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L'obscurité avait pris place. Une rafale glaciale me saisit durant un instant où seul le silence régnait. Le froid gelait peu à peu mes membres endoloris. Nous avions attendus des heures pour grimper. Nous nous étions battus, et nous venions sans doute d'échapper au pire. Comme tous les autres. Ou alors était-ce l'inverse ? Allions-nous vers notre issue finale ? Impossible de savoir qui avait le plus de chance de survivre dans cette histoire.

J'étais en vie, comme les nombreuses personnes présentes dans cette arche de Noé moderne. J'ignorais encore à quel point cela pouvait être important. La foule restée dehors, loin derrière nous désormais, mourraient dans les heures à venir, sous la neige, le vent, la glace, et les éléments déchaînés. Le sang qui avait coulé disparaîtrait bientôt pour ne laisser qu'un lointain souvenir déjà douloureux. Pourquoi me direz-vous ?

A cause d'un dérèglement climatique important qui nous conduisait petit à petit vers une ère glaciaire. Ce phénomène atteindrait son paroxysme dans les prochains jours. Là, nous étions à quarante degrés en dessous de zéro, en plein centre de Los Angeles. En deux jours seulement, et cela allait en empirant. Il était évident que rien ne survivrait et notre seule chance de survie était cette arche.

D'après la rumeur, elle abritait un gigantesque écosystème destiné à être préservé. Est-ce que cette solution fonctionnerait ? En tout cas, elle nous permettait d'espérer.

Entassés dans un espace plus ou moins grand, l'obscurité et le froid ne nous permettaient pas d'améliorer notre confort. Tout du moins pour le moment. Peut-être que dans les prochaines heures, nous aurions enfin des réponses. J'espérais, tout au fond de moi, que la situation s'arrangerait rapidement. Il ne me restait plus que la foi de toute manière.

Combien de temps cela durerait-il ? Dans l'ignorance, je restai prostrée dans un coin, et ne bougeai plus. Accroupie, les bras autour de mes genoux, j'attendais que les choses s'arrangent. La patience n'était pas mon fort. Il n'y avait rien de plus stressant que de rester dans cette masse bruyante et remuante. Fini la vie paisible au bord de la plage, les fêtes... Nous le savions depuis longtemps. Mon cœur battit à tout rompre et mon anxiété monta au maximum.

Comment trouver de la nourriture dans le noir ? Voilà l'une des nombreuses questions que je me posais. La faim tiraillait déjà mon pauvre estomac et les gargouillis me le rappelèrent à chaque instant. Il fallait que je me calme, bien que l'état général soit le même que le mien.

Comment calmer une foule entière que l'on ne pouvait pas contrôler ? Combien de temps s'était écoulé depuis le démarrage ? Une minute ? Une heure ? Une éternité ? Aucune notion de temps ? C'était impossible à dire. Cependant, je fus rapidement bercée par le balancement régulier du wagon qui nous abritait. Ça m'aidait à me calmer, et les quelques instants de silence augmentèrent cet effet apaisant. J'ignorais si cela durerait, mais j'en profitai largement, jusqu'au moment où les mauvais souvenirs de la disparition de mes parents ne me reviennent à l'esprit. Je les avais perdus, juste avant de monter dans le train, avant qu'une bagarre générale n'éclate. Je ne savais pas du tout s'ils avaient survécu. Et la seule pensée de leur mort fit couler silencieusement mes larmes le long de mes joues déjà rongées par les courants d'airs froid.

—Je veux de la lumière bordel, jura un homme non loin de moi.

Il n'était pas le seul. Je m'imaginai même installer le courant pour parfaire à ce besoin. Sans lumière, nous ne pouvions contrer aucune des menaces qui aurait pour but de nous tuer. Et dès que la faim s'installerait, le pire arriverait. Les morts s'accumuleraient et les plus courageux s'en sustenteraient. A cette seule idée, je devinai que notre calvaire ne faisait que commencer.

Le Dernier RemèdeWhere stories live. Discover now