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Shruger avançait tranquillement. Derrière lui, nous restâmes silencieux tandis que les gardes fermaient la marche. Avoir l'équivalent d'un arsenal militaire, derrière notre dos, ne nous rassura pas du tout. Le silence de plomb fut tout aussi pesant.

—Je vais vous faire traverser l'avant du train et vous faire visiter. Je souhaite vous faire comprendre à quoi sert l'arche.

La première rame en question arriva quelques minutes plus tard. Par sécurité, Jason se plaça à ma gauche, comme pour m'encercler. Je ne me sentais pas mieux.

—Ici nous fabriquons la nourriture, lança la voix de Shruger qui tapota sur une machine.

Le reste de la rame n'était qu'un désert. Une seule machine trônait là et personne ne s'en occupait. Ça ne nous disait pas comment la nourriture était produite, et même Shruger ne nous offrit pas ce plaisir.

De toutes façons, sa majesté ne traina pas plus et nous conduisit dans la pièce suivante. Les canons des armes dans notre dos, nous décidâmes d'obéir malgré nous. D'ailleurs la suite de cette petite mésaventure s'avéra bien plus mouvementé, ou plus exactement plus peuplée.

La rame suivante, plus petite, était plus bondée et habitée par une foule de bourgeois qui n'eut rien d'autres à faire que de nous détailler. Nous étions à leurs yeux, des bêtes de foires, des animaux, qu'ils observaient avec intérêt. Pas un regard n'échappait à la règle.

—Ici, c'est le salon de thé ! Divers aquariums ont été installés dans les parois. Ils sont destinés à protéger quelques espèces.

Ce qui expliquait sa taille si différente des autres. Mais je devais avouer qu'un salon de thé, où les gens buvaient, était fort utile en ces temps de crise planétaire.

—Et ce salon protège vos boissons chaudes et alcoolisées ? ironisai-je outrée par de telles fantaisies.

Shruger me lança l'un de ses regards noirs dont il avait le secret. Pour lui, cette débauche de victuailles était normale. J'étais incapable de m'expliquer sur le sujet tant cela m'horripilait.

Michael et Jason, eux, auraient bien voulu bondir sur notre guide pour l'égorger. Je me permis de le rêver un peu, juste pour me calmer.

—Il ne faut pas oublier, commença le quinquagénaire en se tournant vers nous, que c'est grâce à eux que vous êtes encore en vie. Sans l'arche, vous ne seriez plus là depuis longtemps.

—C'est tellement mieux de nous affamer et de nous faire croire à une longue vie alors que vous désirez notre mort à tous.

—Et bien, cela confirme ce que mon père disait, fit simplement notre bourreau.

Et que disait-il ? voulut savoir Michael incrédule.

—Que ce monde n'est régi que par la loi du plus fort et que les faibles n'ont de places qu'en enfer.

A cette réflexion, ma colère monta d'un cran et je n'eus qu'une idée en tête, le tuer. Si Michael et les soldats de Shruger n'avaient pas été là, j'aurais atteint mon but depuis longtemps.

Le Dernier RemèdeWhere stories live. Discover now