Chapitre 9 [réécrit]

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Aylan

Entrainer Maëlys Le Corre se révélait être une sacrée épreuve de patience. Elle contestait chaque exercice, demandant sans relâche pourquoi celui-ci et à quoi ça servait. Elle posait trop de questions. Mais il fallait que je reste dans les bonnes grâces de Meera Primaria, donc je n'avais pas le choix. Même si le plus dur était passé, c'est-à-dire le test ADN sur lequel je n'avais aucun contrôle, je ne devais pas non plus me reposer sur mes lauriers. Certes, j'avais de l'avance par rapport aux néophytes issus de non-porteurs, mais les autres héritiers semblaient être des rivaux de qualité. Et nous savions tous que les places dans la légion étaient limitées.

Rien n'était acquis.

— Tu as l'air perdu dans tes pensées, Primarius, remarqua Joris assis dans le fauteuil face à moi dans notre salle de repos.

Héritier de la lignée Primarii, il était l'un des rivaux qui m'inquiétait le plus. Joris avait l'air aussi compétent que moi en combat, et avait fini premier à l'épreuve d'endurance où moi, j'avais fini avant-dernier devant Maëlys. Certes, ça avait été intentionnel, mais ça, personne ne le savait. Du coup, c'était lui le favori maintenant.

Je tournais inconsciemment mon regard vers Maëlys, qui se tenait toujours à l'écart, seule.

— Tu t'inquiètes pour la NP ? s'étonna Thomas à côté de moi.

NP, non-porteur ou non-porteuse en abrégé. Je voyais que Thomas s'habituait vite aux expressions de la cité.

— Elle est Priméenne, rétorquais-je, comme nous tous.

— Oh ça va, c'est juste un surnom. Regarde, elle n'ose toujours pas enlever son masque !

Comment, lui, de tous les candidats, pouvait-il se permettre de se moquer d'elle ? Thomas était issu de non-porteurs, lui-même, et j'avais même entendu dire que son père avait été exilé. Une remarque acerbe me brûlait la langue, mais Joris intervint :

— Ça démontre juste que Maëlys est quelqu'un de prudent. C'est pas en se moquant d'elle qu'elle va venir s'intégrer au groupe.

Je hochais la tête. Il était mon principal rival, mais il semblait lui aussi avoir un bon fond.

— Elle viendra quand elle sera prête, elle a juste besoin de temps pour s'ajuster, affirmais-je. On ferait mieux d'aller au cours de combat.

Nous nous levâmes tous les trois pour nous diriger vers le quartier de l'arène. Nous étions les derniers de notre groupe, avec Maëlys qui fit mine de nous suivre à distance respectueuse.

La salle de repos des néophytes était attenante à notre dortoir et regroupait le groupe de Meera Primaria, le nôtre, et celui d'Éric, le légionnaire. Elle se trouvait donc parfaitement entre les départements de l'arène et de la légion, le groupe d'Eric s'entrainant à la légion et le nôtre à l'arène.

Parfois, j'étais un peu jaloux des autres qui allaient et venaient vers la légion, et puis je me rappelais que notre groupe était entrainé par la légendaire Dark Crow, c'était quand même beaucoup plus la classe.

Comme les départements ne communiquaient que par le rez-de-chaussée, nous dûmes descendre dans le hall d'entrée circulaire où la statue de mon ancêtre trônait en maître de la cité, puis alors que nous allions tourner à gauche pour nous rendre en direction de l'ouest, je crus voir un mouvement dans les escaliers derrière nous.

Je ralentis alors intentionnellement, feignant de m'attarder dans la contemplation d'Angela Primarius tandis que les deux autres néophytes continuaient leur chemin. L'originelle était tournée vers l'entrée, prête à accueillir les néophytes chaque année, l'unité d'élite lorsqu'elle rentrait de mission dans la zone et l'unité de protection lorsqu'elle rentrait de la ville.

Les PriméensWhere stories live. Discover now