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Il me sourit et me rassura par la même occasion. Heureuse d'être dans ses bras, je ne désirais plus le quitter. Michael me comprenait si bien que nous n'avions pas besoin de communiquer.

Je revoyais sans cesse cette image à mon réveil, alors que je sursautais de peur. C'était tous les jours pareils. Le cauchemar qui me faisait comprendre que j'avais tout perdu, et qu'on ne me rendrait rien. Une chose bête à dire, puisque ma vie était la première chose qui devait m'importer. Non ?

Tremblante, et suant à grosse goutte, je ne cessais de me poser les mêmes questions. Michael aurait voulu que je continue à vivre normalement, sans m'inquiéter du reste. Il aurait aussi souhaité que je ne pense plus à son frère. Je ne ferais rien de tout cela. Pas de ma faute si j'étais têtue.

On frappa soudain à ma porte, et me tira de ma rêverie. Pour une fois, Riley me demandait l'autorisation avant d'entrer, chose plutôt étonnante pour quelqu'un qui ne le faisait jamais.

—Bien dormie ?

— ça va ! Au moins, on n'a pas essayé de me tuer pendant la nuit. C'est bien la seule chose positive pour le moment.

—Pourquoi essaierait-on de te tuer ? s'étonna Riley.

Il prit place sur une vieille chaise que je n'avais pas vraiment remarquée, se rendant plus distant que d'ordinaire. Il y avait beaucoup de changement d'un coup.

—Une vieille habitude de l'arche ! On n'y était jamais en sécurité. Certains se faisaient tuer, et d'autres...

Je me tus, désespérée d'y repenser à nouveau.

— ça avait l'air de craindre.

—Pas qu'un peu. Et en parler ne me bottait pas trop.

—Aujourd'hui, tu devrais rejoindre les autres. Tu auras une autre chambre.

—Ah bon ? m'étonnai-je. Pourquoi ?

—Tu es guérie et tu n'as plus besoin d'être soignée. Il faut que tu puisses t'intégrer.

Physiquement oui. Mentalement, c'était autre chose. Et me mélanger au reste de la civilisation risquait de faire remonter les mauvais souvenirs. En tout cas, je le redoutais. Je n'étais pas encore prête à recommencer une nouvelle vie pour la troisième fois...

—Et Carlton va sûrement te trouver quelque chose à faire...

—Comment ça ? l'interrogeai-je perdue. Cela a-t-il un rapport avec ce qu'il a dit pour la cuisine ?

—Entre autres. Il n'y a pas de fainéants ici. Tout le monde a une tâche à faire. C'est comme ça qu'on fonctionne. Autrement, tout le monde glanderait toute la journée pendant que d'autres aideraient la communauté. Ce ne serait pas juste du tout.

Ah oui ? Et lui, que faisait-il quand il n'y avait pas de malade à soigner ? Je me gardais de lui poser la question, tandis que le jeune homme m'expliquait le fonctionnement du bunker. Après cela, il m'incita à me lever. Si j'avais pu rester...

—Allez ! N'aie pas peur ! m'encouragea Riley confiant.

—Désolée ! m'excusai-je sans daigner bouger.

C'était pire que mon entrée en sixième. J'étais terrifiée. Depuis le début de ce cauchemar, j'avais commis l'irréparable et perdu quelqu'un de cher. Me sociabiliser de nouveau tiendrait du miracle, surtout avec mon caractère.

—Je ne vais quand même pas faire à manger ? me lamentai-je paniquée.

—Y a moyen.

—Je suis très mauvaise en cuisine, pour le peu que j'ai eu l'occasion d'en faire.

—C'est comme tout le reste, ça s'apprend ! Et tu réapprendras à vivre une fois que tu auras pris tes marques. Tu y es parvenue jusque-là. Le reste n'est pas plus compliqué.

Facile à dire pour quelqu'un qui était là depuis près de six ans.

Le Dernier RemèdeWhere stories live. Discover now