CHAPITRE VINGT-NEUF

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Quelques instants plus tard, Apolline me rejoint en bout de terrasse et sa main douce vient se poser sur mon épaule en signe de soutien. Même à travers le tissu de ma chemise immaculée - dans la précipitation j'ai laissé mon blazer à l'intérieur de la cabane, ce que je regrette maintenant au vu de la fraîcheur de la soirée -, je sens la chaleur émaner de sa peau lisse. Une aura de bienveillance m'enveloppe grâce à la proximité de mon amie. Je me sens instantanément mieux.

- Cassandra, il se passe quoi exactement ? me demande-t-elle en me forçant à me tourner de profil pour la regarder.

- Il se passe que Carter est un connard.

Elle me regarde avec perplexité. Elle semble aussi perdue que moi. Si je n'avais pas été encore énervée, je crois que j'aurais ri tellement son expression désorientée est amusante à voir.

- Mais je croyais que tu l'aimais !

- L'aimer ? je m'étrangle presque. Pour l'aimer, il faudrait déjà qu'il y ait quelque chose à aimer en lui.

Mes paroles sont aussi dures que le regard de Carter quand nous avons quitté la cabane. Apolline a un mouvement de recul avant de se reprendre. Je dois vraiment faire peur. J'ai tendance à vite perdre patience et généralement quand je suis énervée, je peux devenir très impulsive et faire et dire des choses blessantes.

- Tu parles sous le coup de la colère, tu ne le penses pas.

Même si je ne l'avouerai pas, je sais au fond de moi qu'elle a probablement raison. En ce moment même, je ne fais pas preuve de lucidité. Et elle est là pour me le rappeler.

Prenant mon silence pour une protestation, elle ouvre grand ses yeux caramel et hausse ses épaules en faisant un grand mouvement de bras.

- Vous vous êtes embrassés quand même, ce n'est pas rien ! Et puis tu n'es pas du genre à embrasser le premier venu, tu as dû réfléchir et le faire parce que tu ressentais quelque chose pour lui !

- Pas du tout ! Il m'a prise de court, je n'ai rien pu faire !

- Cassie, est-ce que tu es en train d'essayer de me convaincre ou est-ce que tu essaies de te mentir à toi-même ? Parce que je t'ai vue après ce baiser, et tu avais l'air étrangement heureuse pour quelqu'un qui a été « forcée », souligne-t-elle en mettant des guillemets sur le dernier mot.

- Peut-être bien qu'à ce moment là je ressentais quelque chose, concédé-je en soupirant. Mais c'est parti aussi vite que c'est arrivé.

Apolline roule des yeux en soupirant à son tour. Elle me connaît trop bien, elle sait que c'est à cause de ma fierté que je ne veux pas voir la réalité en face. Le problème avec Carter, c'est qu'il a un égo surdimensionné et que je déteste aller soudoyer les gens pour avoir des réponses. Nous sommes donc pris dans une boucle sans fin.

- Il s'est passé quelque chose entre vous depuis ce jour où il t'a embrassée ? s'enquiert-elle pour essayer de comprendre le comportement de l'insondable Carter. Il paraît encore plus distant que la première fois qu'il t'a rencontrée.

- Justement non, j'ai beau chercher, je ne vois pas ce que j'aurais pu faire pour l'amener à être aussi indifférent et méchant avec moi.

En repensant à l'ignorance et les propos méprisants qu'ils m'a tenus, les larmes montent à mes yeux. Peut-être qu'au fond Rachel avait raison : ce n'est qu'un sale type qui voulait juste un baiser pour s'amuser. Je me suis faite avoir par ses paroles, je suis trop naïve. Il a profité de ma faiblesse pour me blesser.

- Et tu es touchée parce que tu l'aimes, ajoute Apolline en me regardant avec des yeux attendris.

- Non, je ne l'aime pas. Je le hais.

DES NUITS PLUS CLAIRES QUE TOUS VOS JOURS [IS HE A BAD BOY ?]Where stories live. Discover now