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L'alarme sonna, et me tira de mon sommeil. J'étais seule, au milieu d'une rame désormais inquiète. Les garçons avaient encore disparu. La dernière fois que ce signal avait été lancé, le nombre de perte avait été énorme. Shruger nous avait d'ailleurs jugé indigne de vivre ce jour-là.

Recommencerait-il cette fois-ci ? En fait, cela ne me disait rien qui vaille et je ne voulais pas revivre cette horreur. Pourtant, tout le monde y allait, et du coup, je me mis en marche, plus lentement que jamais, tout en cherchant les garçons du regard.

Par peur d'être tuée, mon cœur battit la chamade. Je suai par tous les pores. J'étais perdue, et je ne savais pas trop où j'allais.

Je crus la partie finie, quand tout à coup, une main agrippa la mienne. Elle était glacée, mais rassurante. Je n'eus pas besoin de me retourner pour comprendre de qui il s'agissait. A sa timidité, je devinai que c'était Michael.

Que dire dans de pareilles circonstances ? Rien. Personne ne parlait et la tension était à son comble. Tout le monde redoutait le pire.

Nous suivîmes donc le mouvement, le plus lentement possible de manière à rester derrière. Après une longue marche, nous arrivâmes dans le grand hall, comme la dernière fois. De ma place, je ne voyais pas les gardes, mais entendis parfaitement leurs ordres. Aussitôt après, la voix grinçante de Shruger s'éleva dans les airs.

Une voix à donner la chair de poule.

—La vie est faite de bonnes et de mauvaises choses. Je suis certain que vous pleurez la perte de vos proches. Mais vous l'avez mérité.

Mérité ? Comme tous les autres, nous avions le droit de vivre. Pourquoi construire une arche et le déclarer publiquement, si ce n'était pas pour sauver des vies. Il fallait arrêter tout cela... L'avant du train... Les riches... Les privilégiés, il fallait tous les calmer et leur montrer que l'argent ne faisait rien.

Mais comment arriver jusqu'à eux ? Comment les neutraliser et prendre le contrôle de l'arche ? Sans aucune arme, c'était peine perdue. De plus, nous crevions de faim. Le manque de force ne nous permettrait pas d'aller bien loin.

En réalité, nous serions morts avant d'avoir trouvé un plan d'attaque. Il ne restait plus qu'à voir comment se passerait cette petite réunion.

—Pour ce qui est des vivres, nous avons décidé autre chose. Vous aurez une ration par jour, pas une de plus. Compte tenu de votre surnombre, nous ne pouvons faire mieux.

—Foutaises ! marmonnai-je pour moi.

Malgré cela, j'étais contente d'entendre qu'il revenait sur sa décision. Serait-ce suffisant ? Nous serions bien loin d'un mode de vie optimale. Nous ne pourrions même pas combler notre manque. Il gardait probablement toute la nourriture pour eux.

—Nous allons donc vous distribuer la ration de la journée. Riche en protéines et fibres. Juste ce qu'il vous faut. Cela suffira pour de longues heures.

La plupart des passagers étaient heureux. J'étais plutôt sceptique. Les gardes braillèrent leurs ordres et nous forcèrent à nous mettre en file indienne. Un par un, les passagers récupérèrent leurs rations. A leur retour, tous, sans exception, passèrent à hauteur, et me laissèrent entrevoir celles-ci.

Il s'agissait d'une simple barre de céréales, ou du moins ce qui y ressemblait. Le tout s'accompagna d'une bouteille d'eau. Pas de quoi couper la faim. J'aurais aimé savoir de quoi elle était faite. Une question à laquelle personne ne sut répondre.

Quand vint mon tour, l'hésitation fut de rigueur. Devrais-je m'en contenter ? M'estimer heureuse de pouvoir me mettre quelque chose sous la dent ? Je n'en savais rien. Heureusement que Michael était à mes côtés, et surveillait mes moindres faits et gestes.

Tu vas bien ? me demanda-t-il après m'avoir touché l'épaule.

Je voulais éviter la question, mais il ne me laissa pas faire.

Je réfléchissais à un moyen de prendre le contrôle du train, avouai-je.

Une idée comme une autre. Mais plus j'y réfléchissais, plus je me disais que nous ne pourrions pas survivre sans ces tyrans qui contrôlaient le train. Si nous éliminions ceux qui fabriquaient la nourriture, nous en arriverions au même point. Et si j'en parlais aux garçons, ils se mettraient contre moi. Je m'étonnais que Michael ne m'ait pas parlé d'une confrontation avec son frère !

Perplexe, je l'interrogeai directement à ce sujet auquel il me répondit franchement.

—Tu devrais aller le voir, dis-je.

La prochaine fois, évites de t'en mêler, s'il te plait !

J'hochai simplement la tête, et il me raccompagna jusqu'à la couchette dans laquelle nous avions élus domicile.

Après cela, je ne le vis plus du tout.

Le Dernier RemèdeHikayelerin yaşadığı yer. Şimdi keşfedin