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Une idée effroyable me poursuivie alors. Ce qui devenait tout à fait normal compte tenu de la situation. Arriveriez-vous à manger de la chair humaine ? Je trouvais cela inconcevable et pourtant, je tentais de me faire à l'idée que cela surviendrait très rapidement. Imaginez cette texture dans votre bouche. Les tissus, les muscles, la chair humaine... Celui ou celle qui aurait pu être un ami. Du cannibalisme pur et simple.

J'en serais incapable. Mais une fois confrontée à la famine et à la soif, de quoi serais-je capable ? Personne ne pouvait savoir à l'avance. Même les personnes les plus vertueuses commettaient des actes ignobles. Ces mêmes personnes deviendraient les plus dangereuses.

Je venais de monter dans cette arche qui ne cessait de rouler, et je pensais déjà au pire. Il fallait que je me remette, et me ressaisisse. Que je pense à autre chose.

Je repensais alors à divers moments heureux de ma vie, pour me changer les idées. Il y en avait très peu à me mettre sous la dent. Les séquelles d'un violent accident de voiture me hantait, et mon amnésie totale de ma vie d'avant ne me permettait pas d'accéder à ma jeunesse que je considérais comme volée. Les années lycées, les premiers amours... Je n'avais plus rien.

L'hypnose que l'on m'avait conseillée pour les récupérer n'avait jamais fonctionné. Ou alors, je ne m'en souvenais pas non plus. Je me rappelais simplement de mon réveil à l'hôpital et de ce qui avait suivi. Je paierais cher pour connaître cette partie de ma vie. Pour le reste, c'était assez vague. J'eus quelques bonnes relations, de bons amis, et des fêtes de fins d'années inoubliables. Mais ça s'arrêtait là. Je n'aurais même plus l'occasion d'être heureuse. Cet accident avait gâché ma vie. Seule ma famille comptait désormais. Et ce fut avec leur deux visages gravés dans ma tête que je me consolerais. Des visages qui me souriaient et me rassuraient par la même occasion.

En fait, en y repensant, il aurait mieux valu que je sois morte, et que je laisse ainsi ma place à quelqu'un d'autres, non ? Il fallait se ressaisir. J'avais lutté, et j'étais parvenue à monter au sein de cette arche. Si je décidais d'en finir, alors je devrais mourir avec le sentiment d'avoir volé la vie d'une autre personne. Oui, j'étais là pour lutter dans l'espoir de retrouver un jour ma vie d'avant. Pas pour faiblir et souhaiter la mort alors que tout venait de commencer.

Je souhaitais tout simplement une vie, sans aucune menace planétaire. Une ère nouvelle. Là était le but de tous. Faire perdurer la race humaine et animale. Personne ne rêvait de voir ce monde s'éteindre de la sorte.

Etre dans le noir, me faisait broyer du noir. C'était tout de même malheureux à dire. D'ailleurs, mon seul réconfort provenait du manteau qui me tenait chaud. Sans lui, l'hypothermie m'aurait déjà trouvée depuis longtemps. J'étais bien. Et sortir de mon nouvel habitat, surtout dans le noir, ne me disait rien.

D'ailleurs , au moment où mes yeux commencèrent à se fermer tous seuls, je fus surprise par un flash lumineux qui m'aveugla un instant. Un flash qui nous soulagea, et nous amena enfin ce qui nous manquait cruellement. La lumière. La possibilité de voir ce qui nous entourait. Prendre enfin en compte nos nouveaux quartiers. Notre nouvelle demeure pour une durée indéterminée. Une fois mes yeux adaptés à ce nouveau contexte, je n'eux qu'une envie, revenir rapidement en arrière pour oublier.

Le Dernier RemèdeΌπου ζουν οι ιστορίες. Ανακάλυψε τώρα