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Mes jambes endolories m'ordonnèrent rapidement de revenir sur ma décision de rester seule. La fatigue causée par la privation eut également raison de moi. Ce fut à ce moment que je regagnai ma couchette où cette fois-ci Jason dormait. Michael n'était pas là, comme à son habitude.

J'hésitais à m'annoncer. D'abord parce que je souhaitais pas le déranger, mais aussi parce qu'il n'attendrait pas pour me poser un tas de questions.

Devais-je le réveiller ou me mettre à ses côtés ? Je n'arriverais pas à dormir pour le moment, même avec tous les efforts du monde. Malgré tout cela, je m'assis à ses côtés et attendit en silence. Définir combien de temps s'était écoulé depuis le démarrage s'avéra impossible. Mais la montre du jeune homme me donna une explication. Elle indiquait, vendredi, 15h17. Cela faisait quarante huit heures. Deux jours seulement. J'avais l'impression d'être à bord depuis une semaine.

—Hey ! dit soudain une voix qui me sortit brusquement de ma rêverie.

Les yeux endormis, la mine malade, le pauvre n'allait pas bien du tout. Inquiète de son état, je me forçai à sourire. Lui faire comprendre qu'il devait rester couché ne fut pas une mince à faire.

—Tu nous fais la gueule ?

Comment être honnête sans être blessante ?

—Un peu. Vous auriez dû me le dire tout de suite, déclarai-je les yeux fixés sur mes pieds. Ç'aurait été plus simple.

Jason n'approuvait pas cette idée et ajouta que je ne les aurais pas cru. C'était vrai, mais le mensonge n'était pas mieux. Heureusement pour moi, je n'avais pas cœur à leur en vouloir. J'essayais seulement de trier tous les souvenirs qui m'étaient revenus.

—Tu te souviens de tout ?

J'en étais loin. Le principal m'était revenu. C'était suffisant. Etant donné la gravité de mon amnésie, j'aurais bien du mal.

—Je m'en rappelle suffisamment. Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi vous n'avez pas repris contact après mon accident ?

—Ton père nous a expliqué que tu ne te souvenais plus de rien, et que ce serait sans doute plus facile pour toi si ton passé ne te rattrapait pas.

Le jeune homme s'assit à mes côtés et me fixa du regard. A travers cet acte, je tentai de jauger son degré de sincérité.

—ça m'aurait sûrement aidé, rétorquai-je.

—Pour nous, c'était horrible.

Une idée qui frôlait donc la bêtise. S'ils avaient été là, ç'aurait été une bénédiction.

—De toute façon, nous venions de déménager à New-York. On ne se serait jamais vus.

—Et alors ? Si j'étais restée dans vos vies, Michael ne serait...

Pas muet ? Sûrement que si, mais personne ne le saurait jamais.

—Tu crois vraiment qu'il aurait arrêté son manège ? me demanda-t-il à deux doigts de rigoler.

—Manège ? m'étranglai-je. On a couché ensemble alors que je vous avais promis à l'un comme à l'autre qu'il ne se passerait jamais rien. Je tenais trop à notre amitié. Toi, tu t'en fiches peut-être mais pour lui, c'était sérieux.

Je me détournai de lui, trop énervée par son attitude et repensai à l'erreur que j'avais commise autrefois. J'aurais tant voulu que Michal soit là, ... pour pouvoir me faire pardonner. A la place, j'attendis comme un imbécile à côté d'un ami qui mourrait d'envie de passer à l'acte. N'étais-je qu'un objet ?

Il avait vite récupéré ses vieilles habitudes à mon égard. Envie que je m'empressais de calmer.

—Oublie ça ! ça n'arrivera jamais ! fais-je avant de le quitter.

—Tu avais dit la même chose autrefois, cria-t-il avant que je sorte de son champ de vision.

J'étais beaucoup plus jeune. Je faisais trop d'erreur. Je ne les ferais plus.

—La plus grosse erreur de ma vie ! lui retournai-je fortement.

Le Dernier RemèdeWhere stories live. Discover now