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Jason appuya sur le bouton, avec une grande hésitation. Nous n'avions qu'une seule arme, et ce fut Lincoln qui la braqua sur l'entrée qui s'ouvrit beaucoup plus lentement que la normale. Il n'y avait personne derrière, et l'obscurité régnait.

Il faudrait trouver un moyen d'éclairer les lieux afin de poursuivre notre mission. C'était déjà une belle victoire. En tout cas, c'est ce que je croyais au début, jusqu'à ce que la deuxième porte ne s'ouvre d'elle-même, sur une quantité d'hommes armés de lames tranchantes.

Nous étions cuits. Et il ne fallut que quelques instants pour que notre bonheur ne disparaisse, emportant en même temps, tous nos espoirs.

Ils allaient nous abattre comme de vulgaires porcs. Et avec une seule arme, il nous faudrait plus que de la chance. Des couteaux, face à nos poings si furieux soient-ils !

—Et merde ! jura Jason. On va tous y passer.

—Non, on va se battre ! rétorquai-je. On n'a pas le choix.

La main de Michael serra la mienne, plus forte que jamais. Nous n'étions pas prêts à en découdre, mais ne pas avoir le choix nous força à ne pas perdre de vue notre objectif. Abattre Shruger.

—Si on pouvait éviter cela, ce serait bien, lança Lincoln.

Un rien tendu, le colosse ne tenait plus en place. C'était troublant de le voir ainsi de la sorte. De toutes manières, ils n'attendirent pas notre accord pour avancer vers nous, avec toute la rage possible. C'était le moment ou jamais d'y aller.

Jason tira dans le tas, avec le peu de munitions en sa possession. Les vingt projectiles touchèrent leurs cibles, sans forcément les anéantir pour de bon. La moitié à terre, il nous en restait encore autant. Certains d'entre eux volèrent les couteaux de leurs amis morts ou blessés. Aussitôt, ils devinrent plus menaçants. Michael fut le premier à se lancer dans la mêlée, et ce malgré mes protestations.

Il évita, comme moi, de nombreux coups mortels, avant que Lincoln et deux autres gars ne le rejoignent. Très vite, ce fut la débandade, une bagarre généralisée, du sang et la mort qui ne cessait d'envahir les lieux.

Ôter la vie d'un homme, ami ou ennemi, n'était jamais plaisant. Je savais que c'était pour défendre ma vie, et celle des autres, mais cela ne changea pas mon état.

Je me sentais coupable. Une fois le calme revenu, je ne cessai de me dire que j'irais en enfer à cause de ça. Nous venions d'enlever la vie à une cinquantaine d'hommes et nous avions subis de grosses pertes. Mes esprits revenus, je cherchai Michael et Jason du regard. Ne les voyant pas à terre après ce massacre sans nom, je fus grandement rassurée, même au beau milieu d'un carnage de chair et de sang.

—J'ai besoin d'aide, hurla Jason.

Sa voix lointaine me fit comprendre qu'il se trouvait plus en avant du train. Agenouillé, celui-ci s'efforçait de sauver Lincoln dont l'hémorragie le conduisait droit vers la mort.

—Oh mon dieu !

Il n'était évidemment pas le seul, et nous ne pourrions pas tous les sauver. Je décidai d'aider le premier qui passa sous mes yeux. Après observation, je ne pus que déduire que lui aussi était condamné.

—Aidez-moi ! me supplia-t-il difficilement.

Ce serait compliqué. La lame d'un couteau, au manche brisé, dépassait de sa poitrine. Il était fiché droit dans son cœur. J'avais envie de pleurer. Incapable de faire quoi que ce soit, j'attendis à ses côtés, et lui serrai la main. La mort ne tarderait plus à venir le chercher.

Quelques minutes plus tard, je nepus me résoudre à l'abandonner même s'il n'était plus parmi nous. C'était de mafaute. Qu'avais-je donc fait ?    

Le Dernier RemèdeWhere stories live. Discover now