Chapitre 10

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Meera

Les trois semaines d'évaluation touchaient bientôt à leur fin ce qui voulait dire que j'allais enfin être débarrassée de mes petits poussins. Le jour de la répartition était proche et je n'étais pas certaine de gagner la compétition contre Eric. Bien sûr, je voulais sauver le plus de mes poussins possibles de la recherche, mais cela me semblait compromis.

Assise à l'établit de mon atelier personnel attenant à mon salon, j'améliorais Bella. J'avais enfin réussi à me procurer du titane et je l'avais remoulé dans la fonderie au sous-sol pour l'intégrer à ma lame préférée. Alors que je m'affairais sur mon occupation, je jetais un autre œil à ma tablette. Les petits d'Eric n'avait pas des mauvaises notes aux tests d'aptitude, mais ils ne brillaient pas non plus. Les miens par contre... J'en avais des très bon, comme Joris Primarii, et j'en avais qui étaient très à la traine... comme Maëlys Le Corre.

Mes lèvres se pincèrent. J'aurais pourtant aimé la sauver de la recherche mais... sa note au premier test d'aptitude la plombait trop. Elle était arrivée dernière et elle n'était pas douée en combat, elle avait tout à apprendre. Quant à Aylan Primarius, je sais pertinemment qu'il serait une addition parfaite aux légionnaires mais qu'est-ce qu'il avait été stupide de rester avec Le Corre lors du premier test ! Il va falloir que je me sépare d'un des deux, je ne vais pas avoir le choix.

Ou alors, il faudra négocier avec Carole.

Je soupirais, autant négocier avec un pitbull ayant aperçu un morceau de viande frais.

Chaque année, la recherche récoltait la moitié des recrues pour... pour leurs choses. Je ne préfère pas savoir quoi en particulier. Peut-être que cette année avec un peu de chance ils voudront des recrues endurantes même s'ils veulent toujours les plus immunisés ou les plus régénérants d'habitude...

Vous n'y croyez pas ? Moi non plus.

Je me massais les tempes. Si seulement je pouvais sauver Le Corre, ce serait une petite victoire pour la gent féminine déjà si peu présente chez les Priméens, mais encore plus en dehors de la recherche.

Verrouillant la tablette, je sortais de mon atelier, traversais mon salon tout de blanc contrastant avec mes vêtements toujours noirs et sortais de mes appartements. L'inconvénient d'avoir l'un des penta house de la cité était que j'étais vraiment loin de tous les endroits clés : cantine, salles d'entrainements, quartier des recrues et alors tellement loin du département de la recherche. J'avais beau ne jamais niaiser lorsque je marchais, il me fallait bien dix minutes entières pour atteindre mes recrues et vingt pour atteindre le département de la recherche.

Je récupérais mes poussins chez eux et les guidais jusqu'à leur dernier test d'aptitude : le test de guérison. Comme d'habitude, Carole était là et les répartissait dans les différentes salles de torture. Littéralement. Je ne pouvais m'empêcher de frissonner en voyant les scalpels, torches et autres joyeusetés à travers les vitres. Ça me rappelait trop de choses dont je ne voulais pas me souvenir.

Lorsque tous mes gamins furent prêts pour leur test, je m'assurai de rester proche de la salle de Le Corre au cas où elle nous fasse encore une crise de panique. J'interpellais Carole lorsqu'elle passa devant moi.

— Alors, tu vas encore réclamer la moitié d'entre eux cette année ?

C'était une demi-question. Une pointe d'espoir stupide plutôt. La recherche prenait toujours la moitié des recrues, il n'y avait pas de raison que cela change cette année.

Carole soupira.

— Tu sais que je fais de mon mieux pour que leur vie soit décente, mais je ne peux pas révolutionner le système à moi toute seul, dit-elle en mettant les mains dans sa blouse blanche et en s'approchant de moi.

Les PriméensWhere stories live. Discover now