Chapitre 33

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Maëlys

Roulée en boule dans mon lit, je regardais sans vraiment le voir le livre qui trainait au milieu de la chambre. Après un temps indéfinissable, mon regard déviait vers la table. Dessus trônait ma dose quotidienne de médicament. Je n'avais pas envie de les prendre, mais je savais que si je ne les avalais pas j'allais encore me gratter jusqu'au sang. L'inconvénient, c'est qu'ils me donnaient la nausée.

Mon rein était en train de repousser, j'en avais l'intime conviction. Et cela n'augurait rien de bon. Déjà deux opérations. Combien de fois pourront-ils me l'enlever avant qu'il ne repousse plus ? Et si c'était infini ?

Cette pensée me glaçait le sang.

Non cela ne pouvait pas être infini, déjà cette fois la cicatrisation se passait moins bien : les nausées empiraient et je commençais à avoir des douleurs dans le bas du dos.

Je me rendais compte que je me grattais sans même y avoir fait attention lorsque cela commençait à me brûler. Un soupir m'échappait et je me levais sans grande conviction pour avaler ces satanés comprimés.

Alors que je m'apprêtais à me servir un verre d'eau, un légionnaire entrait. Ce n'était pas Thomas cette fois. Non pas que j'appréciais Thomas, mais celui qui était devant moi à cet instant ne me disait rien qui vaille, je ne le connaissais pas.

— Sujet 0671 tu es attendue en salle d'opération.

— Pour quelle opération ? tentais-je de dire d'une voix assurée qui ressemblait plutôt au couinement d'une souris.

— Aucune idée. Suis-moi.

Il tournait les talons mais je ne bougeais pas. Le légionnaire revint alors sur ses pas avec un air agacé.

— Dois-je te porter ?

— Je ne veux plus me faire opérer, déclarais-je.

— Ça n'est pas mon problème. Tu pourras en parler aux chercheurs dans la salle.

— Je ne veux pas y aller, affirmais-je le cœur battant à tout rompre.

C'était la première fois de ma vie que je désobéissais. Je n'avais jamais été aussi terrifiée et sûre de moi à la fois.

Mais le légionnaire n'en eut cure et m'attrapait par le bras. Il me traina dans le couloir alors que je tentais désespérément d'échapper à sa poigne de fer.

Nous sortîmes des dortoirs des Priméens et entrâmes dans les locaux de recherche à proprement parler. Il n'y avait rien à faire, sa grande main était comme soudée à mon poignet. Freiner des quatre fers ne servait à rien non plus.

Lorsque l'entrée menant aux blocs opératoires se dessina, je me mis à paniquer. Je le griffais, me laissais tomber à terre si bien qu'il me trainait littéralement.

— Non ! criais-je plusieurs fois.

Des larmes me montaient aux yeux et un haut le cœur me secoua. J'allais vomir et pleurer en même temps. Quel magnifique combo.

Finalement, sentant le désespoir m'envahir, je le mordais de toute mes forces. Il lâcha enfin prise et je parti à toutes jambes en sens inverse. Un goût de fer me prit à la gorge tandis que je crachais le sang qui était entré dans ma bouche.

Mais je n'eu même pas le temps de tourner au bout du couloir que je me faisais plaquer à terre. Ma tête heurtait le sol de plein fouet, m'arrachant une grimace alors que ma vision se brouillait une fraction de seconde.

Le légionnaire me releva de force alors que je chancelais.

— Écoute moi bien petite, me chuchotait-il à l'oreille. Ne t'avise plus jamais de jouer à la plus maline avec moi.

Les PriméensWhere stories live. Discover now