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Enceinte ?

Ma gorge se noua, et m'empêcha de déglutir correctement. Sous le choc, je faillis m'étouffer. Je savais Riley sincère sur ce coup. Il n'était sûrement pas du genre à dire des bêtises surtout sur un sujet pareil.

Alors qu'il me fixait du regard, je restai tétanisée, ne sachant plus quoi faire. Perdue. Sonnée. Cette nouvelle était-elle la cause de mon malaise ? C'était bête de se poser cette question. Evidemment que oui.

—Quoi ? fis-je finalement l'air incrédule.

—Tu es enceinte, Alanah. De quelques semaines.

Une vingtaine de jours tout au plus. Ma relation avec Michael n'était pas si lointaine que cela et ce fut la seule. Il était inconcevable à mes yeux qu'un enfant grandisse en moi alors que je ne parvenais pas à m'adapter à mon nouvel habitat.

Une chose de plus à ajouter à la liste des trucs que je ne pouvais pas digérer. Décidément, personne ne semblait vouloir me laisser tranquille.

—Alanah !

—Oui, j'ai compris ! répondis-je abasourdie.

Je finis par me redresser et m'assis à ses côtés, sans rien dire. Un peu plus et je tombais une nouvelle fois dans les pommes lorsqu'une nouvelle vague de vertiges me saisit. A la place, la nausée redoubla d'intensité. D'ordinaire, les nausées matinales d'une femme survenait plutôt le matin, non ? Après tout, je n'y connaissais rien.

—Désolé de t'annoncer ça comme ça, mais...

—Tu voulais me le cacher un moment pourtant, rétorquai-je froidement.

—Ce n'est pas le genre de nouvelle facile à dire à une personne perturbée, m'avoua le jeune homme.

Un qualificatif qui n'était pas de mon goût en revanche.

—Je te demande pardon ? m'étranglai-je peu sûre d'avoir bien entendue.

—Avec tout ce qui t'es arrivée, et tout ce dont tu ne m'as pas parlé, je pensais que tu n'accepterais pas cette nouvelle facilement. Ne m'en veut pas, s'il te plait !

Il croyait vraiment que je lui en voulais ? Ce n'était le cas du tout. C'était plutôt la façon dont il l'avait dit. En vrai gentleman, Riley resta cependant à mes côtés pour s'assurer qu'il ne m'arrive rien. Gentil de sa part. Il était bien le seul sur qui je pouvais compter. Le seul qui était assez patient pour ça...

— ça va aller ?

—Pas vraiment ! La journée était déjà pourrie... J'aurais dû m'y attendre.

—Est-ce que je peux te demander qui est le père ?

Une question bien indiscrète dont je me serais passée. Je ne pouvais, en revanche, me taire à ce sujet compte tenu de ce qu'il avait fait pour moi.

—Un homme que j'aimais énormément et qui a été tué juste avant le déraillement du train. Michael.

L'air désolé, Riley attrapa ma main et la serra très fort. Cela me permit de ne pas craquer. J'aurais ensuite voulu me confier à lui, et lui dire absolument tout ce qui me passait par la tête, mais ce fut impossible. Toute ma vie était comme un secret que je voulais garder.

Lui confier la mort de Michael était bien assez, tout simplement parce que je détestais le fait que l'on s'apitoie sur mon sort. Si j'avais des problèmes alors c'était à moi de les régler.

—Je suis désolé pour toi. J'ai l'impression que toute ta vie à bord du train a été un vrai cauchemar ?

—Tu es loin du compte. Comment je peux gérer une grossesse alors que c'est la fin du monde ? lui demandai-je peu encline à changer de sujet.

—Je ne suis pas le mieux placé pour donner des conseils.

—Je sais, mais je ne peux pas avoir ce bébé.

Réalisant ce que je venais de dire, je corrigeai tout de suite ma phrase.

—Je ne veux pas avoir ce bébé.

Aucun besoin de lui donner des explications quant à mon comportement. Avoir un bébé de Michael, malgré mon amour pour lui, me ferait plus souffrir qu'autre chose. Il me rappellerait sans cesse sa disparition. Je savais que c'était cruel à dire, mais c'était la vérité.

—Je ne peux malheureusement rien faire pour exaucer ton souhait.

—Je vais devoir donner la vie dans un monde hostile.

Apparemment, il n'y avait aucun choix possible.

—A moins que tu ne le perdes naturellement. On a déjà eu plusieurs fausses couches depuis que nous sommes ici. Pour le moment, il faut que tu te détendes. Je vais négocier avec Carlton pour que tu aies un peu de temps.

—Non, je ne préfère pas. Il va plus me créer d'ennuis qu'autre chose !

—Je suis ton médecin. C'est moi qui décide ! Et si tu as besoin de parler...

La phrase habituelle dans ce genre de cas...

—... Je suis là, acheva-t-il avant de m'annoncer qu'il devait partir.

—J'y penserai. Merci.

—Je viendrai te chercher pour le rassemblement demain. Je te fais amener à manger. Et on verra comment ça ira à ce moment... Ok ?

Ça m'allait tout à fait. Riley savait y faire pour enlever tout stress inutile. Je lui souhaitai donc une bonne nuit et il m'abandonna avec un sourire. Après cela, je ne fis que me morfondre toute seule, avec mes pensées les plus sombres. L'envie de retrouver Jason fut le seul moyen pour moi de me calmer et de me canaliser pour trouver le sommeil.

Le Dernier RemèdeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant