur de la résidence.

De toute évidence, il s'adresse à Apolline. Il n'y a qu'elle dans les parages qui a revêtu un costume de sirène et est maquillée comme telle. Elle décide de l'ignorer et reporte son attention devant nous.

— Alors ma petite sirène, tu te ramènes ? insiste-t-il lourdement.

Apolline soupire en levant les yeux au ciel et décolle ses fesses couvertes de sa jupe pour rejoindre le garçon. Elle me lance un « je reviens » et je la suis du regard jusqu'à ce qu'elle arrive à la hauteur du garçon déguisé en dieu grec. Il la déshabille du regard et la siffle quand il arrive au niveau de la brassière qui retient sa poitrine. De là où je suis, j'entends toute leur courte discussion.

— Alors déjà mon coco, tu vas redescendre du Mont Olympe illico presto et me parler autrement parce que je ne suis pas un chien, commence-t-elle en posant ses mains sur sa taille.

— Bien sûr ma sirène, acquiesce-t-il en pouffant. Je vais descendre pour venir te chercher et je t'enverrai au septième ciel. Oh oui, tu vas adorer !

J'aurais pu prévoir à dix mille kilomètres la claque monumentale qui s'en suit. Pourtant, ça reste un moment épique. Le pauvre dieu grec reste planté sur le seuil de la porte, à se tenir sa joue rougie par la main d'Apolline, ébahi. Il a dû forcer sur le punch.

— Ah, et au fait, renseigne-toi mieux la prochaine fois, lui lance Apolline en me rejoignant. Je suis une sirène démoniaque, pas la naïve petite Ariel, Monsieur-je-t-enverrai-au-septième-ciel, mon cul ouais.

Je pouffe face à l'expression outrée de ma meilleure amie. J'aurais aimé avoir filmé la scène tellement elle était parfaite.

— Quoi ? me demande-t-elle rhétoriquement. Tu crois que j'aurais dû le castrer en plus de lui baffer la joue ? Ça lui aurait peut-être passé l'envie de se faire une sirène.

— Apo, je m'exclame entre deux rires, tu es géniale !

— Ne me dis pas que tu ne t'en aperçois que maintenant, Cassie. Bien sûr que je suis géniale. Je suis même plus que ça : je suis extraordinaire.

Et nous rions toutes les deux de bon cœur. Qu'est-ce qu'elle m'avait manqué pendant ces premières semaines de cours. Finalement, juste pour Apolline, je suis prête à dérober à mes plans et rester à la fête un peu plus longtemps. De toute façon, ce n'est pas comme si j'avais mieux à faire un jeudi soir de vacances.

— Allez, viens on retourne s'éclater à l'intérieur ! s'exclame subitement Apolline en me traînant par le bras à l'intérieur de la résidence.

Je soupire en avançant vers la grande pièce à l'autre bout du hall sur les talons de ma meilleure amie. Sans me demander mon avis, elle saisit un verre au passage qu'elle me plante dans la main qu'elle ne me tire pas et en prend un pour elle, qu'elle boit d'un trait. Devant mon regard dubitatif, elle hausse les sourcils.

— Quoi ? me crie-t-elle pour couvrir le bruit à l'intérieur de la pièce dans laquelle s'entassent les étudiants. On a bientôt dépassé minuit, je viens de me faire traiter de sirène Disney et la musique est tellement nulle que je pense que j'ai le droit à un verre. Prends exemple, Cassie.

Apolline n'a pas faux sur ce coup là. La musique est loin d'être de bon goût mais je ne vois pas trop en quoi l'alcool l'aidera à mieux la supporter. Mais pour ne pas passer pour une rabat-joie, j'imite ma meilleure amie et bois mon verre avant de le poser sur une table réservée à cet effet. Un verre ne me fera rien et puis il est temps que je me laisse un peu aller. J'ai dix-huit ans, je suis à l'université et je suis avec ma meilleure amie. C'est la soirée parfaite.

DES NUITS PLUS CLAIRES QUE TOUS VOS JOURS [IS HE A BAD BOY ?]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant