.50.

16 3 0
                                    


Je mourrais d'envie de partir en courant. De disparaître. Il m'insupportait avant que je n'aie eue la moindre conversation avec lui. Riley ne semblait pas pour autant embêter par sa présence. Il alla jusqu'à lui serrer la main, ce que je ne fis pas. Plutôt réticente à l'idée de le toucher, je restai en arrière.

Le prendrait-il pour un manque de respect ? Me ferait-il tuer ?

—Une petite timide ... Plaisanta le dénommé Carlton qui fit comme si de rien n'était.

—Il lui faudra peut-être encore un peu de temps avant d'être remise, le rassura Riley.

—Oh, et bien ... Elle ne commencera pas maintenant, c'est dommage. Nous aurions bien besoin de quelqu'un en cuisine pour aider Juanita.

Riley venait sans doute de me sauver la vie... Ou plus exactement de me faire gagner un temps précieux. Et bien sûr, Carlton n'en rajouta pas plus. Il nous salua donc et fila vers l'aile des dirigeants avant de disparaître pour de bon. Pourquoi une aile des dirigeants ? Alors que Riley et moi étions seuls au milieu d'un hall gigantesque, je ne pus m'empêcher de lui poser la question.

—Carlton et trois autres types ! Il faut bien des règles et des leaders !

—Si tu le dis !

Le même guêpier qu'autrefois. Et celui-ci, je ne pourrais pas en prendre le contrôle. Ils étaient quatre. J'étais seule. Personne ne se lèverait contre eux. En fait, ils avaient tous l'air heureux comme ça et cette hiérarchie établie depuis longtemps semblait fonctionner. Comment ? J'aurais aimé le savoir. Pour ma part, le bonheur était quelque chose d'illusoire, que je n'attendrais jamais.

La vie m'offrait une seconde chance, pourquoi devrais-je la saisir si elle me rendait plus malheureuse encore ? Je ne pourrais jamais faire sans Michael, et sans Jason. Depuis toujours, ils avaient été mes seuls proches, hormis mes parents, évidemment. Même eux me manquaient, et il avait fallu faire sans. J'y étais parvenue d'ailleurs. Parviendrais-je à combler celui-ci ? Un jour....

—Tu veux retourner à ta chambre maintenant, c'est ça ? devina Riley.

La faim m'avait quitté, mais des questions arrivèrent à moi, par dizaine.

—Oui, et encore plus de questions en tête. J'ai été enfermée dans un train, alors être coincée dans une chambre ne me fait pas peur. Je préfère ça à... Carlton et son idée de me faire faire la cuisine.

—Je m'en doutais.

Maintenant face à moi, Riley m'offrit son plus beau sourire. Un réconfort des plus bénéfique pour le peu de temps que cela dura.

—Il y a eu des survivants ? Combien ?

—Peu. Deux d'entres eux sont morts hier.

Ce qui expliquait sa colère et sa mine maussade de ses derniers jours.

—N'y a-t-il pas moyen que je les vois ? osai-je demandé. Pour m'assurer...

—Ce n'est pas possible, je suis désolé ! s'excusa-t-il alors qu'il se détournait de moi.

Pas le genre de réponses que je souhaitais d'entendre. Déçue, j'insistai un peu, mais il ne changea pas d'avis. C'était vraiment trop demandé ?

—Si ça peut t'aider, les deux défunts s'appelaient Joannie et Max.

—Et qui sont les autres ?

S'ils connaissaient leurs noms, il me les donnerait aisément. Malheureusement pour moi, je n'eus que des mauvaises nouvelles.

—Ils sont dans le coma, alors je ne sais pas. Désolé.

Il ne savait que s'excuser. Ça ne m'aidait pas vraiment. En fait, ça me déprimait plus que de raisons. Mon chagrin revenant à la charge, j'essuyai les larmes aux coins de mes yeux. Une attitude inquiétante qui ne rassura pas mon ami. Celui-ci décida de me raccompagner immédiatement à mes appartements. Je n'avais plus faim de toute manière. La cafétéria attendrait.

—J'ai accepté ta demande, ne m'en veut pas d'être le messager, supplia-t-il pour détendre l'atmosphère.

Oui, mais le porteur de mauvaises nouvelles n'était jamais le plus apprécié.

Le Dernier RemèdeWhere stories live. Discover now