Le Dernier Remède

.12.

Je ne perdis pas un instant de plus. Apeurée et craignant pour ma vie, je décampai en vitesse vers l'arrière de la rame. Je mourrais d'envie de retrouver Jason et Michael, perdus depuis peu. Malheureusement pour moi, mes jambes faiblissaient au fil des minutes à cause de la faim et de la soif qui me tiraillaient. Arriverais-je jusqu'à eux ? La couchette ne devait plus être loin, en espérant qu'elle soit toujours disponible. Ou que je puisse la retrouver.

J'eus énormément de mal à me frayer un chemin parmi la foule déjà tendue. Personne ne se poussait lors de mon passage. Il fallait sans cesse que je force, m'attirant ainsi tous les mauvais regards. D'ailleurs, mon sens de l'observation, nulle à la base, ne m'aida pas à retrouver les garçons.

En revanche, la chance fut de mon côté, et me permit d'atteindre ma destination, tout à fait au hasard. Revoir Michael me combla de joie, et j'hésitai à le lui faire savoir. Je crus, par contre, voir l'ombre d'une parole sur ses lèvres. Sûrement un effet de mon imagination.

—Michael ? murmurai-je calmement. Tu n'imagines pas à quel point je suis contente de te voir.

Il me fixa, apeuré et bouche bée, mais son inquiétude disparut dès qu'il m'aperçut à son tour. Il n'en manquait plus qu'un.

Michael, bizarrement, s'intéressa à ma personne. Même si la vieille dame avait saigné sur moi, il y avait une autre tâche très suspecte, qui me concernait. J'étais blessée, et je ne l'avais même pas senti.

La douleur ne vint qu'après, une fois cette donnée prise en compte. La tête me tourna soudain, tandis que mes jambes lâchèrent sans crier gare. Michael m'attrapa par le bras, par réflexe, avant que je ne m'évanouisse, puis il m'accompagna jusqu'à la fameuse couchette où il me força à m'allonger.

Il n'attendit pas mon approbation pour soulever mon pull et m'ausculter. Une simple plaie superficielle, qui commettait tout de même des ravages. Malgré la douleur, j'avais la chance de ne plus être seule. En temps normal, j'aurais sans aucun doute hurlé. Et je n'aimais pas que l'on me touche ainsi.

—C'est plus moche que ça en a l'air, n'est-ce pas ? demandai-je alors au jeune homme, bien que cela s'avère inutile.

J'obtins un vague hochement de tête en guise de réponse. Un premier pas de géant en ce qui le concernait. Je n'en revenais pas. J'avais en quelque sorte gagné un combat et c'était assez pour aujourd'hui. Il fallait maintenant trouver Jason, et ce ne serait pas une mince à faire.