Le Dernier Remède

.54.

Riley ouvrit la porte, aussi lentement qu'il n'était possible. Voulait-il faire durer le plaisir ? Moi, ça ne m'arrangeait pas, ou alors avais-je seulement peur ?

—Tu as la trouille ? me demanda-t-il en entrant en premier.

La lumière s'alluma soudain, et m'éblouit. Riley, lui, se contenta de vérifier toutes les lampes, comme s'il était normal de faire ça dans un endroit pareil, tandis que je restais immobile, paralysée par l'idée de devoir changer, entre guillemet, de vie.

—Alanah ? m'interpella sa voix calme et posée.

—Quoi ?

—Je sais que c'est difficile pour toi depuis quelque temps, mais si tu ne te motives pas à aller de l'avant, tu ne surmonteras jamais cet obstacle. Tu ne feras que te morfondre, encore et toujours.

Il attrapa gentiment mon bras, puis me tira doucement à l'intérieur. Je ne me laissai pas faire. Il avait beau être mon ami, la vérité dans ses paroles me blessa tout de même. Je refusais effectivement d'avancer et de tourner la page. Mon attitude exécrable devait sans aucun doute énerver plus d'une personne ici. Il fallait que je sois reconnaissante d'une chose que je n'ai pas demandée... que je me fasse aux exigences d'un homme qui se croyait au-dessus des autres.

—Tu es toutes blanche ! m'alerta Riley qui me sortit de ma rêverie.

Il valait sûrement mieux que j'aille m'allonger alors.

—Tu veux bien rester un peu ? lui demandai-je intimidée par le fait qu'il m'arrive quelque chose.

—Tu es sûre que ça va ?

Non, ça n'allait pas du tout. Le sol semblait se dérober sous mes pieds. Ce problème allait-il de pair avec les vertiges qui me prirent soudain de cours. Un malaise me guettait. Mes jambes tremblaient, et mes forces m'abandonnaient déjà.

—Alanah ? Dis-moi ce qui se passe !

Voyant que je ne répondais pas, Riley se précipita vers moi et m'attrapa au vol. De justesse, il évita que je me fracasse le crâne sur le béton, mais il n'empêcha pas le néant de m'absorber. Une obscurité totale, dans laquelle je ne trouvais aucune sortie. Que m'arrivait-il ?

—Alanah ? insistait pourtant une voix que je ne reconnaissais plus.

Apeurée, je me raccrochai à elle, et aux quelques souvenirs en ma possession. Il ne me restait plus grand-chose, mais tous ceux-ci étaient heureux. Ils me permirent donc de revenir à la réalité, après un long moment d'absence.

La langue pâteuse, les muscles endoloris, les yeux s'ouvrirent sur une pièce lumineuse, où un certain Riley faisait les cent pas, très inquiet.

—Hey ! bredouillai-je dans le but de le calmer.

Ses pauvres nerfs devaient en pâtir depuis un moment vu l'odeur de transpiration qui le suivait. Rassuré, il s'assied à mes côtés, pour ne plus me lâcher. Sa compagnie me permit de ne pas paniquer.

—Comment tu te sens ?

—Pas terrible. Qu'est-ce qui s'est passé ? demandai-je aussitôt après.

Riley hésita à me dire la vérité. Malgré mon insistance, il se refusait catégoriquement de me faire peur.

—On devrait attendre un peu !

—Parle !

Il avait appris quelque chose me concernant, et il pensait me le cacher ? Pourquoi ? Pour me ménager ? Je n'étais plus à ça près.

—Riley ! Dis-moi ce qui se passe ! insistai-je, décidée à connaître le fin mot de l'histoire.

J'essayai de me lever, mais il m'en empêcha d'une poigne féroce.

—Ce que j'ai à t'annoncer, n'est pas simple à entendre surtout par les temps qui court. Surtout pour toi !

Où voulait-il en venir ? Il me faisait peur. En fait, ça me terrorisait. Si ça n'avait pas été important ou grave, il me l'aurait déjà dit. Donc, c'était grave. J'en tremblais d'avance et mes larmes ne tardèrent pas à me monter au nez.

—Ce serait bien que tu me le dises, parce que je me sens de plus en plus mal à force de te voir faire cette tête.

Ses lèvre remuèrent, mais rien ne sortit. Il ne trouvait aucune bonne façon de le dire, mais sûrement en existait-il aucune ?

—Je suis malade ? tentai-je de deviner.

Il nia, toujours plongé dans son mutisme. De quoi s'agissait-il alors ?

—Riley, ce n'est pas franchement pas drôle ! m'énervai-je à bout de patience.

Dans mon état, ça ne devait pas être très conseillé.

—Tu es enceinte !