CHAPITRE TRENTE-NEUF

Depuis le début
                                    

— Je vais essayer de nous dégoter un canapé, suis-moi.

Je m'agrippe à la main qu'il me tend et nous fendons les invités qui s'esclaffent et dansent sur le fond musical jusqu'à arriver au salon. Évidemment, tous les fauteuils sont pris. Je soupire en balayant mon regard à travers la pièce pour chercher un coin où nous pourrions nous asseoir, sans rien trouver d'attrayant. Le sol est soit déjà pris par les pieds des convives ou mouillé d'alcool. Heureusement, Carter n'a pas froid aux yeux et avec quelques menaces douces, il arrive à faire partir un couple d'un petit canapé en cuir marron, nous dégottant ainsi un place de premier choix avec vue sur la piste de danse. Je le remercie en déposant un rapide baiser sur ses lèvres que j'aime tant.

Nous passons donc notre début de soirée assis sur le fauteuil incroyablement confortable. Nous échangeons des paroles brèves et le reste du temps, mon regard se perd sur les danseurs qui ont l'air d'énormément s'amuser. Être sobre n'est pas drôle quand on est à une fête. Je m'en rends compte aujourd'hui. Et on ne peut pas dire que je sois au meilleur de ma forme. La fin de l'année scolaire arrive à grand pas et ça me déprime. L'année prochaine va être tellement différente sans les garçons et surtout sans Carter. Je sais que je devrais profiter du moment présent tant qu'il est toujours avec moi mais c'est au dessus de mes forces. Rien que de penser que nous allons être séparés pendant plus d'un an, ma gorge se serre et je sens les larmes me brûler les yeux.

Quand minuit sonne, annonçant officiellement l'anniversaire de Jérémy avec l'arrivée tant attendue de ses dix-huit ans, tout le monde crie en cœur un « joyeux anniversaire » et nos gobelets finissent par terre après que nous les ayons lancés en l'air. L'euphorie et la joie laissent place à la déprime qui s'était immiscée en moi quand avec Carter nous rejoignons la foule qui s'est agglutiné autour de Jérémy. Rosalyn lui chuchote quelque chose à l'oreille pendant que les invités se précipitent sur lui et lui donnent des tapes amicales dans le dos. Elle profite de l'agitation subite pour s'éclipser vers la cuisine où je suis certaine qu'elle doit donner des directives pour le gâteau qu'elle a commandé en douce dimanche dernier. Elle revient dans la salle quelques minutes plus tard, un micro en mains et elle se fraie tant bien que mal un passage vers une table plaquée contre un mur. Alors qu'Apolline nous rejoint Carter et moi, Rosalyn monte sur l'estrade improvisée.

Un raclement de gorge intensifié par son micro nous fait tous taire et d'un seul et même mouvement, nous nous tournons dans sa direction. Elle est assez à l'aise en public mais face à toute cette soudaine attention, je vois ses joues se colorer sous les lumières blafardes de l'appartement. Elle inspire un grand coup et se lance dans un discours très émouvant retraçant son histoire d'amour avec Jérémy. Si elle n'avait pas ajouté une touche d'humour à ses paroles, elle nous aurait probablement tous faits verser une larmes tellement les mots qu'elle utilisait étaient touchants.

— ... Je peux vous dire qu'être la petite amie de Jérémy n'est pas de tout repos. Il n'y a pas plus adorable et attentionné que lui mais il est également indéniablement magnifique. Je dois être constamment vigilante parce qu'il attire les filles à dix kilomètres à la ronde. Mais pour lui je serais prête à repousser toutes les femmes de la terre entière parce que je suis raide dingue de lui, même avec ses défauts. Alors, Jér', joyeux anniversaire. Je t'aime.

A peine Rosalyn a-t-elle le temps de terminer sa phrase que son petit ami est déjà devant elle et leurs bouches sont déjà plaquées l'une sur l'autre dans un baiser passionné. Ils sont vraiment mignons ensemble. Pourtant à la base, je ne pensais pas que c'était le genre de couple qui durait dans le temps. Jérémy est trop charmeur pour ça. Mais je dois avouer que je me suis trompée, leur relation est plus que fusionnelle et ils s'aiment d'un amour fou, ça crève les yeux. Même si je suis heureuse pour eux, je ne peux m'empêcher d'éprouver une pointe de jalousie à leur égard car quand je me pose la question qui me torture depuis plusieurs semaines : « Aurai-je la chance de vivre la même histoire d'amour durable avec Carter ? », ma conscience ne cesse de me répéter la même chose. Le non qui s'impose dans mon esprit me fait peur, me fait mal parce que je sais que je suis en train de m'attacher à lui, lui mettant les clés de mon cœur entre les mains. Il lui suffirait d'une phrase, d'un dérapage pour me détruire et ça me tue de ne pas être maîtresse de mes sentiments.

DES NUITS PLUS CLAIRES QUE TOUS VOS JOURS [IS HE A BAD BOY ?]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant