Chapitre 45

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Maëlys

Aller Maëlys, tu peux le faire.

Ça devenait presque un mantra à force de me le répéter.

Dès qu'Aylan avait disparu au bout du couloir, j'avais pris les choses en main. La peur au ventre, certes, mais je me forçais à avoir l'air de savoir ce que je faisais. Ça avait l'air de fonctionner car le dénommé Jean que je venais de rencontrer me suivait docilement. Pourtant, je n'avais absolument aucune idée de ce que j'allais faire.

Mes pieds me menèrent tous seuls à travers le département, heureusement qu'ils savaient où ils allaient contrairement à mon cerveau encore un peu embrumé. À première vue, les quartiers résidentiels de la recherche semblaient vides, mais me doutait que tout le monde se terrait dans son lit.

J'entrais dans la première chambre, et me ruait vers le lit superposé pour appuyer sur le bouton et ouvrir le cocon sans ménagement. Une fille que je ne connaissais pas se mit en boule et me regarda avec des grands yeux bruns écarquillés.

— Il faut qu'on s'en aille, criais-je presque, viens !

Mais elle ne bougeait pas et me fixait de son air ébahit. Je réalisais qu'elle avait peur.

— Je ne vais pas te faire de mal, mais nous devons y aller.

— Mais... où ? murmura-t-elle de sa petite voix tremblante.

Leur dire que nous allions fuir le bâtiment où ils ont vécu presque toute leur vie n'était peut-être pas la meilleure solution pour les faire sortir de leur tanière.

Ok, allons-y par étape.

— Tu veux bien aller dans la salle commune ? Il va y avoir une annonce importante.

Je lui laissais le temps de se lever lentement. J'avais l'impression qu'elle avait mon âge, mais peut-être que cela faisait des années qu'elle était ici. C'était dur de savoir comme les Priméens ne vieillissait que très peu.

— Les docteurs nous ont dit de rester dans nos chambres et de ne sortir sous aucun prétexte.

Je me pinçais les lèvres et ma réponse fut un peu plus amère que je ne l'aurais voulu :

— Les chercheurs nous ont abandonnés, à partir de maintenant on se débrouille sans eux.

Elle parut encore plus effrayée qu'elle ne l'était déjà à cette idée alors qu'elle aurait dû être soulagée : plus d'opérations, plus de tests, plus de dimanche cosmétique !

— Tu as une colocataire ? demandais-je.

Elle détourna le regard et secoua la tête.

Elle avait une colocataire, devinais-je.

Je me pris à penser à Lou, comment aurait-elle réagit dans cette situation ? M'aurait-elle suivi les yeux fermés ou aurait-elle été aussi méfiante ? Mon cœur se serra mais je n'avais pas le temps de m'appesantir sur des souvenirs.

J'envoyais la fille en direction de la salle commune pour pouvoir m'atteler à la chambre suivante et ordonnais à Jean de faire de même. Si on se séparait on irait plus vite. A peine entrée dans la chambre voisine, je retrouvais face au garçon qui trainait souvent dans la salle commune. Celui qui était ami avec Lou d'ailleurs. Comment s'appelait-il déjà ?

— Ce n'est pas poli d'entrer sans frapper, dit-il tranquillement allongé dans son lit face à une rediffusion de match de gladiateur.

Guillaume, il s'appelait Guillaume. Ça me revenait maintenant, Lou parlait souvent de lui comme un des plus anciens priméens de recherche. C'était lui qui organisait les paris sur les tests cosmétiques tous les dimanches et qui faisait toujours du trafique de sucreries.

Les PriméensWhere stories live. Discover now