CHAPITRE VINGT-NEUF

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- Pourquoi ? Carter est à l'écart lui aussi, souligne habilement Jérémy.

Cédric lève les yeux au ciel et soupire bruyamment en alternant son regard entre Jérémy et Rosalyn et Carter et sa cigarette. Il est de plus en plus énervé et pourtant ce n'est pas dans ses habitudes. Il garde toujours son calme, peu importe la situation.

- Et Carter va éteindre sa putain de cigarette et ramener ses fesses ici tout de suite, poursuit Cédric. Le tout bien entendu en arrêtant de faire la gueule.

L'intéressé grogne en passant sa main dans sa chevelure brune pour se donner une contenance. Le regard glacial de son meilleur ami le dissuade d'émettre la moindre protestation. Il se rapproche donc à contre cœur de nous, sa cigarette toujours à la bouche. Il aime trop la nicotine pour en gaspiller une goutte, il la fumera jusqu'à la dernière braise allumée. L'histoire de me provoquer, il décide de s'asseoir au milieu de notre cercle, bien en face de moi. Et sa tactique fonctionne du tonnerre. Je me sens bouillir de l'intérieur face à son impassibilité. Bon sang, à quoi joue-t-il ? Il m'embrasse, il est prévenant avec moi et tout d'un coup il redevient le Carter froid et sans sentiments qu'il était il y a quelques mois. Je ne comprends plus rien.

Ne supportant plus de sentir la fumée de son joint monter à mon nez, je craque la première. Il sait très bien que s'il y a bien une odeur que je ne supporte pas, c'est celle-là. Il le sait et il le fait exprès pour me provoquer.

- Carter, tu peux éteindre ta cigarette s'il te plaît ? je lui demande posément.

Son regard empli de dureté et de mépris se pose sur moi et il me fixe quelques secondes avant de répondre sèchement à ma demande par une autre question. On ne lui a jamais appris qu'on ne répondait pas à une question par une autre ?

- Pourquoi je ferais ça ?

- Parce que je te le demande.

Il semble réfléchir en prenant un petit air supérieur qui m'insupporte.

- Non, décrète-t-il finalement.

Sa réponse ferme et cassante coupe court à toutes les discussions qui ont commencé et son « non » résonne dans toute la cabane, semblant se perdre dans les pièces dans un écho dur et lointain. Mes poings se ferment en même temps que ma peau rougit de colère. J'ai très envie de lui sauter à la gorge pour lui hurler toute l'amertume que je lui porte et qui me bouffe de l'intérieur. Apolline qui est assise juste à côté de moi remarque tout de suite ma crispation et pose sa main sur la mienne pour me calmer. Voyant que ça ne fonctionne pas et que je suis en train de tuer Carter avec mon regard noir, elle me désigne la terrasse de la cabane pour me faire comprendre qu'il vaut mieux qu'on sorte un instant. J'acquiesce et toujours sans quitter Carter du regard, nous nous levons et nous nous dirigeons vers la porte improvisée qui nous mène sur la terrasse de la cabane.

- On va juste prendre l'air, on revient, indique Apolline en passant le rideau qui sépare l'intérieur de la cabane de l'extérieur.

- Prenez votre temps, sourit Cédric comme s'il n'attendait qu'un chose depuis le début de la soirée : qu'on parte.

Je n'attends pas d'entendre si quelqu'un ajoute quelque chose, je me précipite vers la barrière en grosse ficelle qui créé une sécurité. Les talons compensés de mes chaussures claquent contre les planches de bois vernies à chaque pas. Je prends soin de m'éloigner au maximum de la pièce dans laquelle sont tous les autres afin d'avoir un peu d'intimité pour craquer. Je ne veux pas lui montrer que son comportement me touche, sinon ce serait lui montrer qu'il a gagné.

Dès que mes mains entrent en contact avec la grosse corde rugueuse, je la serre le plus fort possible pour extérioriser la haine qui brûle en moi. Mes ongles vont se planter entre les fils blancs de l'attache en même temps que je prends de grandes inspirations en fermant mes paupières pour tenter de me calmer. Une fois que ma respiration est à peu près revenue à la normale, je rouvre mes yeux et je les laisse se perdre dans l'immensité de la forêt. Promener mon regard entre les arbres sous le soleil couchant me permet de me tempérer.

DES NUITS PLUS CLAIRES QUE TOUS VOS JOURS [IS HE A BAD BOY ?]Where stories live. Discover now