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J'eus l'impression qu'un couteau me traversait de nouveau le cœur. Les larmes apparurent aussitôt et m'obligèrent à penser aux garçons. Je revis des images les concernant, de notre passé, puis des derniers événements survenus dans le train.

Tout se mélangea rapidement, m'embrouilla l'esprit, avant de me faire disjoncter complètement. Ce fut à ce moment qu'une vague de rage et de colère déferla en moi et me poussa à en finir. Colère qui fut rapidement écourtée par les bras puissants de mon médecin attitré. Comment résister face à ça ?

—Essayez de vous calmer ! S'il vous plait ! hurla-t-il mécontent.

Il me serra doucement dans ses bras, et me berça. Cela canalisa ma fureur et me rassura. Si encore cela avait pu marcher... Je ne fis que pleurer et pleurer encore, mobilisant le reste mon énergie ainsi que son temps, alors qu'il avait sûrement d'autre chose à faire.

—Je sais que c'est douloureux à entendre, mais... ne vous levez pas tout de suite ok ? Evitez de bouger. Je ne voudrais pas vous recoudre encore une fois.

Il me repoussa enfin, avec délicatesse et accrocha mon regard humide de larmes. Même si je ne connaissais pas encore son nom, je savais que je pouvais lui faire confiance. Il me soignait, me consolait, et restait souvent à mes côtés.

Je l'espérais... ça ferait quoi si je me levais ?

Inutile que j'y réponde. La morphine n'agissant plus, la douleur commençait à se réveiller en bas de mon abdomen. Peut-être que si me levais, je rouvrirais la plaie.

—Je suis désolé pour votre ami ! me dit-il doucement. Nous le sommes tous. Mais pensez d'abord à vous. D'accord ?

Il me guida vers mon oreiller et me força à me coucher. Je n'eus plus aucune force pour lutter. J'étais totalement inerte. Mes yeux regardaient tout et rien, comme si j'étais un légume. Pourquoi continuer à vivre si plus rien ne me maintenait en vie ?

Deux hommes m'avaient aidé à survivre. Jason et Michael avaient été tout pour moi. Désormais, je me retrouvais seule. En fait, sans eux, je serais morte il y a presque six ans. Je devais l'en remercier, enfin j'y croyais.

—Vous voulez quelque chose ? me demanda-t-il.

Devant mon silence, il réitéra sa question. Il s'agissait probablement d'une simple formule de politesse après ce qu'il venait de m'annoncer. Rien d'amical, ou peut-être que je me trompais ?

Tout serait que néant désormais. Je vivrais seule, je m'adapterais à un nouvel environnement et faire de nouvelles rencontres.

Si j'avais pu l'éviter...

Ici dans cette chambre, je me sentais bien. Personne ne m'embêterait. Cela faisait tellement longtemps que je n'avais pas eu ce privilège... Je comptais le garder le plus longtemps possible et me battre pour le garder, bien qu'il n'y ait pas foule de ce côté.

—Je repasserai un peu plus tard. Prenez du repos. Dormez et ne faites rien d'autres.

Il se leva tranquillement et avec un dernier sourire, quitta la pièce, pour ne plus revenir. Cette fois, j'étais complètement seule.

Le Dernier RemèdeWhere stories live. Discover now