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Riley restait toujours sur ses positions depuis qu'il m'avait emmené voir Jason. Il n'était plus question de le convaincre, ou même de trouver le bon argument car il ne souhaitait plus en entendre parler.

Dans les jours qui suivirent, j'essayai de relativiser en me disant que le jeune homme me donnerait des nouvelles de mon ami en cas de changement. Mais plus les jours passaient, plus je me rendais compte qu'il m'évitait.

Pour quelle raison ?

On s'était certes, pris la tête, mais nous avions vécu pire que cela. Carlton lui avait-il donné l'ordre de ne plus me voir ?

J'approchais de mon cinquième mois et mon ventre augmentait de volume, à chaque jour que dieu faisait. J'eus l'impression de ressembler à une grosse baleine, et par moment, je demandais quand j'arrêterais d'aller aux cuisines.

Avait-il décidé de me faire suer jusqu'au bout ? Sûrement que oui. Tout le monde s'en fichait bien de toutes manières. Certains préféreraient même que je sois morte.

Lors du rassemblement, ce jour-là, je n'écoutai que vaguement les propos de notre cher Carlton. Il ne sut que parler de lui, et donner des nouvelles de la base russe, qui était à chaque fois plus mauvaises.

Et qu'en était-il du climat ? Quelqu'un s'était-il penché là-dessus ? Pourrions-nous sortir bientôt de ce trou à rat ? Carlton n'évoqua même pas le sujet. Exactement ce que je pensais. Nous n'étions qu'une fourmilière, une bande d'ouvrier destinée à le nourrir et à faire tourner la machine.

Shruger n'était pas si mauvais que cela en fin de compte, car lui avait utilisé des vraies machines, pour que nous ne trimions pas. Je le regrettais presque.

—Bien, nous arrivons au dernier point de notre réunion. Un point essentiel puisqu'il s'agit du règlement... Une loi a été transgressée et les coupables devront en répondre devant notre justice... commença Carlton qui se frottait les mains.

De toutes évidences, quelqu'un s'était fait avoir. Riley et moi avions eu de la chance ce coup-là. Mais encore une fois, je savais qu'il y avait plus important. L'humanité ne s'attachait-elle qu'aux choses futiles qu'offrait la vie ? Je paierais cher pour connaître la réponse à cette question.

—Malheureusement, cette transgression a été commise il y a quelques semaines, et je viens seulement d'en être informé. Des révélations indirectes qui m'ont révélées les noms des coupables.

De quoi parlait-il ? Si ce fait avait été commis trois semaines auparavant alors, oui, je plaidais coupable. Mais ça voudrait aussi dire qu'il me tenait. Ou que Riley nous avait dénoncé ? Il ne ferait jamais une chose pareille, en revanche, cela expliquerait son comportement récent.

—Je prie donc, monsieur Riley Hemsworth et Mademoiselle Alanah Morrison de venir se présenter devant la cour, après le rassemblement. Sur ce, passer tous une bonne journée.

Carlton nous laissa devant le fait accompli et permit à la foule, surprise, de vaquer à ses occupations. Riley et moi étions les seuls à rester immobiles alors que rien ne nous y obligeait.

J'étais assommée, perdue, et incapable de digérer la nouvelle.

Un bref coup d'œil dans la direction de Riley m'apprit que lui aussi n'y croyait pas. Blanc comme un linge, il n'était sûrement pas le corbeau qui nous avait dénoncés à Carlton.

Qu'allait-il nous arriver désormais ? Difficile à dire.

—Suis-moi ! m'ordonna Riley pressé d'en finir.

Dans sa précipitation, je lui emboitai le pas et le suivit tant bien que mal, dans une aile réservée, ou personne n'allait jamais. Le genre d'endroit qui fichait généralement la trouille. Et notre trajet fut bien plus court que je ne l'imaginais. Malgré cela, mon souffle se coupa quelque fois, tâchant de se remettre et mon cœur faillit lâcher après l'effort. Il ne nous restait plus qu'à franchir ladite porte qui nous séparait de notre juge, juré et bourreau. Je doutais malheureusement d'en sortir libre.

Le Dernier RemèdeWhere stories live. Discover now