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Ça faisait peur à voir. Un regard noir, des muscles tremblants... Dans un mouvement de folie, il vida le contenu thérapeutique dans l'évier avant d'y lancer sauvagement la bouteille. Le fracas de celle-ci n'eut d'égale que sa furie naissante. Un homme en colère faisait plus peur que tout.

Je venais de baisser dans son estime et de dévoiler ma faiblesse. Il m'en voulait probablement à mort, ce qui paraissait normal compte tenu de la bêtise que je venais de faire. Désormais assise sur le bord du lit, que pouvais-je bien faire ? Ma tête tournait et si je me levais, alors je tomberais. Tout compte fait, j'avais été plus loin que ce que je voulais.

—Tu es enceinte ! Tu crois que c'est sympa ce que tu viens de faire alors que beaucoup d'entre nous se sont sacrifiés pour vous ramener dans le bunker ? Je t'ai dit que si tu avais besoin, je serais là. Pourquoi tu as décidé de descendre cette bouteille ? hurla-t-il fortement. Pourquoi ne m'as-tu pas appelé ?

Les téléphones existaient encore ?

Il criait si fort que je dus me boucher les oreilles pour atténuer le bruit. Peu après, celui-ci s'agenouilla devant moi, en quête de réponse. S'il n'arrêtait pas de crier, mes tympans lâcheraient.

Que dire hormis la vérité ?

—Alanah ! insista mon ami grandement déçu.

Son regard accrocha le mien. Il était bien le seul sur lequel je puisse compter. Celui que je venais tout juste de trahir. Il ne me pardonnerait jamais.

Tenir à quelqu'un finissait toujours par vous faire souffrir. Par vous meurtrir. Peut-être pouvais-je obtenir un minimum de bonheur sans en passer par là ?

—Réponds, bon sang ! grogna le jeune homme dont le poing se serra.

—Je n'ai pas envie d'en parler ! déclarai-je dans le brouillard.

Les effets de l'alcool allaient crescendo. Bientôt, je m'endormirais comme une masse.

—J'avais remarqué ! Tu es folle ou...

—Sans doute, le coupai-je. Mais c'est trop dur de continuer à vivre après... Je ne devrais plus être là... J'ai vu ma fin arriver... Je ne...

— Comme beaucoup d'autres, et pourtant tu es là ! Ce n'est pas une raison de picoler.

Il ne comprendrait pas mon allusion. Pour moi, c'était un très bon remède et je trouvais dommage que le reste de la bouteille soit passé dans l'évier. Quel gâchis !

—Je m'excuse de t'avoir froissé ! dis-je alors que je ne le pensais pas totalement.

Sous alcool, je détenais un don pour le mensonge !

—Tu ne t'excuses pas pour avoir bu ? s'étonna celui-ci un rictus aux coins des lèvres.

Je le regardais encore et encore, mes yeux se perdant dans les siens. Je les trouvais absolument magnifique, et je regrettais de ne pas y avoir fait attention avant. Ils m'hypnotisaient et je ne parvenais plus à m'en détacher. Avant que je ne m'en rende compte, nos visages ne furent plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre. Je sentis son souffle se répercuter sur mes lèvres. Cela m'excitait au point de me donner des frissons.

—Fais pas ça ! m'ordonna-t-il en vain.

J'étais pleinement consciente de mes actes si c'était ce qu'il désirait savoir. Il se rapprocha encore, et sa main explora subitement mes reins. Bien avant que je ne m'en aperçoive, mes lèvres attrapèrent les siennes et nous échangions un baiser langoureux. Mon désir augmenta sans cesse, et ma passion se fit plus dévorante.

En temps normal, j'aurais jugé cela mal convenu, or mon envie fut telle que je ne pus m'y soustraire. Riley également et ce, pour une raison qui resterait sans doute inconnue. Je ne perdis pas de temps en question inutiles et laissai faire les choses tel que le destin en avait décidé. J'étais incontrôlable et me pulsions le furent également.

Le Dernier RemèdeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant