Chapitre 47

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Maëlys

Depuis l'annonce de Meera, la salle commune n'était plus que chaos. La peur s'était emparé des autres sujets. J'avais demandé à Guillaume de garder la porte pour s'assurer que personne ne partirait dans un élan de panique. Le protocole noir avait été enclenché, cela voulait dire que toutes les chambres allaient être purgées avec du CO2 et que si qui que ce soit s'y rendait, il risquait de mourir.

Certes la mort par intoxication par CO2 était réputée être la mort la plus douce. C'était celle qu'ils avaient utilisé il y a une centaine d'années pour tuer tous les pénitenciers car il n'y avait plus assez de nourriture pour les nourrir. Mais tout de même, je ne le souhaitais à personne, et surtout pas aux autres sujets qui avaient vécu les mêmes choses que moi, si ce n'est pire.

Mais bon, vu l'état de panique actuel, il n'était pas envisageable de leur en rajouter une couche. Je décidais donc je garder cette information pour moi.

Un nouveau message retentit alors dans nos têtes :

Unités L01, L02, L03, L04 et L06, allez défendre l'entrée principale. N'oubliez pas, vous devez vous battre en limitant les pertes humaines et reculer graduellement dans la cité pour laisser l'ennemi entrer.

Mon ventre fit un bon. L'ennemi entrait dans la base. Ils entraient par l'entrée principale, certes, donc ils étaient à l'autre bout de la cité par rapport à nous, mais il n'empêche que la bataille commençait officiellement. Et d'un coup je saisis la finalité du plan : ils allaient détruire la cité au complet.

Aylan n'allait probablement pas tarder à nous donner nos ordres, et même si nous ne sommes clairement pas des soldats, nous aurons probablement un rôle à jouer. Il fallait que mes collègues soient prêts.

— Écoutez-moi, essayais-je de crier depuis le haut de la table basse.

Mais personne ne m'écoutait.

— Écoutez-moi, essayais-je une seconde fois mais ma voix était couverte par le brouhaha.

Je pris alors la première chose qui était à portée de main, qui se trouvait être un pichet d'eau en ferraille et le balançait contre le mur. Le fracas attira enfin l'attention de mon audience.

— Nous devons nous préparer, affirmais-je de la voix la plus ferme que je pus. Vous avez entendu Dark Crow, nous allons retrouver notre liberté. Mais avant cela, nous devons vaincre l'ennemi.

Une vague de murmure s'éleva dans la salle et je levais les mains pour calmer la foule. Certains étaient déterminés à prendre leur chance, mais encore trop d'entre eux étaient apeurés.

— Ni vous, ni moi ne sommes des soldats. Mais nous avons survécu à bien pire déjà ! Nous avons appliqué chaque semaine des crèmes, pommades et autres cosmétiques au propriétés douteuses sur notre corps sans broncher. Nous avons subi de multiples tests, parfois jusqu'aux portes de la mort. Nous avons subi des opérations à répétitions et ce même sans notre consentement. Et tout cela sans rien en retour ! Nous n'avons pas le droit de sortir du département de la recherche, ne serait-ce que pour aller dans le jardin. Nous n'avons pas le droit de manger de choses trop sucrées ou trop salées, pas de snack, pas de soda. Nous n'avons pas le droit d'interagir avec le monde extérieur.

Toutes les paires d'yeux tournées vers moi semblaient plus perplexes qu'autre chose et ça me mit hors de moi :

— Ils ont pris notre liberté, l'on bâillonnée et enfermée hors de notre portée. Quand nous étions jeunes, nous avons tous vécu dans la ville, certes nous craignions le virus, mais nous étions libres de discuter sur les réseaux sociaux, de regarder ce qu'on voulait, de lire ce qu'on voulait, de faire du sport. Ici, nous sommes des esclaves ! De me dites pas que vous ne voulez pas retrouver votre liberté ? Ne rêvez-vous pas d'un bon chocolat chaud bien sucré avec des donuts ou n'importe quelle sucrerie ? Ne rêvez-vous pas de pouvoir reparler à votre famille ? Ne rêvez-vous pas tout simplement de respirer à nouveau de l'air pur de dehors ? Sentir le soleil réchauffer votre peau ?

Les PriméensWhere stories live. Discover now