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—Tu poses toujours autant de questions ? s'impatientait déjà son interlocuteur.

—C'est dans ma nature. Faudra t'y habituer, déclarai-je tranquillement. Je suis loin d'être silencieuse.

Je lui promis ensuite de me calmer dans la mesure du possible, sans pour autant le lui certifier. Il se détendit enfin, et me proposa de me conduire à la cafétéria avant que celle-ci ne soit prise d'assaut.

J'acceptai volontiers sa proposition, très contente de pouvoir enfin sortir de cette chambre. Un cocon à soi faisait du bien, mais respirer un autre air revigorait toujours plus. Il m'accompagna alors, allant à l'encontre de sa propre demande, celle de rester au lit. Ça faisait bizarre de tenir une conversation normale, avec quelqu'un que je connaissais à peine. Je trouvais aussi étrange de continuer ma vie sans Michael à mes côtés, comme ça avait été le cas ces cinq dernières années.

Je me sentis seule et il me manquait atrocement. Et cela n'échappa pas aux radars de Riley.

—ça va ? s'inquiéta le médecin prêt à faire demi-tour ?

Que dire ? Nous tournâmes à droite et continuâmes sur notre lancée. Ce bunker était en réalité un gigantesque labyrinthe dans lequel je ne me retrouverais jamais. Un dédale indestructible, en béton, sans aucune décoration.

—Alanah ? insista celui-ci inquiet.

— ça peut aller.

—Tu mens ! rétorqua-t-il aussitôt avec un soupçon de légèreté.

Il était capable de deviner cela d'après mes paroles maintenant ?

—C'est compliqué ! dis-je alors pour me débarrasser de lui.

—J'adore les histoires compliquées. Ça te fera du bien d'en parler, et ça nous permettrait de discuter jusqu'à ce que nous soyons arrivés.

Même sur son insistance, je ne me lancerais pas là-dedans. C'était beaucoup trop tôt. Il n'y avait qu'une chose qui me permettrait de ne pas penser à la mort de Michael. La disparition de Jason. Je devais le retrouver. Il ne pouvait pas être mort.

—Une autre fois, le suppliais-je toute motivation disparue.

—Ok.

Par chance, il ne fut pas du genre à s'imposer, ce qui me mit à l'aise.

Alors que nous avancions, une porte barra rapidement notre route, avant que Riley ne la déverrouille, à l'aide d'une carte magnétique. Était-ce vraiment nécessaire d'utiliser pareille technologie ? On ne pouvait donc pas se promener où on le souhaitait ? C'était pire qu'une prison en fait. Et poser cette question à Riley ne me valut qu'une seule réponse.

—C'est une aile interdite aux membres du groupe qui n'ont pas à y être.

—J'étais en quarantaine ou quoi ? m'offusquai-je.

Je finis par en rire tant la chose s'avérait absurde, mais à voir son air sérieux, je redescendis rapidement sur terre. Il ne déconnait pas ? On me prenait pour un virus sur patte ? J'étais dans un train. Je n'étais pas un bioterroriste.

—C'est plutôt un hôpital qu'une cellule de quarantaine, me répondit-il mal à l'aise. En fait, on veut éviter que des gens nous volent des médicaments.

Expliquer ainsi, cela parut tout à fait normal à mes yeux. Et le faire sortir de son silence s'avérait à chaque fois plus difficile... Lui qui souhaitait parler... Pourquoi ne daignait-il plus me répondre ?

A la place, il se contentait tout bonnement d'ouvrir la nouvelle porte, avec un sourire. D'ailleurs avant d'arriver à la cafétéria, nous passâmes par un grand hall où était rassemblé une cinquantaine de personnes. Parmi celles-ci aucun signe de Jason. Une preuve qu'il n'était peut-être plus en vie. Je refusais cependant d'abdiquer. Selon Riley, ils auraient trouvé très peu de survivants alors peut-être qu'ils n'étaient encore tous présent ? Peut-être que quelques-uns d'entre eux se trouvaient dans l'aile verrouillée ?

—Pas maintenant ! m'intima mon guide alors qu'une personne prenait la parole devant l'assemblée.

Plutôt petit avec une voix haut perchée, celui-ci la fit tout de suite penser à Shruger, bien qu'il ne lui ressemble aucunement sur le plan physique. En revanche, du côté comportemental, il lui égalait en tout point. Hautain, égoïste... Et plein d'autres.

—Bien j'ai entendu qu'il y avait eu un petit souci avec la reconstruction de la porte !

Un homme lui répondit aussitôt, mais de ma place, je ne pus entendre sa réponse.

Pourquoi les hommes cherchaient-ils toujours à obtenir le pouvoir ? Je me rendis compte que Shruger avait un tant soit peu raison au sujet de l'humanité. Elle ne changerait jamais, et chercherait la place qui lui offrirait la survie la plus longue, au détriment du reste.

—Bien... (ses yeux se tournèrent tout à coup vers nous) Oh ! Mais regardez qui nous honore de sa présence ! Riley ! Voilà des lustres que nous ne vous avions pas vu au rassemblement !

Aussitôt, la foule se sépara et chacun retourna vaquer à ses occupations. Me confronter à ce genre de type une seconde fois ne me disait rien qui vaille... Et aucun moyen de l'éviter, puisqu'il fonçait droit sur nous.

Le Dernier RemèdeDove le storie prendono vita. Scoprilo ora