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5 ans plus tard...

Je me réveillai en sursaut au beau milieu de ce qui devait être la nuit. Je venais de revoir ce moment horrible durant lequel mon meilleur ami avait décidé de ne plus nous parler. Je n'arrivais toujours pas à m'y faire, et lui, à nous pardonner.

Il était d'ailleurs très rare de le croiser parmi les longues allées étroites de l'arche. Michael avait plusieurs fois tenté d'approcher son frère, en vain. A chaque fois qu'il me parlait de lui, son moral était au plus bas. Les choses avaient bien changé en cinq années et le compte des survivants n'allaient qu'en diminuant.

Chaque jour, pour nous nourrir, pour le comptage, nous avions cette même routine. Et les trois quarts du temps, il fallait chercher quelque chose à faire pour s'occuper, ou améliorer notre confort. Plus exactement, nous faisions en sorte de ne pas le rendre pire qu'il ne l'était déjà.

L'eau était la denrée la plus rare. Nous ne pouvions que boire ou nous laver, avec le peu que les soldats nous donnaient. Etant donné que beaucoup souhaitait survivre, nous laver n'était pas la priorité. Du coup, les odeurs de transpirations, d'excréments et d'urines, nous accompagnèrent tout le temps.

La nuit était le seul moment où l'on pouvait... Décompresser... Entre guillemet.

Etre blottie dans les bras de Michael ne me permettait pas d'être totalement rassurée.

Je ne pouvais me raccrocher qu'à lui et à personne d'autres. Nous nous aimions, et l'idée d'une éventuelle séparation, nous brisait déjà le cœur. C'était inconcevable.

Alors que j'étais contre lui, je pus sentir sa poitrine se soulever régulièrement et lentement. Un mouvement qui m'apaisait et me conduisit lentement vers le sommeil. Ce graal, ainsi que les bras de morphée m'échappèrent une nouvelle fois. Agitée, avec l'envie de décompresser, je m'échappai de mon cocon de chair humaine pour aller marcher un peu.

Evidemment par sécurité, je ne m'éloignai pas beaucoup. Le manque de lumière ne me permettait pas d'y voir grand-chose et j'aurais eu vite fait de me perdre. Même si je désirais être seule, mon âme sœur, elle, ne l'entendit pas de cette oreille et me rattrapa quelques secondes plus tard.

—J'ai fait un cauchemar, lui murmurai-je pour ne réveiller personne.

Dans le noir, la langue des signes ne nous servait à rien. Nous avions donc trouvé un système pour qu'il puisse communiquer avec moi. C'était compliqué, mais nous nous en sortions. Il utilisait le morse, sur mon épaule. Une technique que nous avions apprise grâce à un ancien soldat décédé désormais. Evidemment, ce n'était que pratique pour les mots rapides, pour le reste, nous évitions d'avoir des conversations dans le noir.

—Je voulais simplement me défouler, continuai-je anxieuse.

Aucun retour. A la place, il se contenta de me ramener à la couchette. Là, je m'assis, et il me prit dans ses bras. Il était bouillant.

Si la promiscuité, l'obscurité, l'odeur et tout le reste n'avaient pas éteint mes ardeurs, ainsi que ma libido, je lui aurais déjà sauté dessus.

Malheureusement, je devrais me contenter de ces étreintes et quelques baisers parfois langoureux. Je n'avais plus l'espoir de revivre une vie normale, ou de fonder une famille avec l'homme que j'aimais. En fait, je ne voyais que du malheur, et la mort comme issue.

Cette idée fit perler des larmes aux coins de mes yeux clos, mais mes pleurs restèrent silencieux.

Ça va ? demanda Michael dont la respiration s'affola.

— Oui, ça va. Juste un cauchemar, on en parlera plus tard.

Il accepta gentiment ma requête, ce qui me montra à quel point il était patient à mon égard. Après cette mauvaise passe, nous décidâmes de nous recoucher. Retrouver le sommeil s'avéra plus facile pour lui que pour moi.

Le Dernier RemèdeWhere stories live. Discover now